Pierre-Olivier Beckers, président de la Belgique qui gagne
Président depuis 2004, Pierre-Olivier Beckers est l’unique candidat à la Présidence du Comité olympique et interfédéral belge qui tiendra sa traditionnelle Assemblée générale vendredi. À l’aube de son quatrième et dernier mandat, il s’est confié à la DH
- Publié le 27-05-2017 à 06h00
- Mis à jour le 22-01-2018 à 11h28
Ce vendredi 2 juin, le Comité olympique et interfédéral belge tiendra sa traditionnelle Assemblée générale. Comme tous les quatre ans, après les Jeux, l’AG du COIB est l’occasion du renouvellement des mandats à la Présidence et au Conseil d’Administration. Un seul candidat se présente à la première fonction alors qu’ils sont… 23, à la seconde. Président depuis 2004, Pierre-Olivier Beckers, dont ce sera le quatrième et dernier mandat, compte tenu des règles de bonne gouvernance votées l’an dernier, n’a jamais vu ça auparavant. Mais il se réjouit de cet élan du monde sportif, tout en dressant les contours d’une collaboration plus étroite que jamais avec le politique…
? Pierre-Olivier Beckers, vous êtes le seul candidat à la Présidence. Comment l’expliquez-vous ? Les autres ont-ils peur de vous affronter ou n’y a-t-il pas d’autre candidat ?
"Pour ce qui est de la Présidence, j’espère que je ne fais peur à personne et je suis sûr qu’il y a d’autres candidats potentiels. Alors, il faudrait leur demander pourquoi ils ont décidé de ne pas se présenter maintenant. Moi, je pense que le travail avance bien, qu’il y a une meilleure cohérence dans la manière dont on travaille avec les acteurs du sport, avec les Communautés, les administrations. Ce mandat sera mon dernier puisque, justement, nous avons souhaité le limiter à quatre pour assurer le renouvellement des personnes et des idées. Ce sera déjà le cas, cette année, au niveau du Conseil d’Administration."
? Sur les quinze membres du CA, près de la moitié sera renouvelée…
"En effet ! Il y a sept personnes qui ne se représentent pas, dont cinq ont atteint la limite, que nous sommes fixés l’an dernier, de cinq mandats. Et puis, il y en a deux qui ont décidé de ne pas se représenter. Il s’agit de Philippe Rogge en raison de son éloignement géographique. Il avait accepté d’essayer de tenir son mandat pendant ses premières années à Pékin, mais lui et moi sommes arrivés au constat que ce n’était pas correct vis-à-vis de sa Fédération et, surtout, du monde sportif. Il était d’ailleurs le premier à dire qu’il ne se représentait pas. Et puis, il y a André Stein qui, lui, aurait pu continuer puisqu’il en est à quatre mandats, mais qui, pour des raisons de rotation, a décidé de laisser la place. Donc, le renouvellement sera énorme. Personnellement, je n’ai jamais vécu une telle situation alors que je suis administrateur depuis 2002. Ce qui sous-entend quand même un gros travail d’intégration de ces nouvelles personnes parce qu’il faut, malgré tout, assurer la continuité de la politique sportive de notre institution."
? Votre (seule) candidature est-elle garante de la stabilité à la tête du COIB ?
"Écoutez, je me suis également posé la question de ma candidature et je suis heureux de mon choix parce que, fort de mon expérience, je pourrai contribuer à ce que la réussite des Jeux de Rio, dans leur préparation et leur réalisation, ne soit qu’une étape. Donc, oui, on peut parler de stabilité de l’institution et de continuité des projets."
? Comment jugez-vous cette affluence de candidatures au Conseil d’Administration ?
"Je pense que ça montre que les Fédérations ont été sensibles au changement des statuts. Mais ça montre aussi que le COIB bénéficie d’une belle image auprès de celles-ci et qu’elles veulent participer activement aux projets du monde sportif. Le fait qu’il y a beaucoup de candidats est donc encourageant. Le contraire serait désespérant… Mais, surtout, nous avons également sept candidates et ça, c’est une grande première ! C’est magnifique parce qu’il était plus que temps. Il y a, en effet, plus d’une Olympiade que j’ai encouragé les Fédérations à nous présenter des candidates, ce qui est donc le cas…"
? Pour une question de représentativité ?
