Les boxeuses belges à la conquête du monde: "La qualité est de plus en plus élevée"
Le président de la RFBB se félicite des bons résultats de nos représentantes.
- Publié le 07-12-2018 à 12h27
- Mis à jour le 07-12-2018 à 12h28
Le président de la RFBB se félicite des bons résultats de nos représentantes. Delfine Persoon et Femke Hermans sont peut-être à l’aube d’écrire une belle page d’histoire de la boxe belge ce samedi 8 décembre. L’une et l’autre disputent, en effet, un championnat du monde majeur : la première, championne WBC des légers en titre, défendra son bien à domicile, à Ardooie, face à la Kenyane Judy Waghutii ; la seconde s’attaquera, à Carson (Californie), aux titres WBC, WBA et IBF des poids moyens détenus par l’invaincue Claresse Shields.
Ajoutez à cela la ceinture IBO des poids mouche convoitée par Sanah Jae, ce même soir à Bruxelles, et la ceinture WBF (plus anecdotique) détenue par la Flandrienne Oshin Derieuw, et vous obtiendrez un programme susceptible de faire entrer la Belgique parmi les pays les mieux représentés sur la scène mondiale en matière de boxe féminine !
"En tant que président de la Fédération royale belge, je ne peux que me féliciter de voir plusieurs de nos boxeuses s’illustrer, explique Willy Bosch. Et tout particulièrement Delfine Persoon et Femke Hermans qui détiennent actuellement des ceintures mises en jeu par les plus grandes fédérations mondiales. Il est vrai que la densité est moindre chez les femmes et que l’on accède plus rapidement à un championnat du monde mais Femke est allée chercher sa ceinture à l’étranger, ce qui est très significatif. De manière plus générale, on peut remarquer que la qualité de nos boxeuses est de plus en plus élevée ces dernières années, et c’est un motif de fierté."
Pour autant, on parle ici de femmes qui sont âgées respectivement de 28 et 33 ans. "C’est vrai mais il n’est pas rare de voir des boxeuses poursuivre leur carrière jusqu’à 35, 36 ans, voire davantage, poursuit le dirigeant. Quant aux éléments d’avenir, il faut continuer à bien les encadrer et à leur donner des perspectives. La boxe féminine vit très bien dans certains pays comme l’Allemagne, alors pourquoi est-ce que cela ne pourrait-il pas fonctionner aussi chez nous ? Pour ma part, je suis partisan de la boxe féminine. Je vois un état d’esprit plus fair-play, plus honnête, et des tempéraments plus offensifs aussi. Enfin, il y a des combats très techniques et qui pourraient très bien servir à l’écolage de jeunes boxeurs."
La carrière de Delfine Persoon, elle, fera, en tout cas, autorité même si c’est Femke Hermans qui réalise son rêve, aujourd’hui, de boxer aux États-Unis.
Delfine Persoon I Âge : 33 ans. Catégorie : légers. Palmarès : 41 v., 1 d., 0 n.
Avec deux titres de championne d’Europe des poids légers et pas moins de huit titres de championne du monde WBC, Delfine Persoon est, sans aucun doute possible, la boxeuse belge la plus prolifique de l’histoire. Elle est aussi celle qui incarne toujours le mieux, aujourd’hui, une catégorie de poids qu’elle domine, même si l’ascension de l’ex-championne olympique irlandaise Katie Taylor, qui détient les titres IBF et WBA, la menace directement. Verra-t-on pour autant, un jour, ce combat entre les deux jeunes femmes se concrétiser ? Il faut l’espérer pour Delfine, qui mériterait certainement de disputer un très grand duel pour conclure une carrière exceptionnelle.
"J’ai été confrontée ces deux dernières années à des problèmes aux mains mais, après des opérations, tout est rentré dans l’ordre et je me sens d’attaque pour affronter Taylor", affirme Delfine Persoon, qui reconnaît qu’une défaite - peu importe l’identité de son adversaire - serait très probablement synonyme de fin de carrière.
