Simone Biles, icône de la gymnastique, encense notre compatriote: "Nina Derwael est vraiment incroyable !"
Simone Biles, la gymnaste la plus titrée de l’histoire des championnats, voit une jeune Belge se dresser sur sa route pavée d’or.
- Publié le 31-10-2018 à 11h01
- Mis à jour le 31-10-2018 à 11h02
Simone Biles, la gymnaste la plus titrée de l’histoire des championnats, voit une jeune Belge se dresser sur sa route pavée d’or.
Pour son premier grand rendez-vous, depuis son retour à la compétition, sur la route des Jeux de Tokyo 2020, Simone Biles a fait forte impression à Doha. Première place du concours général à la sortie des qualifications et première place dans trois des quatre agrès : seul les barres asymétriques ont échappé à la domination de la petite mais robuste Américaine, en course pour un total de six médailles d’or cette semaine à l’Aspire Dome. Et quelle est l’athlète qui l’a privée de la tête de la compétition aux barres ? Bingo ! Nina Derwael, la Trudonnaire de 18 ans, double championne d’Europe en titre et médaillée de bronze lors de la dernière édition des championnats du monde, en 2017, à Montréal.
"Nina est vraiment incroyable !", lance Simone Biles. "Elle est tellement belle à regarder. Si je m’en méfie ? Je crois que, pour toutes les finalistes aux barres asymétriques, c’est LA fille à surveiller."
Fait rare, l’Américaine, victime d’un calcul rénal à la veille de la compétition, ne partira pas favorite de la finale mondiale dans cette discipline particulière. Il faut dire que les barres asymétriques ne lui ont jamais vraiment souri (elle ne compte aucun podium olympique ou mondial à cet agrès) même si elle a remporté pour la première fois, cette année, le titre de championne des États-Unis.
"C’est un agrès qui a toujours constitué un challenge pour moi et j’essaie de surmonter l’obstacle", explique Simone Biles, qui s’est attachée les services d’un duo d’entraîneurs français, Laurent Landi et Cécile Canqueteau, pour rafler un maximum de titres olympiques dans un an et demi au Japon. "J’essaie de gagner en confiance sur la barre, de croire davantage en moi. J’ai toujours accusé un petit retard dans ce domaine et me concentrer là-dessus quand j’ai repris la compétition après une année sabbatique m’a beaucoup aidée."
Les paroles de la meilleure gymnaste actuelle ont, bien entendu, beaucoup touché Nina Derwael lorsqu’on les lui a rapportées. "Elle a dit qu’elle me tenait à l’œil ? C’est toujours un peu étrange quand une icône de la gymnastique parle de vous et, surtout, dans ces termes. Alors, oui, c’est vraiment un sentiment spécial d’entendre cela", sourit la nouvelle figure de proue de la gymnastique belge. "Cela m’a fait bizarre également de voir mon nom affiché devant le sien, le week-end dernier, à l’issue des qualifications aux barres asymétriques. Terminer première, devant elle, c’est un honneur. Mais je vais évidemment tout faire pour garder les mêmes positions en finale."
Nina Derwael peut effectivement se permettre d’être très ambitieuse et de viser le titre mondial tant elle a sa place, désormais, parmi les grandes de la spécialité. Et la présence de Simone Biles ne doit rien changer à ce constat. Même si… "Être en compétition avec Biles, cela rajoute autant de motivation que de stress, c’est un peu des deux", répond notre représentante. "Je sais que je dois me focaliser sur mes propres prestations et que si je fais ce dont je suis capable, je peux signer un très beau résultat ce vendredi."
Mais d’abord, les deux jeunes femmes vont se croiser sur le praticable dès ce jeudi pour la finale du concours général individuel (14h, heure belge), la première des trois finales que disputera Nina Derwael.
"Je n’aurais jamais imaginé terminer quatrième des qualifications du concours général. Franchement, c’est déjà un rêve. J’espérais une place entre 5 et 10", sourit Nina Derwael, qui s’était classée 8e du allround en 2017. "Maintenant, ma place en qualifications ne dit pas tout non plus et la médaille au concours général est plus éloignée que les gens semblent le croire. Mon niveau en saut et au sol est trop faible et il faudrait déjà que les autres filles se plantent bien pour avoir une chance de monter sur le podium. Mais je suis déjà heureuse d’avoir montré que j’avais un très bon niveau."
Axelle Klinckaert, voudra, quant à elle, prouver qu’elle méritait d’être repêchée.
"Elle a franchi une étape"
Marjorie Heuls, la coach de Nina Derwael, se félicitait, à l’issue des qualifications, de voir son élève atteindre la finale dans trois épreuves. "Je connais bien sûr son potentiel mais il fallait encore le faire", dit-elle. "Ceci étant, il ne faut pas voir ces résultats comme quelque chose d’exceptionnel, Nina a travaillé dur pour atteindre ce niveau-là. Elle a franchi une nouvelle étape dans son développement." Ce jeudi, le concours général offre à Nina Derwael une première occasion de s’illustrer. "Cette finale lui donne une motivation supplémentaire pour la compétition", poursuit Marjorie Heuls. "Au sol et au saut, elle a certes une note de départ un peu inférieure au point de vue acrobatique, mais elle a un atout sur le plan artistique et c’est bien cela qu’elle doit mettre en valeur. Elle ne doit pas manquer d’ambition. Elle va donner le meilleur d’elle-même pour accrocher le meilleur résultat possible."
L’équipe 11e ? "Un boost pour 2019"
Avec un total de 158.970 points, la Belgique (Nina Derwael, Axelle Klinckaert, Rune Hermans, Senna Deriks et Maellyse Brassart), a terminé 11e des qualifications, échouant à se qualifier pour la finale par équipes féminines qui s’est disputée ce mardi en présence des huit meilleures nations mondiales. Un résultat identique à celui signé en 2014 et en 2015, et qui constitue une petite déception même si l’objectif premier, à savoir une qualification pour les Mondiaux 2019 de Stuttgart (qui enverront de nouvelles équipes vers Tokyo), est acquis.
"C’est vrai que l’équipe ne s’est pas améliorée par rapport aux dernières éditions, ce qu’on espérait, et qu’il y a bien davantage de potentiel dans cette équipe que ce qu’elle a montré ici, à Doha", explique Nina Derwael, laquelle a parfaitement tenu son rang durant ces qualifications. "Je crois qu’on a manqué un peu de confiance. Néanmoins, on ne doit pas se laisser abattre mais retourner au travail et se persuader qu’une place de finaliste est possible dès l’an prochain en Allemagne."
Marjorie Heuls, la coach de l’équipe, en est déjà persuadée. Et elle veut se servir de cette 11e place pour remobiliser ses troupes. "La Belgique a les moyens d’intégrer le Top 8 et ce résultat doit donner un boost pour l’année prochaine", insiste la Française. "Il faut y croire, être encore plus ambitieux. Tout le monde évolue ensemble, mais cela prend du temps. Mais on doit y croire encore plus, des filles à la fédération en passant par le staff. Ici, on a vu qu’on était à deux points de la 8e place, en commettant deux erreurs qui nous en coûtent tout autant. Donc le potentiel, nous l’avons, mais il nous a manqué ici un peu de confiance et d’énergie. Axelle (Klinckaert) , qui a chuté aux barres en qualifications, était un peu déçue mais elle aura l’occasion de se produire une deuxième fois et de prendre de l’expérience..."