Hockey: les Bleus s’expatrient de plus en plus sur les terrains belges
- Publié le 19-09-2018 à 21h08
- Mis à jour le 19-09-2018 à 23h37
La rivalité franco-belge a atteint un pic sur les terrains sportifs cet été lors de la Coupe du monde. Il y a un an, les deux nations s’étaient arrachées pour un Saladier d’Argent. Umtiti et Pouille ont, dans les deux cas, fait pencher la balance du côté de l’Hexagone.
En matière de sport, la Belgique nourrit souvent un petit complexe d’infériorité par rapport à son grand voisin. Le hockey bouscule la hiérarchie classique. Troisième nation à la FIH, elle n’évolue pas dans la même cour que la France, qui n’accroche que la 20e place.
Pour combler ce gouffre, les Bleus s’expatrient de plus en plus sur les terrains belges. Sur les 27 membres de l’équipe de France, 15 évoluent cette saison en Division d’Honneur. “Le passage en Belgique n’est pas obligatoire”, confie l’une des plus belles révélations du dernier championnat, Jean-Baptiste Forgues. “Disputer un championnat aussi relevé constitue une étape importante dans notre évolution. En DH, le niveau technique est supérieur à celui de la France. L’organisation tactique est plus rigoureuse. Le rythme des matches est intéressant, mais il reste inférieur à celui des rencontres internationales.”
La French connection est si bien implantée en Belgique que le staff de l’équipe de France a intronisé Waterloo comme second pole d’entraînement, derrière Paris. Le Watducks sonnait comme une évidence vu que Xavier De Greve assume les fonctions de T1 des Verts et de T2 des Bleus. “Nous avons quatre sessions par semaine à Waterloo. Chaque mois, nous nous retrouvons tous à Wattignies, près de Lille.”
Le Français a donc la cote en Belgique. Le Léopold est enchanté de l’apport de son duo Forgues-Coisnes. L’an passé, pour leur première saison, ils ont été des artisans de la réussite des Rayés. “Je dois assurer l’année de la confirmation”, pointe le défenseur qui veut travailler son jeu à la balle et son jeu long. “Dans cette équipe, chacun fait son job ce qui simplifie les tâches de tout le monde.”
Son intégration a été d’autant plus simple qu’il n’a pas connu de choc des cultures. “Je ne suis pas confronté à la barrière de la langue”, poursuit celui qui loge avec son coéquipier Gaspard Baumgarten à Ixelles.
Cette vie d’expatrié sportif n’était pas inscrite dans son ADN lorsqu’il a poussé la porte du FCLHC, c’est-à-dire le Football Club de Lyon Hockey Club. “Comme j’habitais dans la même rue, mes parents trouvaient pratique de m’inscrire là. Je suis le premier membre de la famille à avoir touché un stick.”
Il a grandi à Lyon dans un matricule qui réunissait moins de 300 membres. Il confesse avoir appris sur un terrain sablé. De 2000 à 2014, il n’a porté que les couleurs lyonnaises avant de partir en Erasmus à Madrid. “J’ai découvert le championnat espagnol.” De retour à Lyon pour deux saisons, il a finalement pris la direction du nord, à Bruxelles. “Le hockey a pris une part considérable de ma vie lorsque je suis rentré en équipe de France à… 16 ans.”
Il l’ignorait encore, mais il faisait partie de la fameuse tranche générationnelle de 1992-1993. En U21, la France de Forgues a conquis le titre de vice-championne du monde en Inde. “L’étape était importante, mais elle demande surtout une confirmation chez les seniors. Le noyau A d’aujourd’hui est composé de cette génération.”
La France, qui a enrôlé Jeroen Delmee comme entraîneur principal, trime pour effacer son retard. Elle court toujours derrière son exploit qui lancera tout. “Nous n’avons pas encore connu notre Manchester 2007 comme les Belges. Nous accusons un retard de 10 ans sur la Belgique. Une qualification pour les JO ou une bonne performance en Coupe du monde – la France est dans la poule de l’Argentine, la Nouvelle-Zélande et l’Espagne – nous aiderait. L’engouement décuplerait. Les sponsors arriveraient”, poursuit avant de conclure l’homme qui est fier d’avoir combiné une telle carrière avec celle d’ingénieur civil à l’Insa à Lyon. L’an passé, il a suivi un master en sciences de gestion à Louvain-la-Neuve. Cette année, il travaille chez Deloitte comme consultant.
Il mènera cette double vie jusqu’en 2024 car il espère prendre sa retraite sportive au soir des JO de 2024 sur une grande performance française. Il aura alors 32 ans.