Arthur de Borrekens invente un autre chemin vers le sommet
Après un break de 4 ans, l'attaquant gantois de 20 ans rêve de porter un jour le maillot des Red Lions.
- Publié le 24-10-2018 à 16h20
- Mis à jour le 24-10-2018 à 17h30
Quand il monte sur le terrain lors du line up, Arthur de Borrekens attire d’abord l’attention pour ses boucles à la Fellaini et pour son air maigrichon. Gamin de 20 ans, cet attaquant dispute sa première saison en Division d’Honneur. Dimanche dernier, il a crucifié David Van Rysselberghe en plantant son premier but en DH.
S’il n’a pas la carrure hypermusclée d’un Tom Boon ni la présence d’un Cédric Charlier ni la technique d’un Thomas Briels, Arthur de Borrekens mérite d’être connu. Sa détermination sans faille l’aidera à déplacer des montagnes.
Formé à Gand et à l’Indiana, il a tout plaqué à 15 ans car il préférait la vie... en internat. Etudiant à Loppem, il ne pouvait plus suivre les entraînements durant la semaine. “Entre le sport pratiqué à l’internat et le scoutisme, je ne voyais plus quelle place accorder au hockey”, confie Arthur de Borrekens qui n’a plus touché le moindre stick durant 4 ans. “Mes parents n’étaient pas emballés à l’idée que je parte en internat. J’y ai passé de belles années.”
De belles années sans hockey. D’ailleurs, son stick ne lui manquait pas du tout. “Un jour, je me suis réveillé avec l’envie de relever un défi sportif ambitieux. J’ai songé à m’inscrire dans un club de football.”
Mais, il n’avait jamais joué en club si ce n’est au hockey. Son ami Pierre Desimpel a sauté sur l’occasion pour le ramener au hockey. “Je vois ce long arrêt comme un malheur et une chance. J’ai accumulé beaucoup de retards sur un plan technique, mais j’ai découvert la vie.”
Après l’obtention de son diplôme à Bruges, il a pris une année sabbatique où l’enfant est devenu un homme. Il a d’abord offert trois mois de sa vie comme volontaire au Costa Rica et au Nicaragua avant de rejoindre la terre d’origine de sa maman, le Panama. “Je me suis ressourcé durant un mois auprès de ma famille avant de poursuivre l’aventure au Canada et à New York. A Vancouver, il s’est mis dans la peau d’un instructeur de ski alors qu’il a rejoint Big Apple pour suivre un stage de photographie.”
Quand il a atterri en Belgique à 19 ans, Arthur de Borrekens a rencontré le légendaire Pascal Kina qui trimait pour mettre Gand sur la carte du hockey. “J’avais la certitude que j’adorais le sport et la compétition. Pascal me connaissait depuis toujours. Il m’a fait confiance en m’acceptant en équipe réserve.”
En septembre 2017, l’attaquant, assoiffé d’apprendre, courait dans tous les sens sur le terrain au point que Pascal Kina le convoque dès le mois de janvier pour les entraînements avec l’équipe première. “J’ai souffert au début.”
La Gantoise n’est pas une équipe de touristes. Le projet ‘Gantoise 2020’ vise à faire de cette équipe celle qui remportera le championnat dans 2 ans. “Côtoyer ces grandes stars m’aide à apprendre plus vite”, souffle cet impatient qui rêve très grand. “La rapidité et la vivacité de mes coéquipiers m’avaient laissé une forte impression.”
Il ne s’est pas laissé démonter par le gouffre qui le séparait du top. A force de travail sur et en dehors des terrains, il a été convoqué en fin de saison par l’entraîneur. “Je lui ai, à nouveau, exprimé toute ma détermination à réussir.”
Le verdict est immédiat. Arthur de Borrekens a disputé les 8 premiers matches de la saison avec l’équipe première. Il reçoit chaque dimanche le soutien de Kina qui lui offre un temps de jeu honorable. “Je joue 50 % des matches. Il croit dans le projet Arthur.”
Les dirigeants gantois ne cachent pas leur fierté de voir un gamin du club assumer ses responsabilités. Quant à l’attaquant, il voue une reconnaissance éternelle aux instigateurs du projet ambitieux à Gand. “Il y a 15 ans, Gand était loin de ce niveau de professionnalisme. Quand je suis revenu, je n’avais pas le niveau, mais je suis décidé à devenir comme eux.”
Des gens se sont moqués de luiIntelligent, il observe tout autour de lui. Il questionne et retient les conseils. En six mois, il a pris une autre dimension dans le jeu, mais il devra encore déplacer quelques montagnes s’il veut vivre son rêve le plus fou : aller aux Jeux olympiques.
“Les Red Lions ? J’en suis encore très loin. J’ai envie de me donner deux ans où je me donnerai à fond. Je suis là pour apprendre. Je me cherche encore. J’analyse bien le jeu, mais je dois encore prendre de la confiance pour oser plus. Je ne me mets pas de limite. Il y a un an, trois quarts des gens se moquaient de moi quand je leur expliquais que je jouerais en équipe première à Gand. J’y suis déjà. Pourquoi ne pourrais-je pas rêver de porter un jour le maillot des Red Lions ?”
Il n’a pas encore prévu d’appeler Shane McLeod tout de suite, mais il serait étonnant qu’il ne soit pas invité un jour à participer à des entraînements malgré son parcours atypique. Les 20 premières années de sa vie n’ont pas gavé de hockey celui qui possède la double nationalité. “Je n’ai aucune intention de porter le maillot du Panama qui n’est pas une nation de hockey. Si j’entends l’hymne nationale sur le terrain, ce sera la Brabançonne.”
Premier membre de sa famille à figurer dans les listes de l’ARBH, il rend fier son papa Philippe et sa maman Marta ainsi que son frère Edouard qui le regarde de là-haut.