Comines : Il frappait son fils à coups de bâton parce qu’il mettait trop de beurre sur sa tartine
Le prévenu a aussi malmené pendant quatre ans la femme qui partageait sa vie et dont il est séparé.
- Publié le 16-04-2024 à 13h02
Les voisins, excédés et inquiets d’entendre des appels au secours, avaient fini par donner l’alerte le 10 mars 2022. Jean (prénom d’emprunt), 50 ans, est poursuivi pour avoir frappé sa compagne à plusieurs reprises à Comines entre 2018 et 2022. Ils ne sont plus ensemble.
Jean a plusieurs enfants, dont un fils qu’il frappait aussi régulièrement. Il est en aveu pour l’ensemble des faits. "Je suis désolé. Parfois, ça partait d’une petite discussion. Mais ça n’arrivera plus", a-t-il dit timidement.
La présidente lui a reparlé des photos de sa compagne dans le dossier. "Elle a subi un calvaire pendant quatre ans et votre fils pendant deux ans." Le prévenu avait expliqué que quand il rentrait du travail, sa compagne lui disait que son fils avait fait des bêtises. Alors, Jean lui donnait des coups de bâton sur les mains. Lors d’une audition, il avait déclaré que son fils se cachait parfois "pour manger trop sucré."
A l’audience, Jean a indiqué qu’il avait pris conscience des faits. "Vous avez surtout compris que vous risquiez les ennuis judiciaires", lui a asséné la présidente.
Dans ce dossier, c’est aussi le contexte culturel qui a été mis en avant. L’avocate tutrice ad hoc du jeune garçon a souligné que ces fameux coups de bâton, le prévenu les avait en quelque sorte importés lors de son arrivée en Belgique en 2017 car dans son pays, cette pratique fait ou plutôt faisait partie de l’éducation.
"Mon client avait des cicatrices partout sur le corps, pas seulement au niveau des mains. Il en avait aussi sur le dos et les jambes. Il recevait des coups de ceinture aussi, tout ça pour avoir mis trop de beurre sur sa tartine. Un bâton de bois de 60 centimètres de long trônait sur le frigo. Si ça faisait partie de l’éducation, ça causait aussi des blessures. Mon client a même eu une plaie ouverte. Maintenant, ces pratiques n’ont plus lieu d’être et ce jeune homme n’agira pas à son tour comme ça s’il a des enfants, c’est certain."
La partie civile a parlé d’un jeune sensible et très poli, bien inséré et qui n’a pas envie d’enfoncer son papa. "Nous ne réclamons que l’euro symbolique."
La compagne frappée chaque semaine
L’avocate de la compagne a décrit le cauchemar que vivait sa cliente. "La dénonciation par les voisins a été une délivrance pour elle. Dès qu’elle ne faisait pas ce que monsieur voulait, il la frappait. Ça arrivait chaque semaine."
Le procureur ne s’est pas acharné. "Votre comportement a été inadmissible, même si vous n’avez pas voulu agir par cruauté. Demandez-vous simplement ce que vous pouvez changer pour votre fils. Je requiers un an avec un sursis probatoire pour gérer votre violence."
La défense a sollicité le sursis simple ou probatoire. "Mon client voulait donner une éducation à son fils alors que c’est lui-même qui en manquait. Il a mis du temps à comprendre. Même s’il s’exprime maladroitement, il est en aveux."
Le prévenu a exprimé des regrets. La situation semble aujourd’hui apaisée. Jugement le 13 mai.