Rachid Madrane: "À Anvers, le Stade national serait déjà construit !"
- Publié le 21-12-2017 à 10h27
Ministre des Sports, mais aussi de la Promotion de Bruxelles, Rachid Madrane connaît le dossier du Stade national de l’intérieur. En revanche, on ne l’a pas entendu quand l’UEFA a décidé de retirer à la Belgique l’organisation de matchs de l’Euro 2020, faute de garanties concernant la construction.
"Étant membre du gouvernement bruxellois sous la législature précédente, j’étais mal placé pour commenter ce véritable gâchis. Aujourd’hui, chacun se pose la question : ‘À qui la faute ?’ Et beaucoup se rejettent la responsabilité. Je ne voulais pas en rajouter… Mais je constate aussi que tous ceux qui ont porté ce projet sont désormais attaqués. Ce n’est pas juste ! Pour moi, il est évident que la N-VA ne voulait pas de ce Stade national. Il n’y a pas un pays au monde où certains manifestent autant de mépris pour leur capitale. À Anvers, ce Stade national serait déjà construit ! Mais la N-VA a pris le pays en otage. Elle décide tout et le MR s’incline…"
Et le ministre d’évoquer le pacte énergétique. Encore une épine (pas de rose…) dans le pied du gouvernement Michel. Mais c’est un autre problème.
"Je veux mener une politique équilibrée"
En termes de budget ou d’infrastructures, le ministre des Sports se veut cohérent. Le calme règne, en ce vendredi 15 décembre, à l’étage 01, celui occupé par le ministre Rachid Madrane, au siège de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Pourtant, le jour n’est pas anodin pour l’homme politique, socialiste, en charge des Sports, une compétence qu’il s’est vu confier, le 16 avril 2016, en plus de l’Aide à la jeunesse, des Maisons de justice et de la Promotion de Bruxelles. Un parachutage modérément apprécié, à l’époque, par certains responsables, dont Pierre-Olivier Beckers, président du COIB, surpris de voir le Sport changer de mains à quelques mois des Jeux de Rio.
Relativement discret dans l’exercice de cette nouvelle compétence, Rachid Madrane s’est, en fait, donné le temps de l’apprivoiser. Vingt mois après sa nomination, il a, néanmoins, jugé qu’il était temps pour lui d’évoquer certains dossiers, dont le moindre n’est pas la création d’un nouveau centre Adeps, à Bruxelles.
Accompagné de deux de ses conseillers, l’ancien basketteur Marc Deheneffe et son attachée de presse Aude Lavry, le ministre a dressé un premier bilan, mais aussi évoqué ses projets en matière sportive, une compétence dont il est le 11e titulaire en trente ans !
Journaliste de formation, Rachid Madrane (49 ans) a prouvé qu’il pouvait manier les mots, mais aussi les chiffres avec aisance, tout en réglant gentiment, mais fermement, certains comptes avec ses deux prédécesseurs, André Antoine et René Collin, tous deux CDH. "Lorsque j’ai pris mes fonctions en tant que ministre des Sports, j’ai découvert une situation budgétaire interpellante dans la mesure où les moyens disponibles au niveau du Fonds des sports étaient presque épuisés. Pendant plusieurs années, les ministres en ont utilisé les réserves pour développer des soutiens ponctuels."
Or, ce Fonds des sports est indispensable au fonctionnement quotidien des Fédérations et des centres Adeps. "J’ai dû rétablir l’équilibre en rapatriant certaines dépenses comme les plans-programmes et la convention jeunes talents Be Gold vers le budget ordinaire. Mais je peux maintenant affirmer qu’en 2018, le Fonds des sports retrouvera cet équilibre budgétaire avec une base de roulement de quelque 4 millions d’euros. En outre, lors du dernier conclave, j’ai obtenu 1,3 million pour l’année prochaine afin de renforcer certaines politiques comme la mixité, la détection de talents, la formation de cadres et la promotion du sport qui constituent vraiment quatre priorités pour moi. Tout comme j’ai tenu à dégager un budget récurrent de 40.000 euros par an afin de favoriser le développement de certains projets sportifs en prison."
