Les nouveaux sports olympiques (1/5): après 20 ans, le surf s’est fait une place au soleil
Le combat a été long mais tout le milieu prône désormais l’union sacrée pour que la discipline s’affirme au programme des Jeux.
- Publié le 02-01-2018 à 10h59
- Mis à jour le 22-01-2018 à 12h22
Le combat a été long mais tout le milieu prône désormais l’union sacrée pour que la discipline s’affirme au programme des Jeux. Depuis la 129e session du CIO, le 3 août 2016 à Rio de Janeiro, c’est donc officiel : le surf sera bel et bien présent aux Jeux Olympiques 2020, à Tokyo, en tant qu’épreuve additionnelle. Après avoir été recalée à cinq reprises consécutives, la discipline de glisse a fini par être intégrée au programme olympique grâce à l’insistance de l’ International Surfing Association , l’autorité mondiale régissant le surf et ses dérivés, laquelle a vu son lobbying de plus de deux décennies porter finalement ses fruits. "Après des années de travail acharné, notre rêve olympique devient réalité" , s’est félicité le président de l’ISA, Fernando Aguerre.
Mais, au-delà de cette annonce destinée à ajouter une touche jeune aux JO et saluée par l’ensemble du milieu, il restait encore à définir les modalités de cette intégration du surf dans le cadre olympique. Voici ce qu’il faut retenir.
L’océan plutôt que l’artificiel
Selon une recommandation du Comité d’organisation des Jeux de Tokyo allant à l’encontre des préconisations du CIO, les vagues naturelles auront la préséance sur la piscine à vagues. Le débat a été long et animé au vu du succès croissant rencontré par cette nouvelle technologie de type Wavegarden permettant de délivrer des vagues parfaites à toute heure mais la qualité de certains spots japonais - celui de Shidashita Beach, près de Chiba a été retenu - semble avoir fait la différence. Même si la rumeur d’un revirement de situation avant tout… politique (car lié à la présence de la star de 45 ans Kelly Slater, propriétaire du Surf Ranch de Lemoore, en Californie, une piscine à vagues dernier cri testée en septembre dernier par les pros) fait régulièrement son retour. Mais on serait alors bien loin de l’esprit de Duke Kahanamoku, le père du surf moderne…
20 hommes et 20 femmes en lice
Au Japon, une sorte de festival du surf sera organisée pendant seize jours afin de permettre à la compétition de se tenir dans de bonnes conditions. Quarante athlètes - tous shortboarders - y participeront. Parmi eux, vingt hommes et vingt femmes s’affronteront alors dans des épreuves distinctes dont le mode de fonctionnement ne devrait pas différer des grandes organisations professionnelles en vigueur sur le circuit ASP. "Il s’agit d’une opportunité de vivre une expérience culturelle et de laisser un héritage immense, et non d’organiser seulement une compétition sportive" , souligne Fernando Aguerre.
Le système de qualification
Tout récemment, la Fédération internationale de surf a annoncé avoir trouvé un accord avec la World Surf League quant aux modalités de qualification pour les Jeux Olympiques de Tokyo. Il apparaît que 18 des 40 places aux Jeux seront réservées aux surfeurs du Championship Tour géré par la WSL (dix hommes et huit femmes), soit l’élite mondiale, et que les 22 places restantes seront déterminées lors des ISA World Surfig Games 2019 et 2020 et lors des Jeux panaméricains de 2019 à Lima, tandis que le Japon, pays hôte des JO, bénéficiera d’une place pour les hommes et les femmes. "Cet accord souligne non seulement notre engagement à faire concourir les meilleurs athlètes du monde lors des débuts du surf à Tokyo, mais aussi à faire en sorte que les compétitions reflètent le libre accès et l’universalité de notre sport dans le monde entier" , explique le président de l’ISA. L’ensemble de ce processus doit toutefois être encore ratifié lors de la réunion du bureau exécutif du CIO prévue en février 2018.