"Tout à fait ! Le monde du sport comme les Fédérations s’articulent autour d’hommes et de femmes. Pourquoi ne serait-ce pas le cas du COIB ? Par conséquent, avec sept candidates, nous sommes très heureux. J’espère qu’un grand nombre d’elles seront choisies… D’autant qu’il y a, avec Karin Donckers et Dominique Monami, deux anciennes sportives de haut niveau ayant vécu les Jeux Olympiques de l’intérieur et dont je ne doute pas de l’apport et du dynamisme. Un peu comme Jean-Michel Saive, déjà Président de la Commission des Athlètes au sein du COIB et candidat à la Présidence de l’ITTF."
? Comment interprétez-vous le fait que l’Union belge de football ne présente pas de candidat ?
"Je pense que son Président, son CEO et son CA ont déjà beaucoup de travail sur les bras. Malheureusement parce qu’il est évident que l’Union belge de Football pourrait partager son expérience. Mais bon, peut-être cette grande institution fait-elle un peu peur… On lui a connu des représentants, des candidats. Lors des deux dernières sessions, ceux-ci n’ont pas été élus et sans doute a-t-on tiré la conclusion que ça ne sert à rien de se (re)présenter."
Un vrai travail d’équipe avec le monde politique depuis 2012
? Comment se portent les relations du COIB avec le monde politique ?
"Je pense que l’Olympiade qui s’est terminée avec les Jeux de Rio a été déterminante sur ce plan. Souvenons-nous que, quand je suis devenu Président du COIB, en 2004, les relations de l’institution avec le monde politique étaient tout simplement inexistantes avec énormément de méfiance des acteurs les uns vis-à-vis des autres. En fait, à l’époque, il n’y avait pas de travail d’équipe. Ce qui était extrêmement négatif pour les Fédérations et leurs sportifs… On a même connu des tensions énormes avec des tentatives de déstabilisation de Comité olympique. Une, principalement, en 2007, avec la fameuse histoire ou plutôt non-histoire des tombolas. Mais, à partir de 2010, nous avons voulu résolument proposer aux Communautés et aux ministres concernés de mettre en place une plate-forme olympique. Et, en 2012, tout s’est accéléré avec un calendrier. La plate-forme qui se réunit désormais trois fois par an est devenue une espèce de fil rouge dans la définition des objectifs. Un exemple : nous avons systématisé le passage en revue de tous les sportifs des relais ou équipes qui ont un potentiel de Top 8 aux Jeux pour s’assurer que ceux-ci bénéficient de tout le soutien nécessaire. Et ce travail de fond a indéniablement payé au vu des résultats enregistrés."
? Cette plate-forme politico-sportive est un gage d’avenir…
"Oui, mais nous devons nous montrer très vigilants parce que le monde politique belge est très complexe. Donc, il faut garder le contact pour mieux se connaître et échanger. Je ne le cache pas : j’ai été abasourdi par le changement de ministre des Sports en Fédération Wallonie-Bruxelles à quatre mois des Jeux de Rio. Et ceci n’est pas une question de personne. Mais, quand on reprend une compétence, quelle qu’elle soit, il y a toujours un temps d’adaptation. Et là, j’avais l’impression de perdre le bénéfice de cette précieuse plate- forme olympique que nous avions mise en place."
? Aujourd’hui, êtes-vous tout à fait rassuré quant à la volonté de Rachid Madrane de voir progresser le sport dans le sens souhaité par le COIB ?
"Absolument ! Il est vrai que nous avons connu une période plus calme après Rio. Mais je ne vois aucun signe de la part de la Communauté française de remettre en question quoi que ce soit et, surtout, je sens sa volonté de s’inscrire dans ce travail d’équipe."
"Paris et Los Angeles ont un dossier solide"
? Pierre-Olivier Beckers, qu’est-ce qui vous a décidé à endosser toutes ces responsabilités au niveau international ?
