Tiger Woods: les secrets de son retour

C’est sans doute le come-back le plus fabuleux de l’histoire du sport. Voilà plusieurs années que Tiger Woods collectionne les malheurs, tant sur le plan privé que professionnel. Tout a commencé en 2009 avec les révélations sur ses sulfureuses aventures extra-conjugales. Obligé de divorcer, de présenter des excuses publiques à l’Amérique puritaine et de suivre une cure de désintoxication sexuelle, il semblait à la dérive. L’épisode de son arrestation, en août 2017, par la police de Floride ajouta un chapitre sordide à sa déchéance. Retrouvé hagard au volant de sa voiture, incapable d’aligner deux mots, il faisait carrément pitié. La presse imagina qu’il était sous l’emprise de drogue ou d’alcool. L’enquête révéla qu’il était, en réalité, sous l’effet d’antidépresseurs. Avec le recul, cet épisode servit clairement d’électrochoc. D’autant que, parallèlement, il reçut enfin de bonnes nouvelles de la Faculté sur son état physique. Depuis sa dernière victoire en Grand Chelem (US Open 2008), Tiger multipliait, en effet, les blessures avec, en toile de fond, quatre lourdes opérations au dos. “Longtemps, j’étais déjà content de savoir me lever de mon lit...”

Remis définitivement sur pieds par une dernière intervention chirurgicale, il a repris le chemin du practice voici un an à peine. Et le voilà qui, tel le phénix, renaît de ses cendres. Un peu, beaucoup, à la folie. En remportant, dimanche, le Tour Championship, bouquet final de la saison sur le PGA Tour, le Tigre a mis fin à cinq années de disette sur le circuit. “Je suis un miraculé” sourit-il.

Il n’a pas tort. Voici un an, l’icône du swing mondial pleurait son infortune et pointait au-delà de la millième place du ranking mondial. Le voilà aujourd’hui installé à la treizième place. En attendant mieux. “Cette saison 2018 était celle de toutes les inconnues. Désormais je sais ce que je dois faire pour encore mieux performer” confie-t-il, les yeux teintés de bonheur.

Car le nouveau Tiger est visiblement heureux. Heureux de jouer et de vivre. Fermé comme une huître et isolé dans sa tour d’ivoire durant de nombreuses années, il est désormais bien plus accessible. Il sourit, signe des autographes, répond aux interviewes. Une vraie métamorphose. Et son golf suit le mouvement. “J’ai beaucoup souffert pour retrouver un bon niveau. Ce sont des heures et des heures d’entraînement. Mais, au fond de moi-même, j’y ai toujours cru...”

Et pourquoi ne pas l’imaginer, dès lors, ajoutant d’autres Majors à son tableau de chasse? Pour l’heure, il a gagné 14 Grands Chelems, soit quatre de moins que Jack Nicklaus. Certes, Tiger a 42 ans. Mais comme le bon vin, le champion de golf vieillit bien. D’ailleurs, Nicklaus a remporté son dernier Masters à 46 ans!

En attendant, Woods est arrivé à Paris pour disputer la Ryder Cup. Initialement, il était prévu comme...adjoint du capitaine. C’est un beau roman, c’est une belle histoire...

Et maintenant la Ryder Cup !

Tiger Woods n’entend pas en rester là. Fort de sa victoire à Atlanta (la 80e de sa carrière sur le circuit professionnel) et de son retour dans le Top 15 mondial (il est désormais 13e sur les tablettes), le "Tigre" espère frapper un grand coup lors de la Ryder Cup qui se disputera, de vendredi à dimanche, sur le parcours parisien du Golf National. Bizarrement, l’homme aux 14 Grands Chelems n’a jamais réellement brillé dans cette compétition si particulière qui se joue en équipe. En sept participations, il n’a remporté qu’une seule fois le trophée (en 1999) et son bilan personnel est très mitigé (13 victoires, 17 défaites, 3 nuls). On a longtemps expliqué ces statistiques décevantes par son tempérament très individualiste et par son manque de team spirit. Mais le Woods 2018 est très différent. Plus ouvert, plus sociable et plus collectif. À Paris, il veut, par conséquent, donc porter l’équipe US vers les plus hauts sommets et jouer un peu le rôle de "papa poule" auprès de la nouvelle génération emmenée, entre autres, par Jordan Spieth, Justin, Thomas, Brooks Koepka ou Patrick Reed.