Les stars attendues
De nombreuses stars du surf professionnel se sont montrées intéressées, voire carrément enthousiastes, à l’idée de se produire aux Jeux Olympiques. Si ceux-ci devaient d’ailleurs se dérouler demain, les spectateurs pourraient applaudir, selon le ranking mondial actuel, des talents comme John John Florence, Gabriel Medina, Julian Wilson, Jordy Smith ou encore Matt Wilkinson chez les hommes, tandis que, côté féminin, Tyler Wright, Stephanie Gilmore, Carissa Moore, Courtney Conlogue et Johanne Defaye seraient appelées automatiquement. Seule restriction, mais elle est de taille : la règle des deux athlètes par pays, sans doute étendue à trois représentants pour les Etats-Unis, l’Australie et le Brésil, pourrait barrer la route des JO à quelques surfeurs réputés. Quoi qu’il en soit, le surf, qui a gagné sa place au soleil olympique après plus de vingt ans de combat, est bien décidé à se montrer sous son jour le plus favorable !
Dean Vandewalle s’épanouit au Costa Rica
Si l’équipe belge de surf est une formation qui compte chez les jeunes au plan européen, c’est sans aucun doute le Gantois Dean Vandewalle qui incarne la plus belle promesse de la discipline pour notre pays au niveau mondial. Médaillé de bronze à l’ Euro - 14 ans en décembre 2016, une première - ce jeune homme, qui fêtera son 16e anniversaire ce 8 janvier, habite au Costa Rica avec ses parents et ses trois sœurs depuis qu’il a 7 ans et y développe pendant huit mois par an (entre deux voyages vers Hawaï ou l’Indonésie, les Vandewalle se posent parfois aussi à Biarritz où ils ont une maison) des qualités unanimement reconnues. Très complet, membre des jeunes talents de Hurley, Deano espère, en dépit des problèmes de vue qui l’ont conduit à porter des lunettes lorsqu’il évolue sur sa planche, "devenir le meilleur surfeur possible" et "pourquoi pas atteindre le circuit professionnel" .
"Ce serait génial !" lance Dean. Un rêve qui, selon bon nombre d’observateurs, n’a rien d’impossible pour l’un des meilleurs mondiaux de sa génération.
John John Florence, la confirmation
Depuis une petite dizaine d’années, le milieu du surf ne bruisse plus que de leur talent. Et le moins que l’on puisse écrire est que, depuis les O’Neill Cold Water Classics où nous les avons découverts en 2008 en Californie, les petits prodiges ont bien grandi.
John John Florence, 25 ans, et Gabriel Medina, 24 ans, ont, en effet, occupé une nouvelle fois les premiers rôles en ce mois de décembre 2017, lors de la manche finale du World Championship Tour qui s’est déroulée à Hawaï. L’Américain, né précisément à Honolulu et évoluant donc à domicile, a profité du faux pas de son rival brésilien face au futur vainqueur de l’épreuve Jérémy Florès pour faire main basse sur le célèbre North Shore d’Oahu, pour son deuxième titre mondial d’affilée. Une prouesse qui n’avait plus été réalisée depuis le début des années 2000 par le regretté Andy Irons et qui consolide un peu plus la réputation de phénomène de John Alexander Florence.
Quatrième Hawaïen de l’histoire à remporter le titre mondial, John John (un surnom en guise de clin d’oeil à Kennedy Jr) s’érige en parfait ambassadeur pour son sport.
Passionné de voile, d’aviation et de photographie, Florence a rapidement été considéré comme le nouveau Kelly Slater. Un statut difficile à porter vu l’épaisseur du palmarès de la légende américaine, mais le surfeur aux boucles blondes s’en sort pour l’heure remarquablement, imposant son style spectaculaire aux quatre coins du monde. Et même si d’aucuns pourraient lui reprocher de ne faire briller son talent qu’avec parcimonie (il n’a remporté qu’une manche du circuit mondial cette année), John John Florence tire sa force de sa grande régularité, de sa capacité à transformer la pression en énergie positive et de son excellente lisibilité des vagues.
"C’est quand je suis sur ma planche que je me sens le mieux dans l’océan", dit-il. "Je me sens connecté avec l’eau, comme si je savais où me placer, comment les vagues vont se mouvoir, comment l’océan va réagir. Suis-je le meilleur surfeur au monde ? Franchement, je l’ignore. Je ne me considère pas comme tel, il y a tellement de gars talentueux sur le circuit ! Tout ce que je veux, c’est prendre du plaisir sur les vagues et surfer comme j’en ai envie."
Une philosophie qui, jusqu’à présent, lui réussit.