"L’idée d’apporter une plus-value au monde olympique sur base de mon expérience dans celui des affaires qui a énormément évolué ces quinze dernières années, notamment en matière de gouvernance, de transparence. Parmi la centaine de membres du CIO, nous sommes à peine cinq, je pense, à bénéficier de cette expérience. Moi, je souhaite apporter une valeur ajoutée au travers de ces quatre Commissions où le travail se fait plutôt que simplement m’asseoir pour assister à une Session, espèce de grand-messe de l’Olympisme où nous nous retrouvons à un millier dans une salle alors que les membres ne sont, en fait, qu’une centaine. Et je ne vous cache pas que, pour le moment, à la Commission d’Éthique, nous sommes bien occupés ! C’est l’occasion d’apporter un souffle nouveau, une culture nouvelle. C’est parce qu’il y a une véritable prise de conscience du monde du sport que l’Éthique est devenue importante. Dans cette Commission, nous sommes quatre membres du CIO, en minorité par rapport à cinq magistrats qui apportent cette objectivité."
? Accordez-vous autant de temps, d’attention, à chacune des Commissions ?
"La Commission d’Audit, que je préside, me prend logiquement le plus de temps. Hormis les réunions trimestrielles, il y en a d’autres préparatoires. Je suis en contact permanent avec le Département d’Audit interne. C’est également dans le cadre de cette Commission d’Audit que nous émettons notre avis sur des sujets comme l’attribution des Jeux puisque la gestion des risques, notamment financiers, figurent dans nos attributions. Nous intervenons donc dans le processus d’élection."
? Que pensez-vous du fait qu’il n’y a plus que deux villes, Paris et Los Angeles, candidates à l’organisation des Jeux de 2024 ? Autrement dit, que beaucoup y ont renoncé ?
"Je pense que ce qui compte, c’est d’avoir les bonnes villes. Et, ici, le monde sportif ne peut que se réjouir d’avoir à choisir entre Paris et Los Angeles ! C’est un problème de luxe… Le choix sera délicat parce que je pense que les deux dossiers qui nous seront présentés en juillet, à Lausanne, puis seront soumis au vote en septembre, à Lima, sont des dossiers solides, dans des pays où la gouvernance et les finances répondent aux normes. Sans compter l’aspect de l’héritage des Jeux, tant décrié à Athènes et à Rio. À raison, mais aussi à tort car ces deux villes ont quand même bénéficié de nettes améliorations logistiques en terme de transport. Il est vrai que l’héritage des infrastructures sportives à Athènes a été mal géré. Ce n’est pas le cas pour Rio, dont les infrastructures amovibles, par exemple le site aquatique, ont été récupérées. Mais il est évident que 2004 et 2016 furent deux éditions olympiques compliquées pour le CIO en terme de préparation."
? Vous vous êtes prononcé pour une double attribution, 2024 et 2028. Pour quelles raisons ?
"Force est de constater que quelques villes (Boston, Hambourg, Rome, Budapest) ont renoncé et que nous nous retrouvons donc avec deux belles villes, dont l’une sera perdante. L’histoire récente nous montre que, pour une question d’image, de prestige, de coût, certaines villes battues renoncent définitivement à se présenter alors qu’elles avaient sans doute un bon projet. Dans le processus d’élection actuel, il y a trop de perdants, comme dit Thomas Bach. Pour moi, du point de vue du CIO, ce serait bien d’attribuer les Jeux de 2024 et 2028. Dans quel ordre, on verra… Grâce à cette formule, le CIO aurait la certitude d’avoir des Jeux bien organisés jusqu’en 2028, ce qui lui donnerait le temps nécessaire, pas dans la précipitation, de refondre son processus d’attribution en essayant de s’assurer qu’on diminue fortement le coût d’une candidature qui oscille quand même entre 30 et 40 millions de dollars. C’est énorme ! Le gagnant le considère comme un investissement. Le perdant, c’est-à-dire la ville, le Comité olympique doivent absorber tout ça. Sans évoquer les sponsors qui avaient misé sur l’événement. Tout ceci, sans compter, aussi, sur la très mauvaise perception qu’a, aujourd’hui, le public sur l’organisation des Jeux."
