Léa Bayekula revit grâce au para-athlétisme: "Pour oublier les épreuves traversées"
Atteinte de Spina Bifida, Léa Bayekula, 23 ans, veut être du voyage aux Jeux Paralympique 2020 de Tokyo. La Bruxelloise, qui a subi des moqueries étant plus jeune à cause de sa chaise roulante, veut prouver qu’elle a sa place parmi les meilleures…
- Publié le 18-09-2018 à 16h06
- Mis à jour le 18-09-2018 à 16h07
Atteinte de Spina Bifida, Léa Bayekula, 23 ans, veut être du voyage aux Jeux Paralympique 2020 de Tokyo. La Bruxelloise, qui a subi des moqueries étant plus jeune à cause de sa chaise roulante, veut prouver qu’elle a sa place parmi les meilleures…Léa Bayekula sait ce qu’elle veut. Déterminée et motivée comme jamais, elle ambitionne Tokyo 2020 sans se cacher. Pour mettre toutes les chances de son côté, la Bruxelloise de 23 ans, atteinte depuis sa naissance du spina-bifida (malformation de la colonne vertébrale) et privée de l’usage de ses jambes, a décidé de se doter d’une chaise de compétition. Mais ce ne fut pas simple. Pour l’obtenir, Léa a eu recourt à un crowdfunding. Résultat ? Près de 13.000 € récoltés qui lui ont permis d’investir dans du matériel de qualité. Ainsi, depuis quelques mois Léa s’entraîne dans son club du Royal White Star avec cette nouvelle chaise, plus légère, plus rapide, lui permettant de faire des meilleurs temps. Notamment début juillet, où elle est devenue pour la seconde fois championne de Belgique sur 100 et 200m. Ou à Berlin, lors de l’Euro au mois d’août, où elle a décroché deux belles 6es places en 100m et en 200m (catégorie T54) pour sa première expérience à ce niveau de compétition. Si la championne est la femme qu’elle est aujourd’hui, elle le doit à son passé. Durant sa jeunesse, la Bruxelloise a subi beaucoup de moqueries à propos de sa chaise roulante.
"Mon caractère s’est en partie construit grâce à ce vécu. Cette expérience a forgé ce que je suis."
À l’école, elle était souvent exclue par ses camarades de classe, se retrouvant fort seule.
"Je ne comprenais pas, du coup ça ne m’a pas aidé à accepter mon handicap. Les moqueries faisaient l’effet inverse".
Aujourd’hui, tout cela est derrière elle. Mais ces moments douloureux ressurgissent sur son terrain de jeu, l’athlétisme.
"L’arrivée symbolise toutes les épreuves que j’ai dû vivre dans ma vie. Traverser cette ligne, c’est traverser mes épreuves."
Le coup de foudre avec l’athlétisme s’est opéré à 18 ans quand, après 3 ans d’handi-basket, Léa se rend à une journée d’initiation d’athlétisme en chaise, organisée par la Ligue Handisport. Si elle a directement accroché avec ce sport, c’est sans doute parce cela correspondait bien au besoin d’autonomie de l’athlète. Plus jeune, elle n’hésitait pas à visiter Bruxelles toute seule, malgré sa chaise roulante. "Aujourd’hui encore je demande rarement de l’aide. Je monte les escaliers ou les escalators toute seule. J’aime cette volonté d’être autonome. L’athlétisme correspondait bien à ce sentiment : seule face à mes défis."
Dans l’athlétisme, il y a également une réelle volonté de dépassement de soi. "Si on veut gagner il faut dépasser celui qui est à côté. C’est ça qui me boost".
Une volonté qui dépasse le cadre du sport, puisque Léa s’entraîne depuis peu à marcher. Elle veut abandonner progressivement sa chaise roulante pour se déplacer à l’aide d’attelles. "Je marche un peu, j’aimerais pouvoir le faire plus longtemps. Je fais donc de la revalidation et du renforcement pour y arriver."
Tout ça pendant ses temps libres, calés entre ses trois entraînements hebdomadaires, et ses deux séances à la salle de musculation.
Léa essaye aussi de faire bouger les choses en faveur des non-valides. À Bruxelles par exemple, où beaucoup d’endroits leur sont inaccessibles. "En 2015, j’ai fait une caméra cachée pour dénoncer les lieux inabordables dans la capitale."
L’impact auprès du public a été un succès grâce aux réseaux sociaux. "Ça porte ses fruits dans la mentalité des gens. Ils se rendent compte des difficultés que rencontrent les non-valides à Bruxelles. Mais dans les faits, les choses ne bougent pas vraiment."
Ce sont pourtant ces petites choses désagréables du quotidien qui rappellent à Léa son handicap. "Ce qui me différencie des autres c’est uniquement mon fauteuil. Alors, quand je ne peux pas aller ou je veux, quand je dois demander de l’aide, alors là oui, je me sens non-valide, et je n’aime pas ça…"