Femke Hermans I Âge : 28 ans. Catégorie : super-moyens. Palmarès : 9 v. - 1 d. - 0 n.
L’année 2018 a été celle de la grande percée internationale pour Femke Hermans. La boxeuse d’Asse a d’abord eu le bonheur d’aller se produire à Brooklyn pour un combat mondial, face à la très médiatique Alicia Napoleon, celle-ci l’emportant aux points pour remporter le titre WBA. Puis la Brabançonne a créé une grosse surprise en allant chercher le titre WBO en Allemagne face à Nikki Adler sur décision unanime. Et là voilà à présent à l’aube d’une confrontation planétaire face à l’une des grandes boxeuses américaines du moment, Claressa Shields, championne WBC, WBA et IBF en poids moyens. "Je veux voir jusqu’où je peux aller dans la boxe et pour s’en faire une idée précise, il faut affronter les meilleures, non ?", sourit Femke Hermans. "Je pourrais facilement choisir mes adversaires, mais que gagnerais-je à être une championne en carton ? Je veux hausser mon propre niveau face à des boxeuses de niveau mondial." Femke Hermans a de l’ambition à revendre et ses qualités lui autorisent certains rêves.
Sanae Jah I Âge : 34 ans. Catégorie : mouche. Palmarès : 15 v., 2 d., 1 n.
Ancienne spécialiste de la boxe pieds-poings passée prof en anglaise en avril 2011, cette native de Rabat, au Maroc, s’est illustrée en disputant dès son huitième combat un championnat WBA intérimaire en Allemagne. "J’ai perdu aux points face à Susi Kentikian et depuis lors, je travaille pour montrer que j’ai bel et bien ma place au niveau mondial", explique la Bruxelloise, qui se félicite de l’engouement des femmes pour la boxe. "Quand je suis arrivée du Maroc, j’ai été très étonnée de me retrouver parfois comme seule femme dans les réunions ici en Belgique. Ça m’a tellement marquée que je me suis dit que je voulais que ça change et j’ai ouvert mon académie destinée aux femmes d’abord, puis ouverte à tous. Maintenant, c’est du 50-50 ! Parmi mes élèves qui ont pris des titres l’an dernier, j’avais trois filles et trois garçons. Notre travail paie ! Et la féminisation grandissante de la boxe peut être observée dans beaucoup d’endroits en Belgique." Maman d’une petite Yara qui marche déjà sur ses traces, Sanae Jah (-51 kg) a remporté un titre WBA International en août 2017 et est en pole pour affronter la tenante du titre japonaise.
Oshin Derieuw I Âge : 31 ans. Catégorie : super-légers. Palmarès : 10 v., 0 d., 0 n.
C’est seulement en octobre dernier, lors du gala de Gand, qu’Oshin Derieuw a découvert les rings belges. Jusque-là, en effet, cette Roularienne, multiple championne de Belgique amateurs, avait effectué ses premiers combats professionnels en France, à partir de 2016, puisqu’elle était installée à Hénin-Beaumont, dans le département du Pas-de-Calais. "Je vais continuer à m’entraîner au Boxing Club Héninois sous les ordres de Mohamed Nichane et Paul Fournier même si je vis désormais à Kuurne", explique la jeune femme, qui vient d’épouser la triathlète Charlotte Deldaele. "La France m’a offert des opportunités que je n’ai jamais reçues en Belgique. J’ai pu intégrer leur équipe nationale, prendre part à des tournois à l’étranger, préparer leurs championnes. En un mot, on me fait confiance." En novembre 2017, Oshin Derieuw a remporté le titre WBF de sa catégorie des super-légers, défendu victorieusement voici quelques semaines. En 2019, elle espère partir à la conquête d’une ceinture WBC lui conférant encore davantage de crédibilité.