? Vous seriez favorable à un CIO pro-actif en la matière, c’est-à-dire passer d’une élection à une sélection de la ville-hôte ?
"Bien sûr ! Le CIO pourrait ou devrait prendre contact et se mettre à table avec des villes potentielles."
? On évoque également la possibilité pour deux pays d’unir leurs forces et d’organiser les Jeux comme ce fut le cas de l’Euro 2000 de football pour la Belgique et les Pays-Bas…
"Oui ! Les décisions que nous avons prises en 2014 le permettraient, mais de manière assez restreinte dans la mesure où les Jeux sont l’occasion de mettre des sportifs ensemble dans le cadre d’un Village olympique. Quoi qu’il en soit, les deux villes devraient être très proches géographiquement et culturellement avec un même Comité d’organisation. Donc, sur papier, on pourrait imaginer une candidature Bruxelles-Amsterdam. Sur papier, ce serait une idée enthousiasmante ! Après, il y a la stabilité politique, la capacité d’investissement en matière d’infrastructures, ce dont la Belgique aurait besoin. Revoir l’aéroport de Zaventem, terminer le ring de Bruxelles, etc. Mais bon, quand on voit le mal qu’on a à ériger le Stade national, il faut se montrer réaliste…"
"Team Belgium, c’est le reflet d’un état d’esprit"
La nouvelle dynamique qui s’est traduite par six médailles récoltées à Rio 2016, pour un potentiel probablement double, est, sans aucun doute, l’une des grandes satisfactions du président Beckers.
"C’était un travail de longue haleine" , souligne-t-il. "Les bons résultats des derniers JO sont le fruit d’un travail initié avec le projet Be Gold en 2005 (60 % des sportifs présents en avaient fait ou en font partie, de Thomas Pieters aux hockeyeurs en passant par Nafi Thiam…) On a accompagné ces jeunes avec les communautés lors d’événements comme le Festival olympique de la jeunesse ou les Jeux de la jeunesse. Ensuite, l’équipe interne du COIB a été beaucoup présente dans les fédérations, au niveau de la communication avec les communautés et avec le public, en particulier avec le lancement de la nouvelle marque et du nouveau logo. On s’identifie plus facilement au Team Belgium qu’au COIB, qui est un nom corporate. Ça marche vraiment bien, on l’a vu avec les succès de l’équipe à Rio, celui de notre Belgium House à Ostende et au niveau de l’utilisation des réseaux sociaux. C’est le jour et la nuit par rapport à ce que l’on connaissait il y a même quatre ans. En interne, il y a eu une transition importante au niveau du management, après le départ de deux figures emblématiques, Guido De Bondt et Piet Moons, et Philippe Vander Putten a magnifiquement réussi son arrivée. Team Belgium se vit aussi à l’intérieur de nos murs et traduit un état d’esprit et une volonté de transparence. Tous ces détails mis bout à bout font la différence et je pense que les fédérations le sentent aussi."
"L’enthousiasme des sports collectifs me rend heureux"
À la fin des Jeux de Rio, Pierre-Olivier Beckers et Eddy De Smedt, le chef de délégation, avaient expliqué qu’il fallait "saisir le moment" , ce que le monde du sport belge n’avait pas réussi à faire après Atlanta 1996. Comment faire, dès lors, pour mettre ces succès à profit ?
"Il faut rencontrer tous les acteurs du sport, rencontrer les fédérations afin de comprendre leurs projets pour les huit ans qui viennent, mais aussi continuer le travail avec les communautés, car rien n’est jamais acquis. Il faut continuer à éduquer les ministres sur l’importance de travailler dès maintenant sur Tokyo 2020 et même sur les JO 2024. Cette vision à long terme n’existait pas du tout avant et elle commence à se mettre en place grâce à un travail de tous les instants de toute l’équipe du COIB. C’est avec beaucoup de satisfaction que je vois que certains fruits commencent déjà à être récoltés. En ce qui concerne les Jeux Olympiques d’hiver, par exemple, il fallait décider de quelle manière faire la sélection, sport par sport, dans les cas où il y avait plus de sportifs sélectionnables que de places de quota disponibles, et je remarque que les fédérations ont compris tout de suite qu’elles avaient intérêt à travailler sur la finalisation des critères avec nous. On est dans la dernière ligne droite." Par ailleurs, "optimaliser le budget disponible" constitue une autre priorité du COIB.
