"Il y a 15 jours, c’est simple : vous étiez dans le déni" : Olivier Maroy charge Philippe Henry dans le dossier du carrefour Léonard
Le député wallon Olivier Maroy (MR) attaque le ministre Henry : "Les automobilistes wallons apprécieront la manière dont vous les avez défendus".
- Publié le 24-04-2024 à 09h01
Quinze jours après s’être agacé du manque de réactions du ministre Philippe Henry (Écolo) en séance plénière du parlement wallon, le député Olivier Maroy (MR) revenait à la charge, en commission, à propos des travaux au carrefour Léonard, des embouteillages qu’ils provoquent, et surtout donc de l’absence de réactions fortes en provenance de Wallonie.
”Après être resté muet pendant de trop longs jours, vous avez fait enfin entendre votre voix, reconnaissait Olivier Maroy dans sa question au ministre Henry. Pour cela, il aura fallu que je vous interpelle de manière un peu musclée, je le reconnais, il y a 15 jours. Mieux vaut tard que jamais, veut l’adage. Sans doute. Mais je dois dire que je ne comprends vraiment pas l’attitude qui a été la vôtre dans ce dossier. Il y a 15 jours, c’est simple : vous étiez dans le déni en affirmant que ces travaux étaient commandés par la Région flamande, qu’ils étaient sans doute nécessaire et que, je ne caricature même pas, vous ne pouviez rien faire.”
Des travaux qui ne se passent pas comme prévu
Le ministre wallon de la Mobilité, Philippe Henry, a rappelé que le chantier ne se passe pas comme prévu par la Région flamande. Les murs latéraux et les dalles au sol du tunnel sous le carrefour Léonard nécessitent une intervention plus conséquente qu’imaginée. Ce qui a des répercussions sur le trafic en surface puisqu’une fermeture de l’accès à Bruxelles dans les deux sens doit être opérée “pendant plusieurs mois”.
“Je n’avais pas connaissance de ces éléments quand vous m’avez interpellé la dernière fois, a répondu le ministre Henry au député Maroy. Dès l’annonce tardive de ces nouveaux travaux et de leur impact aggravé, je me suis étonné de l’absence de concertation avec les acteurs concernés.”
"La ministre Peeters s'est montrée inflexible"
Une conférence interministérielle s'est tenue le 15 avril, à la demande des régions bruxelloise et wallonne. "J'y ai réitéré nos demandes, à savoir la suspension des travaux de la nouvelle phase de chantier, le temps de mettre en place de manière concertée des itinéraires de déviation et des mesures d'accompagnement. J'ai rappelé la responsabilité de la Région flamande de mettre en place un tel plan de mobilité. La ministre Peeters (Open-VLD) s'est montré inflexible, refusant un report plus long que deux jours."
Le ministre Henry est également revenu sur les informations fournies par la Région flamande avant le chantier : “Un collaborateur de la Sofico a été informé d’un planning des travaux par un simple mail. Mais ça restait un mail assez vague qui comportait des erreurs de date, qui n’a pas fait l’objet d’un complément d’informations, et surtout ne mentionnait aucun élément de signalisation et de déviations, et n’invitait à aucune concertation. Il n’était pas présumable que la Flandre allait supprimer des bretelles sans prévoir d’itinéraires de déviation. Ce qui est pourtant sa responsabilité et son obligation”.
"Pas de question, pas de protestation, juste un merci"
Olivier Maroy n’a pas la même lecture du mail en question : “Que peut-on lire dans ce mail ? “N’hésitez pas à nous contacter si vous avez des questions supplémentaires ou si vous constatez des conflits”. Ils insistent. Ils tendent presque la perche. Mais quelle a été la réaction wallonne ? “Je vous remercie pour ces informations”. Pas de question, pas de protestation, pas la moindre remarque. Et vous savez combien de temps il a fallu pour envoyer cette réponse musclée et argumentée ? Dix jours. On se pince devant une telle nonchalance et un tel manque de réactivité. Les dizaines de milliers d’automobilistes wallons qui rongent leur volant chaque jour dans les bouchons provoqués par ce chantier apprécieront la manière avec laquelle votre administration et vous-même les avez défendus”, a reproché le député Maroy au ministre Henry.
Quelles solutions de secours ?
Pour soulager la pression sur le carrefour Léonard, la Région wallonne travaille en urgence sur des moyens de diriger les navetteurs vers d’autres moyens de transport, a expliqué le ministre wallon de la Mobilité, Philippe Henry (Écolo).
Parmi ces pistes, la mise en place de messages variables mobiles à différents endroits. Il y a un accord de principe pour que ces panneaux dynamiques soient financés par la Flandre.
Le renforcement «éventuel» de la ligne TEC express entre Walibi et Herrmann-Debroux est aussi à l’étude : «Elle pourrait être prolongée jusqu’à la gare de Wavre et être exploitée toute la journée».
Une communication «intensive» faisant la promotion des parkings P + R et en particulier celui de Louvain-la-Neuve devrait aussi être lancée. La SNCB n’envisage pas de baisser ses prix pour ce parking, les jugeant déjà très bas.
Le ministre Henry a aussi évoqué, sans plus de détails, le renforcement des lignes de bus et de trains sur l’axe Nivelles-Charleroi-Bruxelles. «L’éventuelle implémentation de ces mesures nécessite évidemment plus que les deux jours de rabiot que nous avons pu obtenir (de la Région flamande), prévient le ministre Henry. Je regrette qu’une suspension plus longue n’ait pas eu lieu. Le travail en urgence complique les choses et ne permet pas des solutions instantanées.»
Le député wallon Olivier Maroy (MR) aurait préféré que le ministre gomme le mot "éventuel" de sa liste et demande donc que ces pistes soient concrétisées.