Le marché du quartier retrouve sa forme initiale à Saint-Josse après des échanges tendus en conseil, “ce sera un marché pour tous, du bas prix au bio”
Lancé en octobre par Émir Kir, raboté en novembre par les socialistes et les écologistes, le bourgmestre obtient gain de cause dans le dossier (polarisant) du marché du quartier nord.
- Publié le 17-04-2024 à 21h57
La vie de bourgmestre est bien des choses. 24 heures après avoir été ciblé par le gotha de l’extrême droite européenne, Emir Kir est désormais aux prises avec les écologistes de Saint-Josse sur le marché du quartier nord. Ce second dossier semble retenir une attention capitale pour le bourgmestre mais aussi pour l’opposition qui avait modifié, à l’aide d’une majorité alternative composée d’Ecolo et des socialistes, le projet initial. Pour les citoyens, aussi, qui se sont déplacés en nombre au conseil communal ce mercredi soir avec calicots et une pétition de 700 signatures en faveur du bourgmestre.
Petit rappel des faits. Début octobre, Émir Kir annonce la mise en place d’un marché dans le quartier nord. Un mois plus tard, à l’aide d’une majorité alternative, écologistes et socialistes modifient le projet. Le marché dans sa forme initiale avait alors eu lieu deux fois. Il lui était reproché d’installer de la concurrence déloyale avec la rue de Brabant, de bloquer la circulation, de mettre en vente des articles étrangers et low-cost ou encore de s’organiser à un créneau horaire peu opportun. “Des années de travail balayées d’un revers de la main par Écolo et certains socialistes”, accuse alors le bourgmestre qui avait inscrit ce marché dans la déclaration de politique générale depuis 2018 “à la demande des habitants” et dans le contrat de rénovation urbaine de 2019 “avec les demandes d’études”.
”Aucune envie de négocier”
Emir Kir a donc déposé ce mercredi soir un nouveau règlement concernant le marché sur la table du conseil communal où il a depuis retrouvé une majorité stable. “Je n’ai aucune intention de négocier avec eux (les écologistes et les socialistes, NdlR), on a une vision trop différente”, appuyait-il en préambule du conseil. “Ce sera un marché pour tous, du bas prix au bio, c’est un lieu où l’on se rencontre, où l’on veut offrir de la convivialité.”
Pour consolider ses arguments, Emir Kir a commandé une étude pour étudier les sujets critiqués. Celle-ci a permis d’amener quelques ajustements sur la première mouture dessinée par l’ancien socialiste. La circulation ne sera plus bloquée, par exemple, le périmètre sera légèrement réduit en englobant la place Saint-Lazare, le square Victoria Regina, la rue de Brabant, le passage Charles Rogier et le tunnel Place du Nord. Il exhume également les chiffres de hub.brussels, subsidiant le projet, recensant 10 000 passages pour les deux premières éditions du marché (avant sa modification, donc).
Le PS obtient “des garanties”
Dans le conseil communal ce mercredi soir, sous la tension d’une foule vivace, les échanges se sont tendus. Élodie Cornez (Écolo) accusait d’avoir mené ce dossier “unilatérale, confrontante, en un mot polarisante”, et d’épingler ces qualificatifs à la politique générale du bourgmestre. “Nous souhaitons la présence d’un marché dans ce quartier mais vous comprendrez que vu l’absence de réponse aux questions posées inlassablement dans ce dossier et au vu du risque de surpolarisation du quartier, nous nous abstiendrons.” Le vote est finalement passé à 19 voix pour et 7 abstentions, même les socialistes ont rejoint la position du bourgmestre. Philippe Boïketé (PS) justifie cette nouvelle position par “des garanties au niveau de la circulation et au niveau des produits proposés. […] Des informations qui, si elles avaient été communiquées plus tôt, auraient permis d’éviter que le débat se polarise.”
C’est sous les hourras et les “vive le bourgmestre” que la foule a quitté la salle après le point voté. À Saint-Josse, où peu d’élus sont engagés pour les élections de juin, la campagne pour les communales est (plus que) lancée. Et elle est (déjà) électrique.