"C’est aussi un point dont on discute avec les ministres. Le saupoudrage, le clientélisme (qui était la réalité de la fin du 20e siècle et de la première décennie du 21e) ne fonctionne pas, ça ne peut pas fonctionner ! Il y a une prise de conscience très clair et une volonté de se concentrer sur un certain nombre de sports. Certains sportifs recevront moins mais la porte reste ouverte s’ils performent. L’exigence de résultats, en compensation de l’engagement des communautés sur des budgets, est présent. Par ailleurs, je suis heureux, en tant que président, de constater qu’un certain nombre de sports collectifs rentrent vraiment dans le jeu de se dire : ‘On veut être sélectionné pour les JO à telle ou telle échéance’. C’est le cas du football féminin, du handball (qui a une vision pour 2032 ou peut-être 2028 avec des objectifs intermédiaires) tandis que le volley est tout près des JO aussi…"
Le projet du hockey a eu valeur d’exemple.
"J’ai l’intime conviction que si le COIB n’avait pas dit : nous voulons remettre un sport collectif aux JO le plus rapidement possible parce qu’il a la capacité de fédérer tout le monde, on n’en aurait toujours pas" , affirme Pierre-Olivier Beckers. "Dans le cas du hockey, on a eu la chance que le président Marc Coudron, qui avait connu une terrible désillusion en tant que joueur, a dit : ‘Plus jamais !’ et s’est lancé à fond dans le projet. Puis le succès a engendré le succès et ce projet-là a commencé à déteindre sur d’autres disciplines. Même le basket reste extrêmement motivé, alors qu’il n’y a que quatre places disponibles pour les Européens, ils vont de l’avant."
"Le manque d’infrastructures est criant"
Interrogé sur son impatience à voir sortir de terre le Centre sportif francophone de haut niveau, Pierre-Olivier Beckers répond avec humour à la question.
"Je l’attends surtout avec beaucoup de… patience !" lance-t-il. "L’impatience est déjà derrière nous depuis longtemps."
Et de poursuivre nettement plus sérieusement : "Il est évident que l’un des plus gros problèmes que l’on a en Belgique par rapport à d’autres pays, c’est le manque d’infrastructures d’entraînement et de compétition de haut niveau. C’est fou de se dire qu’un champion international comme Bart Swings est obligé de s’entraîner à l’étranger parce qu’on n’a pas une patinoire de qualité en Belgique. Et ce n’est qu’un exemple parmi d’autres ! En outre, cette carence en infrastructures nous empêche d’organiser de grands événements internationaux sur des bases régulières. Or c’est essentiel si l’on veut développer une fierté nationale, celle-là même qui s’est emparée de toute la population à la vue des résultats du Team Belgium aux Jeux de Rio."
"Partisan de la rénovation du stade Roi Baudouin"
S’il ne se dit pas "inquiet" par rapport à l’avenir du meeting en lui-même ("parce qu’il trouverait sa place dans une autre ville sans aucun souci"), Pierre-Olivier Beckers espère que le Mémorial Van Damme pourra conserver une place centrale dans le calendrier sportif belge.
"Comme son nom l’indique, ce Van Damme est, d’abord, un Mémorial et je trouve qu’il y a un devoir de le garder en Belgique, la patrie d’Ivo", dit-il. "Je trouverais dommage, en termes de valeurs, que ce rendez-vous possédant une si belle image disparaisse. C’est un moment de rassemblement, de célébration et de fête, un événement qui fait partie du patrimoine. Il est donc, à ce titre, fondamental pour moi."
Mais si le stade Roi Baudouin venait à être détruit, nul ne sait, à l’heure actuelle, où le Mémorial pourrait être organisé.
