Championnats d'Europe de judo : les réactions des Belges
Après avoir débuté sa carrière en -73 kg, presté en -81 kg, Joachim Bottieau est en -90 kg.
- Publié le 27-04-2018 à 07h05
- Mis à jour le 27-04-2018 à 07h21
Après avoir débuté sa carrière en -73 kg, presté en -81 kg, Joachim est en -90 kg. Bien dans sa peau, Joachim Bottieau l’est assurément. Et ce n’est pas une gêne à la nuque, à son retour d’un dernier stage parisien, l’obligeant à deux jours de repos dans la phase finale de sa préparation pour ces Championnats d’Europe, qui a contrarié le Hennuyer. À 29 ans, Joachim en a vu d’autres… Son expérience lui permet d’appréhender les contre-temps, lui qui a connu une terrible désillusion aux Jeux de Rio avec un besoin de se ressourcer, de se retrouver en tant que judoka, mais aussi en tant qu’homme.
Parti, seul, en Corée et au Japon fin 2016, Jo voulait savoir où il en était. Et il en est revenu conforté dans l’idée qu’il avait encore un avenir dans le judo. Malgré une médaille d’or en juin, à Bucarest, l’année 2017 n’a, certes, pas répondu à ses attentes, mais ses résultats ne l’ont pas découragé. Au contraire…
À l’aube de 2018, il a pris une nouvelle décision cruciale en montant de catégorie. Place aux -90 kg ! "Je combats désormais avec les lourds !", sourit-il. "Finis, les régimes ! J’étais fatigué, dans tous les sens du terme, de devoir perdre cinq à six kilos à chaque compétition. J’avais l’impression de perdre toutes mes forces dans ces régimes à répétition. Et je me sens mieux aujourd’hui."
Ainsi, après avoir commencé sa carrière en -73 kg, l’avoir poursuivie en -81 kg (de 2010 à 2017), Joachim la terminera en -90 kg. "J’avais envie de retrouver le plaisir de m’entraîner sans arrière-pensée. Ces derniers mois, après la muscu , j’avais peur de monter sur la balance parce qu’elle affichait 86-87 kg. Alors, oui, j’ai conscience du défi à relever, mais j’y crois ! En -90 kg, le judo est plus engagé sur le plan physique, mais moins tactique. Je renoue avec une forme d’insouciance sur le tatami."
Et les premiers résultats sont très satisfaisants puisque Jo a participé à quatre compétitions, disputant douze combats, avec une médaille de bronze, à Agadir, à la clé. "Je ne m’attendais pas à disputer autant de combats… Mais c’est ce que j’espérais ! Il était important que je prenne un maximum d’adversaires avant l’ Euro . J’ai trouvé mes marques, battant le Kazakh Bozbayev, n°12 mondial, pour le bronze au Maroc."
Cet Euro 2018, Joachim Bottieau l’a préparé dans son coin, comme depuis quelque temps déjà. "Après Agadir, j’ai passé trois semaines en Belgique. Je me suis entraîné avec mon père, au club, mais aussi à Maubeuge où j’ai mes habitudes. Début avril, j’ai passé quatre jours à Leverkusen et quatre autres à Paris, à l’Institut national du judo, où il y a toujours de bons sparring-partners."
Diplômé en sciences de l’éducation, le Hennuyer concilie toujours boulot et judo. "J’ai un mi-temps en tant qu’accompagnateur de jeunes, de 15 à 20 ans, à cheval entre études et stages en entreprise. L’école m’offre beaucoup de facilités au niveau horaire, ce qui me permet de combiner. Et d’y trouver l’équilibre."
Gabriella Willems (> -70 kg) : "Je sais que tout peut arriver ici !"
À 20 ans, Gabriella Willems participe pour la deuxième fois aux Championnats d’Europe. L’an dernier, la Liégeoise était, en effet, du voyage à Varsovie où elle a été éliminée d’emblée par une… autre junior, la Néerlandaise Ausma, absente cette année, à Tel Aviv. Un face-à-face dont Gaby ne garde pas un bon souvenir. "Quand on perd un combat aussi serré, on ne peut qu’être déçu. Je l’étais surtout de la manière. J’ai été battue sur un contre alors que j’attaquais pour la troisième fois d’affilée en prolongation et que, selon moi, mon adversaire aurait dû être pénalisée. Et puis, j’aurais préféré affronter la Polonaise Klys, une senior, pour voir ce dont j’étais capable. Là, je n’ai rien appris."
