Luca Cragnaz: "Au niveau individuel, la Belgique est très forte"
Luca Cragnaz est chargé de relancer le futsal belge, notamment avec l’équipe nationale.
- Publié le 06-10-2017 à 15h28
- Mis à jour le 06-10-2017 à 15h30
Luca Cragnaz est chargé de relancer le futsal belge, notamment avec l’équipe nationale. Luca Cragnaz, sélectionneur fédéral de l’équipe nationale belge de futsal, est au cœur d’un masterplan pour relancer une discipline qui a tous les atouts pour devenir populaire.
Monsieur Cragnaz, depuis quelques mois, il semble qu’un vent nouveau souffle sur le futsal belge ?
"Au niveau national, on a un projet qui est intégré dans un masterplan qui s’étend de 2017 à 2020. La volonté est de développer l’image du futsal belge, via différents canaux. Avec l’équipe nationale A, le souhait est de participer à une phase finale. On a loupé le coche pour l’ Euro 2018, car le groupe est tombé contre de belles équipes. Nous retenterons notre chance en 2019 pour les qualifications pour la Coupe du Monde."
Vous restez tout de même sur un beau succès.
"On a remporté le tournoi des 4 Nations , en Allemagne. On se prépare à une double confrontation amicale contre l’Espagne, en décembre. Il s’agit d’une des meilleures équipes du monde. En janvier, on prendra la direction du Brésil pour un tournoi des 8 Nations ."
Mais il n’y a pas que les hommes dans votre projet ?
"On travaille également avec les jeunes. On a lancé des détections dans tout le pays pour créer des équipes de U17 et U19 . On va participer aux qualifications pour les Jeux olympiques qui se dérouleront en Argentine en 2018, avec les U18 . Le but est de préparer cette équipe pour le premier Euro des U19 . On a également lancé une sélection U17 féminine. À terme, on voudrait également avoir une équipe A chez les femmes. On va continuer à faire évoluer nos catégories, comme dans le football."
À ce propos, le futsal est le parent pauvre de la Fédération…
"C’est un peu péjoratif. C’est vrai que notre discipline n’est pas une priorité. Mais je ne compte pas me plaindre. Avec nos moyens, on tente de faire le maximum. Il faut également que l’image du futsal évolue afin de pouvoir la faire grandir à d’autres niveaux. Mais il est certain que si on continue à faire grandir nos projets, il faudra d’autres moyens que ceux alloués à l’équipe nationale A."
En 2005, Action 21 est sur le toit de l’Europe. Vous étiez dans cette équipe incroyable. La Belgique a-t-elle manqué le bon wagon ?
"Il faut voir le problème autrement… Est-ce que les autres n’ont pas pu suivre Action 21 ou est-ce qu’Action 21 n’était pas à sa place dans le championnat belge ? À l’époque, le club était professionnel. Il avait de nombreux soutiens. Il y avait une différence énorme avec toutes les autres équipes. Aujourd’hui, malgré la domination de Gooik, le fossé est plus mince."
Quand on voit les noms dans votre sélection, la Belgique devrait tout de même évoluer parmi les meilleures nations. Il vous manque quoi ?
"C’est à la base que l’on doit travailler. Au niveau collectif, l’équipe nationale est la 16e nation mondiale. Individuellement, je peux vous assurer que nos joueurs se trouvent nettement plus haut dans ce classement. J’ai des gars qui ne feraient pas tache dans les meilleures formations européennes. Mais il y a un manque de formation. Au niveau collectif, il manque à certains des notions essentielles. Néanmoins, les entraînements sont importants. J’espère pouvoir réunir plus souvent mes joueurs. Mais il faut aussi que les clubs s’accordent, que les gars puissent se libérer. En Belgique, le futsal n’est pas professionnel…"
Malgré ça, vous pouvez réellement rêver d’un Mondial ?
"Si je peux disposer de tous mes joueurs, sans blessure ni suspension, c’est plus que possible. Cette équipe est capable de rivaliser avec toutes les formations du subtop. Elle est trop courte pour les quatre meilleures mais elle a le niveau pour jouer l’Ukraine, la Slovaquie… On est également en train de préparer les futures générations. Avec nos programmes, dans quelques années, nos U18 seront prêts à relever de grands défis. C’est notre volonté. C’est pourquoi, comme en Flandre, j’espère instaurer, en Wallonie, une formation pour tous les entraîneurs de futsal. C’est un autre grand projet."
Un nouvel élan
Durant de nombreuses années, la Fédération a lancé des dizaines d’idées sans jamais les assumer… Il y a également des projets qui ne collaient pas à la réalité du terrain. Le dernier exemple en date fut cette idée de playoffs comme en Jupiler Pro League. La formule n’a pas attiré les foules et n’a pas rencontré le succès escompté sur le plan sportif, comme le pensaient de nombreux clubs avant son lancement.
Cette saison, par contre, la nouvelle mouture proposée aux treize clubs de l’élite a de l’intérêt. Les huit meilleures équipes se rencontreront pour disputer la phase finale du championnat. Il y aura plus d’attrait et cela devrait faire évoluer positivement le niveau du futsal belge, sauf pour les deux pauvres formations qui n’auront plus rien à jouer durant un bon mois.
"Cela devrait permettre aux outsiders d’avoir une chance de décrocher le titre", analyse Luca Cragnaz, l’ancien gardien d’Action 21. "S’il y a toujours trois favoris, à savoir Gooik, Hasselt et Anvers, des formations comme Charleroi, Malle et Lier auront également leur mot à dire jusqu’au bout. C’est plus intéressant pour le spectacle."
Même si Gooik - qui s’envolera pour la Finlande le 11 octobre prochain pour le tour principal de l’UEFA Futsal cup - est le nouvel ogre de la série, pour l’ancien entraîneur de Morlanwelz, le championnat est plus ouvert que jamais.
"Il suffit de revenir sur la victoire de Charleroi, vendredi passé. Contre des stars mondiales, les Carolos ont trouvé les ressources pour l’emporter à la maison. C’est la preuve que tout est possible cette saison."
"Robinho, le meilleur joueur avec lequel j’ai pu jouer"
Durant sa carrière de joueur, Luca Cragnaz a tout gagné. Il a fait partie de la grande époque du futsal belge. Avec Action 21 notamment, il a remporté des coupes, des championnats mais surtout le trophée européen en 2005. "Un souvenir inoubliable, C’était un autre monde."
Ancien international belge, il a croisé des stars. "J’ai eu la chance de jouer avec Robinho qui est toujours en activité. C’est le meilleur joueur avec lequel j’ai pu échanger des ballons, pourtant j’ai pu évoluer sur le même terrain qu’Alex ou Kelson."
C’est à Morlanwelz que l’homme a achevé sa carrière et a coiffé sa première casquette d’entraîneur. Il a pu partager ce qu’il a acquis auprès des meilleurs. "Sergio Benatti est l’entraîneur qui m’a le plus marqué. Le Brésilien est brillant. Il était toujours le premier arrivé et le dernier à repartir."