La bien nommée Diagonale des Fous
Le nom de l’épreuve résume parfaitement bien l’esprit de cet ultra-trail qui débute ce jeudi soir. Seuls des fous peuvent se lancer à l’assaut de ce monument.
- Publié le 17-10-2018 à 08h56
- Mis à jour le 18-10-2018 à 09h17
Le nom de l’épreuve résume parfaitement bien l’esprit de cet ultra-trail qui débute ce jeudi soir. Seuls des fous peuvent se lancer à l’assaut de ce monument
La Diagonale des fous, qui débute ce dimanche 18 octobre sur l’île de la Réunion, est l’une des courses les plus prestigieuses au monde comme en atteste l’inscription à son palmarès des deux plus grandes stars mondiales de la scène ultra-trail à l’heure actuelle : le Français François Dhaene et l’Espagnol Kilian Jornet. Avec ses 165 kilomètres de pistes escarpées et ses 9.600 mètres de dénivelé positif, cette épreuve ne s’offre décidément pas à n’importe qui.
Au départ, rien ne la prédisposait pourtant à rencontrer un tel succès. Nous sommes en 1989 quand des organisateurs audacieux décident de mettre sur pied une épreuve sur un parcours qui s’appelle encore la "Marche des cimes". Il s’agit en somme de traverser l’île de part en part en passant notamment par les spectaculaires cirques volcaniques en son milieu. Pas moins de 500 autochtones répondent à l’appel et se lancent dans l’aventure. Pour quels résultats ? Les plus sceptiques prédisaient un carnage. Pas du tout ! Au bout du compte, 314 participants rejoignent l’arrivée. Une gageure ! Car à l’époque la course se dispute en autonomie complète, ce qui signifie qu’il faut emmener avec soi de quoi se sustenter ainsi que le matériel de bivouac, soit une dizaine de kilos au bas mot. Cette année-là, Gilles Trousselier, gendarme de haute montagne à Chamonix, mettra un peu plus de 16 heures pour parcourir les 112 kilomètres et 6.000 mètres de dénivelé positif qui le séparent de la ligne d’arrivée.
Bien que la course ait été depuis rallongée d’une cinquantaine de kilomètres, Benoit Girondel, dernier vainqueur en date, lui aurait pris une heure et demie à cet instant de la course !
La course à l’allégement
Si l’épreuve passionne d’emblée les Réunionnais, les coureurs étrangers hésitent à faire le voyage en plein océan Indien. Est-ce que le poids de ce fameux sac qui refroidirait les ardeurs ? C’est bien possible. On remarque en tout cas que la course s’internationalisera progressivement après la décision prise en 1994 de prévoir des postes de ravitaillement et de dortoirs, ce qui permet de réduire considérablement la taille des sacs. En 1996, les allochtones constituent déjà plus d’un tiers des 1.080 partants, ce qui au passage constitue un nouveau record d’affluence.
Cet allégement des participants va également modifier l’esprit initial de l’épreuve. Les randonneurs vont peu à peu laisser la place aux vrais coureurs. Alors qu’un temps de 30 heures suffisait à se classer dans les trente premiers en 1990, il assure à peine une place parmi le Top 100 cinq ans plus tard.
Les performances réalisées sur ces terrains escarpés finissent par taper dans l’œil de la presse internationale. Dans un article élogieux, le mensuel Jogging international titre même : "La diagonale des fous". Les organisateurs réunionnais sont ravis. Ils sautent sur l’occasion pour rebaptiser leur épreuve dont le succès ne sera plus démenti par la suite.
Avant dimanche, ils seront 2.800 à vouloir rejoindre le stade de la Redoute, le temps imparti pour boucler l’épreuve étant de 65 heures maximum. Bonne chance à tous !
Le saviez-vous ?
En presque 30 ans d'existence, cette course folle qui en plusieurs endroits emprunte des sentiers vertigineux, a fait trois victimes : Gérard Bordage et Guus Smit en 2002 ainsi que Thierry Delaprez en 2012.