PS, Ecolo et Les Engagés échangent sur les enjeux des élections européennes à Charleroi: on refait le débat
Trois candidats locaux aux Européennes se sont retrouvés à Notre Maison pour un café politique autour des enjeux des élections du 9 juin. Si vous l'avez manqué, on vous résume les échanges et les positions.
- Publié le 18-04-2024 à 16h44
- Mis à jour le 18-04-2024 à 16h47
À sept semaines des élections du 9 juin, l’Europe ne semble avoir jamais été aussi éloignée des préoccupations des Carolos alors qu’elle est partout autour d’eux: projets de rénovation urbaine, investissements en mobilité et en transports, aménagement du campus de Charleroi, amélioration de bâtiments et de services (crèches, infrastructures sportives, etc.), rien de cela n’aurait été possible sans l’aide des fonds européens, qu’ils soient de cohésion, de développement régional ou de relance. Beaucoup de législations, de règles sont aussi définies par l’Europe.
Pour en parler, trois candidats locaux aux profils très différents ont accepté de confronter leurs idées et leurs programmes politiques dans le cadre d’une rencontre-débat à Notre Maison, à Charleroi. Tony Demonte, le doyen, a occupé les fonctions de secrétaire adjoint de la centrale nationale des employés (CNE), c’est lui qui avait mené le combat contre Ryanair pour améliorer les conditions salariales et le statut de ses travailleurs. Il est quatrième suppléant sur la liste Écolo. À la même place que le jeune échevin du Tourisme et des Finances de Charleroi Maxime Hardy sur la liste PS. Le premier n’a jamais participé activement à un scrutin, le second en sera à sa troisième expérience en juin. Enfin, Mathieu Perin qui est bourgmestre des Bons Villers, joue les experts de service: c’est un spécialiste des dossiers européens qu’il a suivi en sa qualité de chef de cabinet d’anciens ministres cdH. Il avait déjà été candidat à la Région et aux fédérales, jamais encore à l’Europe où sa position de premier suppléant lui ouvre de vraies perspectives d’être élu.
Au-delà des constats, des positions qui varient
Si les trois se retrouvent sur une série de constats, les positions varient entre dogmatisme et pragmatisme. Les postures politiques manquent parfois aussi de cohérence, et c’est normal. On n’adopte pas la même posture selon que l’on siège en majorité ou dans l’opposition, même avec un pied dans l’une et le second dans l’autre à différents niveaux de pouvoir. Quand les intérêts divergent entre le national et la cohabitation à 26 pays, la cohérence n’est pas non plus au rendez-vous.
Pour Maxime Hardy, il est primordial d’éclairer mieux les gens sur le rôle de l’Europe et ses grands enjeux. Comme le maintien de la paix, insiste Mathieu Perin. "Pour la première fois depuis 70 ans, on a le sentiment que la guerre pourrait revenir, elle est là en Ukraine à la porte de l’Europe", s’inquiète-t-il, en abondant: "Il faut donc mieux coordonner la défense, chercher les convergences dans nos systèmes d’armement militaire, par exemple. Le coût du manque de coordination est énorme. Un organisme l’a chiffré à 28 milliards par an !"
Tony Demonte redoute une montée de l’extrême droite. La menace est réelle. "Il ne faut pas la nourrir avec les thématiques qui font son populisme", observe-t-il à propos de l’adoption du pacte migratoire au parlement européen. "Écolo l’a rejeté, en l’estimant insuffisant. Parmi les nombreux griefs, ce plan n’interdit pas la détention des familles avec enfants dans des centres fermés (NdlR: comme il est prévu d’en construire un à Jumet)." Mais dans le même temps, remarque Mathieu Perin, "Le gouvernement fédéral n’a rien inscrit là-dessus dans son accord de législature, et pourtant les Verts participent à la Vivaldi."
Pour Maxime Hardy, cette élection à laquelle les jeunes sont conviés à partir de 16 ans représente une opportunité de les intéresser au débat politique, de faire naître des envies voire des vocations. "Certains de ces débats les touchent au plus près: la lutte contre le réchauffement climatique, notamment."
Mobiliser mais aussi informer les électeurs de 16 ans
Un travail d’éducation à la citoyenneté est indispensable, renchérit Tony Demonte. Mathieu Perin dit s’y employer dans les nombreux débats auxquels il participe. Il insiste sur l’un des éléments qui différencie le plus son parti Les Engagés par rapport aux deux autres, le PS et Écolo: "Nous avons refusé tous les accords commerciaux de libre-échange qui ont été soumis au vote des eurodéputés parce qu’ils n’intégraient pas de clauses miroir", lance-t-il, en insistant aussitôt: "Ce ne fut pas le cas du PS, des Verts ni bien sûr du MR. "
On l’a compris: rien n’est simple en politique. Tout est même extrêmement compliqué. Construire l’Europe sociale ? Atteindre la neutralité carbone en 2050 ? Améliorer le système de santé et le niveau des pensions ? Arrêter une norme budgétaire pour encadrer les dépenses publiques et les investissements ? Tout le monde est d’accord. Mais les chemins pour y arriver divergent…