"Il est évident qu’aujourd’hui il n’y a pas de solution. On continue à nous promettre un tas de choses mais c’est du vent pour l’instant ! Deux ou trois lieux sont envisagés à Bruxelles ou dans les environs mais la capacité de construire des tribunes pour 30.000 personnes n’y est pas présente."
Quoi qu’il en soit, le président du COIB garde un œil plus qu’attentif au dossier.
"Je me suis fortement impliqué parce que nous sommes des chauds partisans de la rénovation du stade Roi Baudouin. Pour moi, ce stade a toute sa légitimité, surtout si on met une enceinte nationale de football juste à côté. J’ai entendu beaucoup de désinformation sur la soi-disant impossibilité de rénover le stade Roi Baudouin, sur un coût évoqué de 300 millions d’euros qui est loin de la réalité. La réalité, c’est qu’il y a un projet économique et commercial qui s’appelle le projet Néo et qu’il y a une volonté politique de le mener à bien et donc d’utiliser l’espace du stade. Mais, si le foot est important, le COIB est d’abord, et avant tout, le promoteur de l’ensemble des sports olympiques et non-olympiques. Or l’athlétisme est le plus grand sport olympique."
SON COUP DE CŒUR
L’or, huit ans après…
"Chaque médaille est forcément un coup de cœur ! Il y a des performances inoubliables, celle de Greg Van Avermaet, de Nafi Thiam, le tournoi des Red Lions, les titres de Tia Hellebaut et du relais 4x100 m à Pékin qui étaient mes premières médailles en tant que président. Ce sont des moments que l’on n’oublie pas ! Mais si je dois en ressortir un, le plus gros coup de cœur est d’avoir pu légitimer, devant 40.000 personnes, la médaille d’or 2008 des filles du 4x100m. Tout ce que j’ai toujours fait, et tout ce que je fais, c’est toujours grâce à une équipe mais sur ce coup-là, j’ai décidé que ces quatre filles méritaient leur médaille d’or, j’ai pris le dossier en mains, j’ai contacté Wilfried (Meert), qui a marqué son accord, et j’ai mis la machine en route au niveau du CIO. Ce qui n’était pas évident car les Russes avaient le droit de faire appel pendant un certain nombre de semaines et que le temps était limité. Il fallait encore retrouver les médailles, faire en sorte de les ramener à Bruxelles, ce que j’ai fait moi-même en allant à Lausanne pour rentrer la veille du Mémorial. Puis je les ai remises avec Jacques Rogge lors du meeting. C’est sûr que leur remettre ces médailles à Pékin aurait été plus légitime mais la différence, c’est qu’au moment de la cérémonie, il restait peut-être 4.000 personnes dans le stade. Ici, il y en avait 40.000 toutes acquises à leur cause. En termes d’émotions, elles en ont eu un bon paquet, et moi aussi d’ailleurs !"
SON COUP DE GUEULE
Les scandales de corruption et de dopage
"D’abord, il n’y a pas de pire moment : il faut tout relativiser. Mais cette histoire de tombolas en 2007, c’était tellement de la malhonnêteté d’avoir fabriqué un non-événement pour déstabiliser le comité olympique, de la part d’un ancien
collaborateur et de certaines autres personnes, que j’en garde un goût amer. Cela nous a pris un an ou deux pour rassurer nos sponsors, les fédérations, les athlètes, bref tout le monde.
Mon plus gros coup de gueule, et l’élément sur lequel je continue à taper, ce sont les gros scandales de corruption et de dopage que l’on a connus ces dernières années. Il faut absolument que cela cesse. Le renforcement des principes de gouvernance, la transparence et l’intégrité sont absolument essentiels. Le dopage que l’on a connu ces deux dernières années dépasse tout entendement. On se rend compte que rien n’a vraiment changé depuis les années 80 et l’Allemagne de l’est et le plus frustrant en tant que dirigeant sportif, c’est ça. La vision de l’olympisme, c’est mettre le sport au service de l’humanité pour rendre le monde meilleur. Et là, on nous parle de dopage, de corruption de dirigeants, de paris truqués. Ça ne va pas !"