Xavier Donnay: "C’est une fierté de défendre son pays"
Nous avons retrouvé l'ancien coach du RCS Brainois, devenu coach national chez les dames
- Publié le 06-09-2018 à 10h57
- Mis à jour le 06-09-2018 à 11h08
Nous avons retrouvé l'ancien coach du RCS Brainois, devenu coach national chez les dames
C’est au lendemain d’une défaite face à Boifsort, en octobre 2013, que Xavier Donnay a été démis de ses fonctions d’entraîneur du RCS Brainois. Depuis, il a effectué un virage à 180 degrés dans sa carrière, quittant le monde du football masculin pour rejoindre son pendant féminin, où il a pris la direction de l’équipe nationale U15, qu’il combine depuis deux ans avec le poste d’entraîneur principal des U19 dames.
Xavier Donnay, quel a été votre parcours depuis votre départ de Braine ?
"Mon départ de Braine a coïncidé avec mon arrivée au poste d’entraîneur de l’équipe nationale féminine U15. Il s’agissait de ma toute première expérience dans le football féminin avec une fonction que j’occupe toujours et qui m’a permis de voir grandir des joueuses qui font désormais partie de la sélection des Red Flames. Entre-temps, je suis devenu assistant de l’équipe U19 pour en prendre la direction il y a deux ans, une sélection que nous voulons emmener au championnat d’Europe en fin de saison. Cela fait donc six ans que j’occupe un poste d’entraîneur national, c’est une grande fierté de pouvoir défendre son pays dans des compétitions internationales. Je suis également fier de faire partie des dix coachs nationaux, d’autant que je n’ai pas réalisé une carrière de joueur professionnel, contrairement à Roberto Martinez, Walem ou Sonck."
Comment avez-vous vécu la transition d’entraîneur provincial à coach national ?
"C’est un tout autre contexte que ce que j’ai vécu dans le football provincial. C’est également un autre boulot puisque l’on ne travaille pas au quotidien avec les joueuses, mais plutôt par périodes. La préparation des matches et des stages est totalement différente. Mais coach national, c’est une facette intéressante du métier d’entraîneur, qui procure beaucoup de fierté, permet de beaucoup voyager et d’affronter des grandes nations. Tout cela compense ce petit manque du terrain quotidien, que je retrouvais avec ma fonction d’entraîneur d’une équipe provinciale."
Pas trop difficile de passer du football masculin au football féminin ?
"L’approche est un peu différente, surtout au niveau du contact humain. Après, si physiquement les filles ne peuvent naturellement pas rivaliser avec les garçons, elles sont au même niveau techniquement et tactiquement. Je dirais même que, tactiquement, les filles sont plus avancées car elles sont plus studieuses et plus à l’écoute, ce qui leur permet de développer plus vite leur intelligence de jeu. D’ailleurs, beaucoup d’entraîneurs réticents à l’idée de coacher des filles ne veulent plus retourner chez les garçons après avoir tenté l’expérience."
Viré à 5.000 km de chez lui
Avant de vivre cette belle aventure avec les sélections nationales féminines, Xavier Donnay était l’entraîneur du RCS Brainois, où il a été limogé en octobre 2013. “Comme tout entraîneur, c’est toujours douloureux de se faire limoger. À l’époque, les résultats n’étaient pas là, et si je peux comprendre la décision de la direction, je regrette la manière dont cela a été fait. On m’a fait part de cette décision lorsque j’étais à l’étranger, à 5.000 km de là, pour une mission professionnelle. Je pense que cela a manqué de galanterie et de respect, mais je ne garde aucune rancœur.”
Même si, pour finir, ce fut un mal pour un bien puisque cela lui a permis de se diriger vers la sélection nationale. “Avec le recul, c’est la meilleure chose qui pouvait m’arriver, même si cette opportunité se serait peut-être présentée tout de même.”
Le football provincial, Xavier Donnay ne lui ferme pas la porte. “J’adorais l’adrénaline que dégage le métier d’entraîneur provincial. C’est quelque chose qui me plaisait et que je referai peut-être dans le futur. Je sais que, dans les sélections nationales, il faut parfois renouveler les cadres et je devrai peut-être un jour laisser ma place. Ce jour-là, je me remettrai à la recherche d’un club, peu importe le niveau.”
“Les joueuses sont des athlètes à part entière”
Depuis quelques années maintenant, le football féminin est en plein boom en Belgique Il y a quelques années, le football féminin n’en était qu’à ses balbutiements. Aujourd’hui, il est en pleine expansion. Une évolution que Xavier Donnay a pu vivre de l’intérieur. “Je suis arrivé à la bonne période, en pleine explosion du football féminin. Et la victoire des Red Flames mardi est une nouvelle étape franchie pour notre sport. Si elles parviennent à franchir la dernière étape et à se qualifier pour la Coupe du Monde qui aura lieu en France l’année prochaine, ce serait un boost incroyable pour le football féminin.” Une situation qui paraissait pratiquement inimaginable il y a six ans. “Quand je suis arrivé il y a six ans, il était difficile de gagner un match. Aujourd’hui, avec les U15, on bat chaque année l’Angleterre, l’un des grands pays européens. Ça veut dire qu’il y a beaucoup de talent dans notre pays et que notre football féminin se développe très bien et très vite.”
Au fil des années, le football féminin a trouvé son public. De plus en plus de clubs créent une section féminine et l’engouement est souvent au rendez-vous. “Il y a un grand engouement car l’image du football féminin a évolué. Aujourd’hui, les joueuses de l’équipe nationale sont des athlètes à part entière, avec une hygiène de vie à l’image des professionnels. Une perception que l’on retrouve également dans les catégories inférieures où les filles s’entraînent plus sérieusement. Cette image positive du football féminin a également un impact dans les plus petits clubs, où les parents n’hésitent désormais plus à inscrire leur fille dans un club de football. Et comme les filles commencent à jouer plus tôt, les résultats de nos équipes seniors ne vont que s’améliorer.”
Un impact qui se traduit directement dans les chiffres. “Nous sommes en progression constante en termes d’affiliations. Le football est le sport collectif n° 1 chez les garçons en Wallonie et il ne serait pas étonnant de voir le football occuper cette même première place chez les filles dans quelques années. D’importants moyens sont mis en œuvre par la fédération pour poursuivre cette belle évolution.”