Géraldine Fasnacht, spécialiste du wingsuit: "Voler, c’est un rêve de petite fille"
Éprise de liberté, Géraldine Fasnacht, spécialiste du wingsuit, passe d’un sommet à l’autre avec bonheur.
- Publié le 22-07-2018 à 08h24
- Mis à jour le 22-07-2018 à 08h25
Éprise de liberté, Géraldine Fasnacht, spécialiste du wingsuit, passe d’un sommet à l’autre avec bonheur.Elle aurait pu se laisser gagner par la facilité, empiler les victoires internationales sur le circuit de freeride (elle en compte onze au total dont trois lors de l’Xtreme de Verbier entre 2002 et 2009) et vivre de ses acquis. Mais Géraldine Fasnacht est une amoureuse de la vie et une amoureuse de la nature, une double passion qui pousse la Suissesse à découvrir sans cesse de nouveaux horizons.
"Après huit ans passés sur le circuit international de freeride, je me suis dit qu’il était temps de paser à autre chose", dit la native de Lausanne, qui a découvert le ski à l’âge de deux ans ("c’est juste normal en Suisse") et qui s’est installée aujourd’hui à Verbier. "J’aime cet endroit parce que c’est un terrain de jeu infini. Au gré des saisons, je bouge… Certains sommets me donnent envie de rider, de voler, de marcher… Ici, je peux vivre mes passions intensément, encore et encore."
Des passions nées de sa pratique du snowboard, qu’elle a découvert à huit ans. "J’ai très vite voulu commencer à aller dans la montagne pour aller tracer des lignes tout autour de moi. Et c’est le snowboard, mon premier amour, qui m’y a amenée..."
Dès 2001, le basejump - du saut en parchute depuis un point fixe - devient l’un de ses nouveaux hobbies. "J’ai commencé par sauter en parachute depuis des avions, j’avais plus de 300 sauts au compteur, afin de me sentir assez à l’aise en l’air et de pouvoir commencer à sauter de falaises. L’expérience ne s’achète pas en regardant des vidéos sur Youtube, elle se vit ! L’été, je faisais donc du basejump et l’hiver du snowboard."
Géraldine Fasnacht puisera dans le terrible accident qui a coûté la vie à son mari, en 2006, la force de continuer à écrire sa propre histoire et à accomplir son destin. Et c’est ainsi qu’elle deviendra, dans les médias, la "femme-oiseau", après être devenue, en 2014, la première femme à s’élancer du Cervin (4.478 m d’altitude) en wingsuit.
"C’était le saut de ma vie", dit la jeune femme de 38 ans, éprise de liberté. "Il y a eu des moments de doutes, des moments difficiles à vivre. Mais depuis 2009, avec l’évolution des combinaisons, je me disais qu’un jour ce serait possible. Je peux comprendre que des gens disent qu’on est fous. Mais j’ai consacré toute ma vie à la montagne, je m’entraîne très régulièrement et, aujourd’hui, je réalise mon rêve de petit fille, de voler dans ces paysages incroyables."
Sans ignorer les risques inhérents au wingsuit, cette discipline où l’on frôles les parois des montagnes à des vitesses vertigineuses.
"On m’a toujours dit qu’un être humain ne volait pas. Et pourtant, on vole !" reprend-elle. "Mais à 160 km/h, il est vrai que la moindre erreur peut être fatale. L’accident peut arriver très, très vite. On n’a pas de joker dans ce sport. Je crois que c’est important de garder la peur, pour se dire que ce qu’on fait n’est pas facile et qu’il faut tout faire avec justesse. Mais ce qui me pousse à prendre ces risques, c’est le bonheur pur de voler. C’est une sensation indescriptible ! Ça nous fait voir la vie autrement."
Un point de vue sur l’existence qui, depuis le Mont Rose (4.634 m) où Géraldine Fasnacht a déployé ses ailes en 2016, devait être sacrément joli !