Eddy De Smedt ambitieux pour les JO 2020 de Tokyo: "Si possible, faire mieux qu’à Rio"
L’objectif du Team Belgium, qui se réunit ce dimanche à l’Hippodrome de Boitsfort pour le Run to Tokyo, est clair pour les JO 2020, mais il est en partie dépendant des changements introduits dans le paysage sportif belge. Quelles sont les perspectives pour 2020 ? Eddy De Smedt, directeur du Haut Niveau au COIB, répond à la question…
- Publié le 24-06-2018 à 07h00
L’objectif du Team Belgium, qui se réunit ce dimanche à l’Hippodrome de Boitsfort pour le Run to Tokyo, est clair pour les JO 2020, mais il est en partie dépendant des changements introduits dans le paysage sportif belge. Quelles sont les perspectives pour 2020 ? Eddy De Smedt, directeur du Haut Niveau au COIB, répond à la question…
Avec six médailles réparties équitablement entre les trois métaux représentés sur le podium, le bilan du Team Belgium aux Jeux Olympiques de Rio en 2016 - le meilleur depuis vingt ans - fut extrêmement positif. D’autant que treize autres places de Top 8 ont été enregistrées à cette occasion. Mais comment faire encore mieux, dans deux ans, à Tokyo ? C’est la question que nous avons posée à Eddy De Smedt, qui fut notre chef de délégation au Brésil.
"D’abord, il faut savoir que nous avons procédé, tant au niveau de l’organisation qu’au niveau des résultats, à des évaluations, lesquels sont toujours définies en fonction du prochain objectif", explique le directeur du Haut Niveau au COIB. "J’utilise d’ailleurs le terme particulier d’ évoluation . Il faut savoir dans quelle direction on veut aller. La question centrale ici, c’est : quels sont les éléments qu’on peut conserver sur la route qui nous mène à Tokyo ? Elle se pose à deux niveaux différents : en interne, avec les instances sportives concernées à travers la plateforme olympique, et avec les coaches; puis avec les athlètes, ceux qui ont fait des résultats lors de précédents JO et sont susceptibles de continuer mais aussi ceux qui figuraient déjà dans le projet Be Gold avant Rio 2016 avec pour objectif les Jeux de Tokyo. Tout cela prend un certain temps. Mais je peux déjà dire qu’il y a une évolution positive au niveau de la politique sportive en général, avec la création d’un plan d’action pour le sport de haut niveau en Flandre et la mise en place d’un nouveau décret sur la catégorisation des fédérations sportives en Fédération Wallonie-Bruxelles. Je pense que ces modifications dans le paysage sportif peuvent avoir un impact mais il faut attendre de voir, sur le terrain, comment les fédérations vont réagir à cette nouvelle situation."
La qualité plutôt que la quantité
Une chose est certaine : l’objectif du Team Belgium sera de "faire aussi bien, et si possible mieux encore" au Japon qu’au Brésil.
"Le plus important est d’avoir une approche positive, de croire en nos chances de succès et de continuer à fonctionner tous ensemble", souligne Eddy De Smedt. "En ce sens, la situation actuelle est comparable avec celle qui prévalait avant les Jeux de Rio. Aujourd’hui, il y a des raisons d’être positif quand on se tourne vers Tokyo mais nous disposerons de davantage de valeurs références à partir de cette année 2018, mais plus encore en 2019 et 2020 car seule la répétition des performances de haut niveau permet de révéler le vrai potentiel que présente une équipe. Et à ce propos, on préférera toujours travailler la qualité que la quantité : une participation massive de sportifs n’a jamais été garante de résultats aux Jeux Olympiques et la taille de notre future délégation à Tokyo ne constituera jamais un objectif en soi. Elle dépendra, en outre, du football, du basket-ball et du volley-ball où nous avons des cartes à jouer même si l’on sait que le parcours jusqu’aux JO peut se révéler compliqué."
"Le hockey, c’est l’exemple à suivre"
Et notre interlocuteur de passer en revue nos différents médaillés de 2016.