Son apprentissage, Gaby l’a donc poursuivi en décrochant le bronze au Mondial junior avant d’effectuer le fameux saut dans la cour des grandes où elle s’est déjà illustrée en s’offrant encore le bronze, en mars, à Varsovie. "J’ai bien assimilé la transition entre les catégories junior et senior, même si, pour moi, maintenant, c’est sérieux ! Le staff fédéral croit en moi. Il compte sur moi. Je ne suis, dès lors, plus là pour l’expérience, mais pour la performance…"
Surprenant, le discours de la plus jeune de nos représentantes en -70 kg l’est d’autant plus que Gaby ne figure pas parmi les têtes de série de cet Euro 2018. Mais il témoigne de son ambition, elle qui n’a pas hésité à balancer ses études en communication, à Louvain-la-Neuve, pour en entamer d’autres, en infographie, à Namur. "La communication ne me convenait pas ! En revanche, j’apprécie la photo, le dessin et les nouvelles technologies. Je suis donc enchantée de mon choix, même s’il fut radical."
Passionnée de sports de combat, Gabriella Willems a trouvé sa voie dans le monde du judo comme dans ses études. "Je suis impatiente de monter sur le tatami. J’ai tout mis en œuvre afin d’y arriver à 100 %. Je sais que tout peut arriver ici ! Je me sens bien entourée… J’espère vraiment ne pas commettre d’erreur !"
Matthias Casse (> -81 kg) : "Je peux battre tous mes adversaires"
Le bronze à La Haye, l’argent à Agadir : Matthias Casse grimpe les échelons à toute vitesse en -81 kg. Même une blessure à la cheville, mi-janvier, deux jours avant de s’envoler pour Tunis où il devait débuter sa saison, n’a pas contrarié l’ascension de notre champion du monde juniors, désormais 14e mondial et… tête de série n°3 de ces Championnats d’Europe. Matthias n’a peur de rien et il l’avait déjà prouvé lors de l’Euro 2017, à Varsovie, où il s’était illustré en livrant un superbe combat, perdu, face au Bulgare Ivanov, un ténor de la catégorie. Issu d’une famille de sportifs, Casse n’a pas de temps à perdre. "Nous sommes quatre garçons à la maison. Comme moi, Jeroen pratique le judo tandis que Vincent et Robin s’adonnent à l’acrogym."
Autant dire qu’il y a une émulation dans cette famille où, à 21 ans, Matthias est le deuxième de la lignée. À la veille de monter sur le tatami, à Tel Aviv, il prétend n’avoir rien à perdre. "Je peux battre tous mes adversaires comme ce fut le cas avec l’Allemand Ressel, vice-champion d’Europe, à Agadir, alors qu’il m’avait déjà surpris à deux reprises, en demi-finales, à La Haye, et pour le bronze, à Düsseldorf. Je suis prêt pour un podium !"
Cette ambition, Matthias la tient de sa maman qui l’amena au judo alors qu’il avait 6 ans. "Au début, je n’aimais pas trop… Mais, dès que j’ai commencé la compétition et que j’ai décroché des médailles, j’ai été emballé. Et j’ai redoublé d’ardeur à l’entraînement. Aujourd’hui, je combine le judo avec mes études. Je termine la deuxième partie de ma deuxième année en chimie grâce aux facilités qui me sont accordées et à mes collègues qui m’aident beaucoup…"
Un facteur sur lequel Matthias Casse ne compte pas sur le tatami, même si… "Le judo est un sport imprévisible. Mes résultats chez les seniors sont meilleurs que prévu, ce qui me donne confiance. Je me sens bien ! La seule pression que je ressens est celle que je me mets moi-même. Alors, quoi qu’il arrive, je donne le meilleur."