Affaire judiciaire, retournements de situation et trahison : que se passe-t-il à Grâce-Hollogne ?
Toujours sans majorité communale, un scénario invraisemblable s'est écrit dans la commune liégeoise.
- Publié le 05-04-2019 à 14h11
- Mis à jour le 05-04-2019 à 17h26
Toujours sans majorité communale, un scénario invraisemblable s'est écrit dans la commune liégeoise.
Si les créateurs de la célèbre série "House of Cards" sont en panne d'inspiration, on leur conseille vivement de se déplacer à Grâce-Hollogne ! Une situation politique aussi invraisemblable que déplorable s'y est installée depuis les élections communales du mois d'octobre dernier. La commune liégeoise n'a toujours pas de nouvelle majorité entérinée pour cette législature. Retour sur un scénario hors du commun qui donnerait presque des idées à Netflix.
Un déchirement... interne au PS
Affaire judiciaire, retournements de situation et trahisons: le cocktail est détonnant à Grâce-Hollogne. Revenons aux sources du conflit. Manuel Dony se présente en tant que tête de liste du PS le 14 octobre dernier. Le bourgmestre (empêché) sortant, Maurice Mottard (67 ans), s'est officiellement positionné à la dernière place pour pousser la liste du PS. Le dimanche soir, le couperet tombe: Mottard a récolté le plus de voix et... compte bien gouverner sa commune en position de bourgmestre. Les socialistes se divisent en deux clans: les pro-Dony et les pro-Mottard avec... 8 élus pour les derniers cités et 7 pour les autres. Dans, ce qui s'apparente finalement à une guerre de succession, le député wallon invente une majorité alternative de 15 sièges avec le MR, Ecolo et le rcGH (CDH). Alors que, rappelons-le, le groupe PS a obtenu la majorité absolue dans les urnes (15/27). Le MR conquiert 3 sièges, 5 pour le PTB, 3 pour Ecolo et 1 pour le rcGH.
Laurent Ponthir (MR), est ensuite rattrapé par une affaire judiciaire à la fin du mois de janvier. L'élu libéral, condamné à 6 ans d’inéligibilité pour abus de confiance sur une dame âgée, est exclu du MR. Maurice Mottard enterre la trop courte majorité (qui aurait été de 14 sièges sur 27). Tout est à refaire car Ponthir refuse de démissionner et siège donc en tant qu'indépendant, du moins jusqu'au jugement en appel de son procès.
Désistements en pagaille
C'était sans compter sur l'autre grand gagnant des dernières élections, le PTB. Très vite, Serge Stassart (un des 5 élus du parti d'extrême gauche), renonce à occuper son siège de conseiller communal. Et, c'est là que l'histoire se complique. Comme le PTB n'avait pas inscrit de suppléant, le précieux strapontin revient à un socialiste, un "doniste" qui plus est.Ce qui fait 8 élus "mottardistes" contre 8 "donistes". Une fameuse épine dans le pied de Mottard car sans une majorité dans son propre groupe, aucun pacte de majorité ne peut être signé. Le 31 janvier, la section liégeoise du PS tente le tout pour le tout afin de rabibocher les deux clans. La proposition sur la table est balayée par Dony, la jugeant beaucoup trop défavorable pour lui et les siens. Au même moment, Dony a porté plainte pour dépassement des dépenses électorales de son rival. La commission du Parlement wallon l’a déclarée non fondée.
Vous avez tout suivi ? Ce n'est pas fini. Début mars, Céline Dolsek (PTB) perd son siège de conseillère communale faute d'avoir pu prouver qu'elle était bien domiciliée dans l'ancienne cité industrielle. Elle laisse sa place à... Agnès Calande qui appartient au rcGH. De facto, la majorité Mottard-MR-Ecolo-rcGH est renforcée avec un élu supplémentaire. C'était sans compter sur la dernière manœuvre du clan "Mottard". Agnès Calande se désiste et laisse sa place à un socialiste "mottardiste," clé Imperiali oblige.
Dony devant le Conseil d'Etat
Cette défection actée lors du dernier conseil communal fait grimper à 17 le nombres d'élus socialistes, avec 9 "pro-Mottard" et 8 "pro-Dony". La coalition PS Mottard-MR-Ecolo-rcGH du haut de ses 15 sièges sur 27 et de sa majorité en interne au PS peut, à cette heure-ci, voir le jour. Maurice Mottard sera donc bourgmestre, tandis qu’Angela Quaranta occupera le poste de Première échevine. Salvatore Falcione d'Ecolo sera échevin, tandis que la présidence du CPAS reviendra Sandra Belhocine (MR). Quant au rcGH, la tête de liste Vinciane Pirmolin obtient le poste de présidente du conseil communal.
Cette configuration aurait été trop belle pour être officiellement actée. Manuel Dony a porté plainte au Conseil d'Etat. Quelque chose nous dit que ce jeu de dominos politiques est loin d'être fini.