Proxénétisme et prostitution dans un "bar à champagne" actif à Genappe
À entendre prévenu et prévenues, on ne se prostituait pas à Genappe. Ou alors ils l’ignoraient. Les préservatifs usagés démentent.
- Publié le 23-04-2024 à 12h30
- Mis à jour le 23-04-2024 à 16h11
Le réchauffement climatique n’y est pour rien mais il suffit de sillonner le Brabant wallon d’est en ouest pour se rendre compte que celles qu’on appelait les "rues chaudes" ont tendance à disparaître. Les "bars à champagne", une appellation bien plus agréable à l’oreille que l’étiquette infamante de "bordels", étaient pourtant bien utiles pour les inspecteurs de la PJ qui acceptaient de fermer les yeux tout en gardant grandes ouvertes leurs oreilles attentives à recueillir telle ou telle confidence susceptible de faire avancer une enquête qui piétinait.
Toute règle a ses exceptions. Celle révélée à l’audience correctionnelle de Nivelles du 28 février dernier nous vient de Genappe où, à suivre le parquet, quatre personnes, trois femmes et un homme, se sont livrées au proxénétisme en organisant la prostitution d’octobre 2018 à avril 2022.
L’organisatrice des festivités est la Russe Doli T., 30 ans, dont l’absence à l’audience était couverte par un certificat médical. Elle avait comme seconde main, si l’on ose dire Souymaya T., 41 ans, de Braine-l’Alleud qui n’attend qu’une chose à l’issue du procès, reprendre à Bruxelles ses activités de taxiwoman. Très démonstrative et volubile, elle tenta de convaincre le tribunal de son innocence: "Oui, j’ai été en relation durant deux semaines avec Doli. Mon rôle consistait à ouvrir le bar, à montrer le salon et les chambres, mais j’ignore comment cela fonctionnait. Je n’ai jamais travaillé sur place et ce n’est pas moi qui ai diffusé les photos de serveuses dénudées ou non".
Quant à Madeleine L., 79 ans, ancienne tenancière d’un "bar à champagne" pendant 30 ans sans jamais avoir à répondre de ses actes en justice, son rôle occasionnel consistait, de jour ou de nuit, à tenir le bar et à mettre dans une boîte l’argent récolté par les filles après partage "fifty fifty" des recettes.
On en vient à Michaël B., 40 ans, qui n’a ni domicile connu ni pièce d’identité. C’est un homme à la carrure de déménageur. Il nie avoir exercé la moindre activité d’agent de sécurité. "Moi, je restais dans la partie privative de l’établissement, je n’ai jamais mis un orteil dans le bar." Il a été acquitté alors que le parquet avait requis 15 mois de prison.
Doli T. écope de deux ans de prison avec sursis et 20 000 € d’amende, Madeleine de huit mois avec sursis et amende de 4 000 €. Souymaya T. s’en tire avec la suspension simple du prononcé.
Pour la petite histoire, on retiendra que ce bar fut racheté en 2018 au prix de 80 000 €. Suite à un contrôle ONSS, il fut fermé par l’auditorat du travail en août 2019, rouvert après versement d’une caution de 10 000 €, perquisitionné en novembre 2019 avec découverte de préservatifs usagés et de restes de cannabis et de cocaïne.