Toma Nikiforov a vécu "la journée parfaite" mais doit maintenant viser le monde
- Publié le 29-04-2018 à 20h57
- Mis à jour le 30-04-2018 à 10h01
À 25 ans, Toma Nikiforov est devenu champion d’Europe en -100 kg. Champion d’Europe !
Les bras levés, Toma Nikiforov est monté sur la plus haute marche du podium avec, à sa droite, le Français Maret et, à sa gauche, l’Israélien Paltchik et l’Azéri Kotsoiev. Il a poussé un soupir de soulagement avant de recevoir sa précieuse médaille. Puis, quand a retenti la Brabançonne, Toma n’a pu retenir ses larmes.
Toma, vous étiez très ému ?
"Oui ! J’ai regardé mes parents, au premier rang, et j’ai pensé à mon frère. Et les larmes sont venues parce que je sais qu’ils sont fiers de moi. Et puis, j’ai souffert, j’ai saigné à l’entraînement pendant tous ces mois, toutes ces années pour en arriver là. Mais je le tiens enfin ce titre, au terme d’une journée parfaite."
Après le bronze en 2015 et l’argent 2016, quelle fut la clé de cette médaille d’or ?
"Je n’ai jamais douté ! Si je doute, je perds… Quand Maret m’a mis une pression de dingue en début de finale, quand il a marqué waza-ari, j’ai pris une claque ! Mais j’ai regardé le chrono et je me suis dit : ‘On a le temps…’ Puis, je l’ai attaqué et je l’ai surpris. Vous ne pouvez imaginer ce que j’ai ressenti au moment où il a tapé pour signifier qu’il abandonnait."
À 25 ans, vous êtes donc sacré pour la première fois face à un judoka expérimenté, vice-champion d’Europe l’an dernier et médaillé olympique à Rio…
"Entre Maret et moi, c’est une longue histoire puisqu’il s’agissait de notre sixième face-à-face. Il avait remporté les trois premiers, dont deux quarts de finale à l’Euro en 2013, à Budapest et, en 2014, à Montpellier. Mais j’avais gagné les deux plus récents, en 2015, dont le dernier en date pour le bronze mondial à Astana."
Un combat mémorable au cours duquel vous aviez souffert de crampes aux mains…
"Oui, un combat mémorable, à l’issue duquel Cyrille m’en a voulu parce qu’il pensait que je simulais. Mais, heureusement, notre relation s’est normalisée. Nous nous respectons énormément."
La médaille d’argent de Sami Chouchi vous a boosté, non ?
"Exact ! En début de journée, on m’a soufflé : ‘Allez, comme Sami !’ Et j’ai pensé : ‘Non, mieux que Sami !’ J’ai réussi la journée parfaite. Je ne me suis pas énervé face à l’Italien Loporchio et, surtout, au Lituanien Bauza. Ils ne se livraient pas, mais je m’en méfiais. Et puis, je ne voulais pas gaspiller trop d’énergie dans ses premiers combats pour arriver le plus frais possible aux moments de vérité. J’ai donc attendu de trouver l’ouverture pour les renverser et me qualifier."
La victoire face au Russe Bilalov fut-elle le tournant ?
"Là, j’ai sorti mon meilleur judo ! Et je pense qu’il a été très surpris de mon audace. Mais j’ai placé exactement le mouvement que nous avions prévu avec mon coach, Damiano Martinuzzi. Bilalov s’en souviendra. Je pense d’ailleurs qu’il ne s’en est pas remis puisqu’il a perdu pour le bronze face à l’Israélien Paltchik."
Puis, en demi-finale, il y eut le Biélorusse Mukete, n°50 mondial, surprenant vainqueur du Géorgien Liparteliani, n°1…
"Je ne l’avais jamais rencontré en compétition, mais bien à l’entraînement. Je savais donc que c’était un adversaire coriace. Là encore, j’ai mené mon combat avec sérénité. Et, surtout, je ne voulais pas laisser passer l’opportunité de m’offrir une deuxième finale européenne après celle de 2016, à Kazan, perdue face au Néerlandais Grol."
On connaît la suite et la fin, heureuse, de l’histoire…
Commentaire : et maintenant, le monde !
Après le bronze en 2015 et l’argent en 2016, Toma Nikiforov a donc, enfin, décroché l’or européen. En constante progression depuis sa première apparition en 2013, à Budapest (septième), Toma n’a connu qu’une année sans à l’ Euro. C’était l’an dernier, à Varsovie, où il s’est incliné d’emblée face au Géorgien Liparteliani, aujourd’hui no 1 mondial, mais… éliminé dès son entrée en lice à Tel Aviv ! Ainsi va le judo. Un jour, tout sourit. Le lendemain, rien ne va.
Désormais sur le toit de l’Europe après sa superbe victoire sur l’expérimenté Français Cyrille Maret, médaillé de bronze olympique en 2016, à Rio, Toma Nikiforov ne peut que voir plus haut. En champion qu’il est, il doit viser d’autres titres : mondial et olympique. À 25 ans, le Bruxellois est devenu un judoka complet dans une catégorie, - 100 kg, où la concurrence est énorme, mais aussi dominée par les… Européens ! Seuls le Japonais Wolff (13e), l’Égyptien Darwish (15e) et le Sud-Coréen Cho (20e) figurent dans le Top 20 mondial…
C’est dire si cet Euro israélien avait toutes les allures de Championnats du Monde ou de Jeux Olympiques. Mais attention : autre lieu, autre date, autres circonstances, il faudra que Toma garde les pieds sur terre pour connaître à nouveau une journée parfaite. Un jour de grâce qu’on lui souhaite tant il est marqué par la passion de son sport, auquel il se consacre "26 h sur 24" (sic).