Golf: le caddie, bien plus qu’un porteur de sac !
Les caddies des champions sont de vrais professionnels. Un métier bizarre. Décryptage.
- Publié le 18-05-2018 à 15h57
- Mis à jour le 06-09-2018 à 19h36
Les caddies des champions sont de vrais professionnels. Un métier bizarre. Décryptage.
Dans l’imaginaire du grand public, le caddie se contente de porter le sac du joueur, un peu comme le valet porte les valises d’un client dans un hôtel. La réalité est très différente. Sur le circuit professionnel, le caddie est le véritable partenaire du champion. "Ils forment un véritable binôme. Un team où chacun a son rôle précis et où la complémentarité est essentielle", explique Vincent Borremans, manager de Nicolas Colsaerts et Thomas Detry.Sur un tournoi, le caddie commence sa mission dès le lundi avec un repérage solitaire et pointu du parcours. "Il prend des notes sur chaque trou, analyse les distances au mètre près, visualise les tombées de balle, décrypte les pentes des greens, anticipe les pièges…"
Lorsque , le lendemain, le joueur débarque pour son tour de reconnaissance, il a donc à sa disposition un road-book ultra-précis, qui le met d’entrée en confiance et lui facilite grandement la tâche. Durant le tournoi, le caddie poursuit son job. Il porte, bien sûr, le sac (près de 20 kilos) durant les 18 trous de chaque tour. Mais il assume surtout un rôle de co-pilote, de conseiller, parfois même de psy. "Le patron, c’est le joueur. C’est ce dernier qui prend, in fine, toutes les décisions, choisit le club, définit la stratégie. Mais le caddie peut user de son influence. Il peut subtilement suggérer, insister sur la force du vent, souligner la vitesse d’un green. En évitant, bien sûr, de trop en faire pour ne pas énerver son employeur..."
Sur l’European Tour et le PGA Tour, les caddies sont des professionnels. "Le plus souvent, il s’agit d’excellents golfeurs qui n’ont pas réussi à faire carrière au plus haut niveau mais qui ont le golf dans la peau. Leur vie de nomade est bizarre. Ils parcourent le monde loin des feux de la rampe, sans véritable contrat d’emploi. Ils peuvent être licenciés du jour au lendemain sans la moindre indemnité. Mais ils connaissent les règles du jeu et s’en accommodent " , précise Vincent Borremans.
En général, le caddie reçoit de son champion une indemnité forfaitaire de 1.200 euros par tournoi avec laquelle il doit payer ses transferts, son logement et ses repas. Parallèlement, il touche 10 % du prize-money gagné par son patron. Si ce dernier ne passe pas le cut, sa semaine ne lui aura donc rien rapporté. "Mais ce sont de vrais passionnés. Ils ont choisi ce métier. Pour diminuer les frais, ils voyagent souvent ensemble, partagent leurs chambres, se contentent d’un confort spartiate bien loin des palaces !"
Forcément, les caddies des stars des greens gagnent, eux, bien mieux leur vie. Lors des grands millésimes de Tiger Woods, les revenus de Steve Williams pouvaient dépasser le million de dollars par an. Une année, le Néo-Zélandais avait même été élevé au rang de sportif le plus riche de son pays !
La plupart des caddies évoluant sur l’ European Tour sont britanniques. On constate là-bas une véritable culture du golf avec, dans certains clubs, une filière d’apprentissage du métier que l’on retrouve aussi aux États-Unis. Ce n’est pas un hasard si le caddie de Thomas Pieters est américain, celui de Thomas Detry irlandais et celui de Nicolas Colsaerts australien. En Belgique, on ne recense aucun caddie professionnel. Et dans les clubs, avec l’essor des chariots électriques et des voiturettes, il n’existe même plus de caddies amateurs pour, tout simplement, porter le sac.