20 octobre 1968: et Dick Fosbury révolutionne le saut en hauteur
Il y a 50 ans, aux Jeux Olympiques de Mexico, l'Américain Dick Fosbury révolutionne la technique du saut en hauteur en franchissant sur le dos une barre placée à 2,24 m.
- Publié le 20-10-2018 à 17h43
- Mis à jour le 20-10-2018 à 17h44
Il y a 50 ans, aux Jeux Olympiques de Mexico, l'Américain Dick Fosbury révolutionne la technique du saut en hauteur en franchissant sur le dos une barre placée à 2,24 m. Mexico 68. Il y eut le bond de Beamon, il y aura la saut de Fosbury.
Ce 20 octobre 1968, le mouvement olympique se remet doucement de ses émotions. Ces Jeux en valaient la chandelle : avec la black finale supersonique du 100m, les poings révolutionnaires des Ricains du 200, le saut irréel de Beamon... mais aussi le premier 400m sous les 44 secondes, la session d'athlétisme valait déjà son pesant d'histoire. Alors, pour ce dernier jour des compétitions à l'University Olympic Stadium, les spectateurs n'attendaient plus l'orgasme émotionnel. C'était sans compter sur un grand blond avec une chaussure noire…
Dick Fosbury était un athlète américain qui rêve de devenir le roi du saut en hauteur. On le prédestine au basket, en raison de sa grande taille, mais ce fort en math préfère placer la barre plus haut encore. Enfant, il commence le saut en hauteur avec la méthode du ciseau. À 14 ans, il passe 1,62m. Pour qu'il progresse, ses entraîneurs lui enseigne le rouleau ventral, mais Dick ne s'y habitue pas, ne parvenant pas à s'approprier les bons gestes. Il parvient à franchir 1,80m, mais sent qu'il ne pourra pas sauter plus haut… sauf s'il se retourne et passe la barre sur le dos. Il s'entraîne plus dur encore. En 1965, il devient champion junior grâce à sa nouvelle technique. Berny Wagner, entraîneur dans l'université d'État de l'Oregon qu'il va intégrer, décide de travailler avec lui, mais tente de le remettre sur le ventre. Sans succès : en secret, Fosbury continue de peaufiner son ventral inversé, et convainc finalement son coach. Tout s'enchaîne : en 1967, il passe 2,10m aux championnats universitaires. Puis, il franchit 2,21m lors des sélections olympiques américaines. Direction les JO 68 !
À Mexico, ce 20 octobre 1968, les 80.000 spectateurs présents dans le stade ne peuvent s'empêcher de rire à chaque saut de cet échalas disgracieux. Des "Ole" jaillissent des tribunes quand il s'élance. Puis, les cris d'étonnement masquèrent les éclats de rire du public, en même temps que la barre s'élevait. Même les officiels du concours demandèrent un temps mort pour vérifier si la technique utilisée par Fosbury était bien réglementaire. Imperturbable, Dick n'en avait cure…
"Oui, les gens riaient, mais ils ne se moquaient pas. Beaucoup pensaient simplement que j'avais trouver une combine pour sauter plus haut. Mais ce qui m'étonnait, c'est que beaucoup d'entraîneurs me critiquaient ouvertement, et me prédisaient l'échec. Ils ne savaient simplement pas comment enseigner ma technique..."
À Mexico, Fosbury passe les barres proposées à son premier essai : 2,03 m, 2,09 m, 2,14 m, 2,18 m, 2,20 m. Le favori soviétique Valentin Gavrilov échoue à 2,22 m. Pas Dick. Ils ne sont plus que deux dans le concours : Fosbury et son compatriote Ed Caruthers. Barre à 2,24m. Caruthers échoue. Fosbury a besoin de trois essais pour effacer la barre, sur le dos. Le nouveau champion olympique a conquis le stade mexicain… et révolutionné son sport : le Fosbury-flop est né.
"Comme à chaque révolution, il fallut d'abord une période de transition", explique Fosbury. "Ce n'était pas évident pour les entraîneurs qui devaient renier certains de leurs principes enseignés depuis des lustres. Il y eut donc logiquement une petite période de flottement. Aux Etats-Unis, on commença réellement à apprendre ma technique au début des années 70. Ce fut une énorme fierté, pour moi."
À Mexico, Fosbury tenta encore d'aller plus haut. Il demanda une barre à 2,29m. Qui se refusa à lui, cette fois. À trois reprises.
Ses études d'ingénieur allaient ensuite prendre le dessus sur ses entraînements, même s'il tenta bien de se qualifier pour les JO de Munich quatre ans plus tard, sans succès. Sa carrière de sportif de haut niveau se termina sur cet échec, mais sa technique devint incontournable sur les sautoirs.
"Quand Dwight Stones est devenu le premier homme à sauter 2,30m, en fosbury-flop. C'était génial..." sourit l'Américain, persuadé évidemment que sa technique est la meilleure du monde.
"Que des entraîneurs aient continué à enseigner le ventral ne m'a pas contrarié. C'est aussi un joli match de voir quelle technique va emmener le sauteur le plus haut..."
Le record du monde actuel est détenu par le Cubain Javier Sotomayor avec un saut à 2,45 m lors du meeting de Salamanque le 27 juillet 1993. En Fosbury-flop évidemment...
Podium du saut en haut des JO de Mexico 68
- 1. Dick Fosbury (USA) 2,24m
- 2. Ed Caruthers (USA) 2,22m
- 3. Valentin Gavrilov (URSS) 2,20m