Le sport, outil de cohésion sociale, mais aussi de réinsertion, le ministre y tient. En matière d’équilibre, il n’y a pas qu’au niveau financier que Rachid Madrane a tenu à apporter sa pierre à l’édifice en décidant la création d’un nouveau centre Adeps, le 18e, à Bruxelles. À l’ouest de Bruxelles, précisément… "Avec 1,5 million d’habitants, Bruxelles est vraiment le parent pauvre en matière d’infrastructures et ne profite pas assez de la Fédération Wallonie-Bruxelles pour développer ses politiques sportives. Il n’est pas normal qu’il y ait quatre centres Adeps en province du Luxembourg et que la capitale n’en compte que trois. Bien sûr, j’entends déjà les remarques, voire les critiques mais, personnellement, je regrette qu’un homme politique wallon n’y ait pas pensé avant moi. Pour rappel, le dernier centre Adeps créé à Bruxelles date de 1987. Et, compte tenu de l’évolution démographique dans les années à venir, ce n’est vraiment pas un luxe, surtout de ce côté de la capitale !"
"Le sport de haut niveau francophone se porte bien"
De l’or de Nafi au Mondial d’athlétisme à l’argent des U17 à l’Euro de volley-ball
En matière d’infrastructures sportives, dont il précise ne pas avoir la compétence, celle-ci étant assumée par Valérie Debue (MR) à la Région wallonne, Rachid Madrane poursuit ou entame certains chantiers.
Car si les hommes politiques et, en particulier, ceux en charge du sport francophone, passent, les projets restent !
Ainsi, l’actuel ministre des Sports a-t-il inauguré en juin le chantier de la piste d’athlétisme indoor à Louvain-la-Neuve… Et celui-ci avance bien, ce qui devrait lui permettre d’avoir l’honneur de couper le ruban début 2019. "Avec 22,5 millions d’euros, il s’agit du plus grand projet de construction dédié au sport en Fédération Wallonie-Bruxelles !", enchaîne Rachid Madrane. "Et à ceux qui voudraient me taxer de Bruxellois, je précise que nous consacrons 16,7 millions à la rénovation du Blanc Gravier à Liège et 12,5 millions à celle de la piste d’athlétisme à Jambes !"
Au-delà de l’argent, le ministre souligne aussi toute sa fierté. "Le sport de haut niveau francophone se porte bien, tant en termes de représentativité que de résultat. Ainsi, aux Jeux de Rio, nos sportifs étaient au nombre de 38 sur un total de 110, ce qui représente 35,7 % de la délégation belge. Un ratio en constante évolution… De même, le nombre de sélectionnés issus du programme Be Gold était de 66, soit 61 %, preuve de l’efficacité de ce projet initié par le COIB et soutenu par les Communautés. À ce propos, je tiens à souligner l’excellente ambiance régissant les relations entre tous les acteurs du monde sportif belge, même si mon homologue, Philippe Muyters, m’a longtemps charrié avec ses deux médailles aux Jeux de Rio (Greg Van Avermaet et Dirk Van Tichelt) avant que Nafi Thiam ne décroche l’or…" (rire).
Sur le plan des résultats, les services du ministre n’ont pas chômé puisqu’ils ont comptabilisé pour l’année 2017 la bagatelle de… 163 médailles internationales, seniors et juniors confondus, à la date du 7 décembre. De la médaille d’or de Nafi Thiam au Mondial d’athlétisme à celle d’argent de nos U17 à l’Euro de volley-ball en passant par le judo, la natation (qui vient d’en ajouter une de bronze avec Fanny Lecluyse), le hockey et la… pêche. Mais oui !
Les coups de cœur 2017 du ministre…
Après l’olympique 2016, l’année 2017 a encore été riche en événements sportifs. Voici donc les coups de cœur de Rachid Madrane, notre ministre des Sports…
1. Nafi Thiam
"Nafi a encore marqué tous les esprits cette année. Symbole de la réussite sportive, elle est un exemple, un modèle pour tous et, en particulier, les jeunes. Elle est notre étendard car, au-delà de l’aspect sportif, elle a une personnalité hors du commun. Et elle n’a que 23 ans !"
2. David Goffin
"J’ai vibré au rythme des exploits de David, tant au Masters avec ses victoires sur Nadal et Federer qu’en finale de Coupe Davis où il a porté notre équipe. Et pourtant, sa saison ne fut pas simple avec, notamment, sa chute et sa blessure à Roland-Garros. Mais il s’est relevé !"
3. Toma Nikiforov
"A priori, j’avais pensé aux Diables ou aux Lions , nos équipes de football et de hockey, qui ont obtenu d’excellents résultats. Mais je retiendrai ce fabuleux combat de Toma Nikiforov face à Teddy Riner. Il s’est soldé par une défaite, mais Toma a affiché un fameux courage."
…
"Et puis, permettez-moi d’ajouter ceci : je m’en voudrais de ne pas citer Philippe Gilbert et sa magnifique victoire au Tour des Flandres. Quelle audace ! Quel panache !"