Que va devenir le stade du Pays de Charleroi au centre-ville après le déménagement du Sporting dans son nouveau stade? On a demandé au Bouwmeester
La réponse courte est : “On ne sait pas encore”. La réponse longue : “Mais voici comment on va faire pour le décider.” Éléments de réponse et pistes.
- Publié le 19-04-2024 à 05h00
Depuis que le Sporting de Charleroi (RCSC) a annoncé la construction d’un nouveau stade à Marchienne-au-Pont, la question est sur toutes les lèvres : que va devenir le Mambourg, l’actuel stade du Pays de Charleroi, après 2027. Située en plein centre-ville, l’enceinte emblématique du foot carolo est toujours utilisable, même si les normes pour l’accueil de certains matches ne sont plus rencontrées et que le bâtiment aurait besoin de rénovations. Le stade restera-t-il debout ? Sera-t-il détruit ? Deviendra-t-il autre chose ? On tente d’y répondre avec Georgios Maïllis, bouwmeester (maître architecte) de Charleroi.
La réponse courte est : “on ne sait pas encore.” Parce qu’un masterplan sur l’ensemble de la zone va être lancé, et que pendant les prochains mois, la Ville de Charleroi, la cellule Bouwmeester et l’intercommunale Igretec se pencheront avec un bureau d'études sur l’avenir du “cadran nord-est” du centre-ville, dans le périmètre du rond-point du Marsupilami, l’espace Zoé Drion, les parcs Astrid et Depelsenaire, le Palais de Justice, la Caserne Trésignies, la tour de police et les alentours. “C’est en arrêtant le masterplan qu’on va décider ce que deviendra le stade, c’est là qu’on va réfléchir aux options pour son futur”, affirme Georgios Maïllis. “Personnellement, je pense que ce stade a l'avantage d'exister, que l’infrastructure a des qualités, et qu'il y a un intérêt à avoir une +fonction sportive+ dans le centre-ville... qui plus est à proximité du campus et des kots étudiants qui vont se développer! Je ne pense donc pas qu’on puisse se dire facilement : il faut l’évacuer. Mais il faudra peser le pour et le contre de chaque possibilité, aujourd’hui personne ne pourra répondre à la question. C’est le bureau d’études qui réalisera le masterplan qui devra donner des pistes.”
Ce masterplan, insiste le bouwmeester, n’aura pas pour objet central la question du stade : “L’important, c’est de voir comment va fonctionner le cadran nord-est dans sa globalité, et comment il va se connecter au reste du territoire. Il y a de nombreux bâtiments, des espaces verts, un boulevard urbain avec le métro qui passe en dessous, des quartiers densément peuplés, etc. Notre rôle en tant que ville, et le mien avec le cabinet du bourgmestre, c’est de donner les grandes lignes et de se poser les bonnes questions : avec la vision portée par Paul Magnette, on sait qu’on veut davantage d’espaces verts et qu’il faut mailler ces espaces verts pour que la Ville ne soit pas qu’un bloc de béton. Parce qu’il faut davantage de porosité des sols (pour les eaux de pluie), davantage de biodiversité, des zones ombragées pour lutter contre la montée des températures, et que les espaces verts sont meilleurs pour les humains que quatre murs de béton. On sait aussi qu’il faut que le centre-ville ait de nombreuses fonctions métropolitaines : habitat, commerces, bureaux, espaces verts, espaces publics, espaces sportifs, musées, sièges sociaux des entreprises publiques et privées, etc. Un masterplan, c’est réfléchir à tout cela, avec une vision politique de ce qu’on veut pour la ville de Charleroi. C'est un guide pour les années à venir, un outil d’aide à la décision : quand il y aura des travaux à faire, des projets publics ou privés à accompagner, ce guide permettra de répondre et fixera les priorités.”
Pour Georgios Maïllis, savoir où on veut aller nécessite aussi de savoir d’où on vient : “Il faut donc comprendre l’histoire de cette zone, ce cadran nord-est. On est pile en dehors de l’ancienne forteresse : c’est pour cela que quand elle a été démantelée, on a eu soudain des grands espaces et qu’ont pu se développer l’UT, la caserne, les parcs, etc. alors qu’à côté, à l’intérieur de l’ancienne forteresse, c’est beaucoup plus densément peuplé. Et pour réfléchir à demain, il faut que la réflexion fasse aussi sens au niveau territorial, avec ce qui existe et ce qu'il y a autour de la zone." Une image pour conclure: "Toutes ces informations, ce sont les ingrédients. Et avec ces ingrédients on préparera ensuite le plat, avec le bureau d’études qui sera désigné. Ce plat, c’est le masterplan qu’on pourra alors présenter. Et il devra répondre à la question du futur du stade, mais aussi de l’îlot Drion et du reste... et de comment tout cela, ensemble, doit faire sens.”