CometSambre Obourg souffle à la publication des résultats du biomonitoring : “il est désormais temps d’identifier la vraie cause de ces pollutions”
Le groupe industriel se défend d’être responsable et annonce que l’eau souterraine pompée sur le site présente une teneur existante en PFAS : c’est donc la nappe phréatique qui est polluée.
- Publié le 24-04-2024 à 17h03
À ce stade, le lien de cause à effet n’est pas établi. Les résultats du biomonitoring mené auprès d’adolescents voisins des sept broyeurs à métaux wallons, dont celui de CometSambre à Obourg, ont été communiqués. Il en ressort que des dépassements de valeur de risque pour la santé sont observés pour plusieurs substances.
À Obourg, les adolescents recrutés montrent une imprégnation en PFHxS plus élevée que la population générale d’adolescents wallons. Par contre, concernant les autres polluants recherchés, notamment les PFAS et PCBs, les concentrations sont comparables, parfois légèrement inférieures ou légèrement supérieures (c’est le cas pour quelques métaux dans les urines, notamment le plomb “malgré le respect des normes par l’ensemble des broyeurs wallons”) à la moyenne.
Pour CometSambre, en partie pointée du doigt comme responsable, les résultats de ce biomonitoring sont positifs. “On salue leur diffusion car ils permettent de se faire une idée de la situation”, souligne Jérôme Hardy au nom du groupe. “Ils nous ont permis de souffler un grand ouf de soulagement car les PCB qui étaient recherchés n’ont pas été trouvés.”
Quant aux autres matières, le groupe industriel entend apporter de nouveaux éléments. Concernant les PFAS, il rappelle que depuis 2021, la surveillance de ces molécules dans ses rejets d’eaux usées industrielles dans la Haine a été intégrée et qu’elles se trouvaient toujours dans la fourchette basse des normes imposées.
”Depuis la diffusion d’une émission télévisée en novembre 2023, mettant en cause ses activités comme source possible de la présence de PFAS dans les œufs de poules alentour, CometSambre a souhaité vérifier ces affirmations. Or il apparaît que, selon les études menées par le laboratoire Euraceta, l’eau souterraine pompée par CometSambre via un puit présente une teneur existante en PFAS de près de 700 nanogrammes par litre – en ce compris le PFHxS. C’est donc au niveau de la nappe phréatique que la pollution est à identifier.”
Ce PFAS est en effet absent des jauges Owen placées autour de l’entreprise. “Les causes et les origines de cette contamination se trouvent donc ailleurs et doivent être identifiées. Des investigations sont en cours par l’ISSeP et le SPW”, nous précise encore le porte-parole, qui rappelle qu’il est primordial, dans ce dossier, de distinguer les notions d’eaux potables et d’eaux industrielles et dont l’impact pour les citoyens.
”Le biomonitoring fait par ailleurs état de présences de plomb et d’arsenic dans certains des résultats. Comme ailleurs dans le secteur traitant des métaux, le plomb est strictement suivi par la médecine du travail active chez CometSambre depuis plusieurs décennies et sous contrôle pour l’ensemble des travailleurs.”
Et à ce jour, aucun scandale sanitaire interne n’a éclaboussé l’entreprise. “Il faut souligner que le plomb récolté dans les sacs d’aspirateur est présent dans des teneurs plus importantes plus on s’éloigne du site de CometSambre. Quant à l’arsenic, il est étranger au secteur de CometSambre et pourrait provenir de produits alimentaires tels que l’eau, le riz, les céréales.” Pour Cometsambre, il est désormais temps de chercher des réponses “ailleurs.”
”On comprend l’émotion qui entoure le dossier, on a du respect pour les riverains dont les analyses sont moins bonnes mais il faut cesser de tenir notre entreprise comme responsable de tout. Nous avons démontré que nous étions prêts à investir et à continuer à lutter contre le rejet de PFAS mais il est temps d’inverser la dynamique et de traiter le problème à la source – c’est-à-dire dans les eaux souterraines pompées dans les nappes -, sans nous tenir responsables de toutes les pollutions identifiées dans la région.”
Ce mercredi, le groupe nous annonçait son intention de convoquer son comité d’accompagnement, composé entre autres de représentants de la ville de Mons et de riverains, afin de débriefer les résultats du biomonitoring, et de continuer à travailler de concert avec la Région wallonne pour “dépassionner le débat” autour des broyeurs à métaux tout en s’assurant que les choses bougent.