"En tête de liste, Nafi Thiam a démontré non seulement qu’elle restait à niveau mais qu’elle développait toujours son potentiel. En cela, et si cete situation perdure et qu’elle est épargnée par les blessures, elle figurera très certainement parmi nos grandes chances de podium au Japon. Autre médaillé d’or, Greg Van Avermaet a peut-être enregistré des résultats un peu moins bons dernièrement mais il garde un réel potentiel dans une discipline où le parcours de même que la forme du moment sont évidemment déterminants pour composer de la sélection. En ce qui concerne notre équipe masculine de hockey, médaillée d’argent, elle continue sur son élan et montre le bon exemple à suivre, tant au niveau de la structure que de la mentalité qui sied au sport de haut niveau. L’ambition de faire encore mieux est très grande et on sait ce que cela signifie. L’équipe féminine, elle, doit prioritairement viser une qualification, ce dont elle est parfaitement capable vu son potentiel, et évoluer au cours des deux prochaines années pour tendre vers un Top 8 à Tokyo. Ensuite, Pieter Timmers, vice-champion olympique en natation, se trouve un peu dans la même situation que notre judoka Dirk Van Tichelt, médaillé de bronze à Rio, dans le sens où leur situation est étudiée année après année, conformément à leur propre volonté. Pieter semble avoir trouvé un équilibre dans sa vie personnelle et je le crois suffisamment honnête, envers lui-même et envers son coach Ronald Gaastra, pour ne pas faire de la figuration à Tokyo. Quant à Dirk, les prochains championnats du monde pèseront peut-être lourd dans sa décision de continuer ou non. Enfin, Jolien D’hoore, troisième de l’omnium à Rio, se trouve face à deux perspectives : l’une, sur piste, en duo avec Lotte Kopecky en Madison (discipline où elles ont décroché le titre mondial), l’autre sur la route où elle ne sera peut-être pas sans chance."
Van Acker et Obreno OUT
Par ailleurs, ces derniers mois, le Team Belgium a enregistré la fin de carrière de deux sportifs emblématiques, Evi Van Acker (voile) et Hannes Obreno (aviron). Ce dernier, certes pas le plus médiatique de nos sportifs, s’était classé quatrième du skiff aux Jeux de Rio tandis que la régatière faisait partie du gratin mondial en Laser Radial. "Hannes a malheureusement dû arrêter ses activités pour raison de santé tandis qu’Evi a fait le choix d’arrêter", précise Eddy De Smedt. "Avec Emma Plasschaert, on tient déjà la relève pour Van Acker, et je ne doute pas que l’aviron sera représenté à Tokyo également, peut-être dans la discipline du deux de couple."
S’il est difficile, "vu la structure des compétitions internationales" d’avoir une vue réelle sur nos chances de déléguer un représentant dans un des nouveaux sports olympiques, Eddy De Smedt se félicite de voir naître de nouveaux projets comme celui du relais 4x400m féminin. "C’est une excellente chose !" lance-t-il. "L’émulation a toujours du bon et la présence d’une équipe dans une compétition internationale rejaillit toujours sur le regard que l’on porte sur un pays à l’étranger."
Des valeurs sûres et des espoirs
À Tokyo, il fait peu de doutes que la Belgique pourra s’appuyer sur une solide ossature de sportifs expérimentés, complétée par de belles promesses. "En athlétisme, les Belgian Tornados ont répondu présent lors de chaque grand rendez-vous et se sont constitué un énorme palmarès. Je les attends bien sûr dans deux ans, de même que Thomas Van der Plaetsen et Philip Milanov pour ne citer qu’eux", poursuit Eddy De Smedt. "Parmi les valeurs sûres, je pourrais encore citer David Goffin et Elise Mertens en tennis, Nicolas Colsaerts et Thomas Pieters en golf, Charline Van Snick et Toma Nikiforov en judo. Parmi les disciplines à suivre, je n’oublie pas les sports équestres, dont il faudra suivre l’évolution, la gymnastique, dont la qualification par équipe était une bonne surprise à Rio et qui présente un réel potentiel, ou encore le triathlon et le taekwondo. Ce dernier sport est à la croisée des chemins après deux saisons plus difficiles et un changement de coach au nord du pays. Voyons comment la structure et les athlètes vont gérer et digérer ces changements… Quant aux espoirs, il faudra tenir à l’œil des sportifs comme la cycliste Nicky Degrendele, championne du monde en titre de keirin, le golfeur Thomas Detry, le judoka Matthias Casse ou encore Artuur Peters en canoë-kayak."
En ce qui concerne les relais mixtes, introduits en athlétisme et en triathlon, Eddy De Smedt se veut plus prudent : "Il y a, à mon sens un équilibre à trouver entre ce que ces relais peuvent nous rapporter et quels sont les risques qu’ils comportent."