Erwin Vanderplancke, déjà parmi le gratin mondial du triathlon à 23 ans
Le Liégeois, affilié au TRIGT, prendra part à la finale des World Series, ce vendredi
- Publié le 13-09-2018 à 11h59
- Mis à jour le 13-09-2018 à 13h00
Le Liégeois, affilié au TRIGT, prendra part à la finale des World Series, ce vendredi
Quand on aime, on ne compte pas ! Et Erwin Vanderplancke aime le triathlon… Il ne compte ni ses heures passées dans les avions, ni ses nuits à l’hôtel ou en appart à l’étranger, ni, forcément, ses journées d’entraînement. Le Fouronnais de 23 ans ne compte même pas cet argent qu’il investit, avec l’aide de son club, le TRIGT, pour pratiquer son sport au plus haut niveau.
Faute de budget à la Ligue francophone, Erwin a dû financer son voyage à Gold Coast, en Australie, où il prendra part à la finale des World Series, ce vendredi, à 12 h 45 (4 h 45, en Belgique). Une apothéose de la saison pour laquelle il s’est qualifié en dernière minute. "Je peux m’aligner ici, à Gold Coast, grâce à ma dixième place lors de la manche de Coupe du Monde, le 18 août, à Lausanne. Et encore, je suis inscrit en -23 ans parce que la start-list des élites était déjà clôturée. Mais je ne me plains pas. Au contraire, je suis heureux d’être présent, malgré les conditions. J’en profite pour remercier Jacques Naveau, président du TRIGT, qui croit en moi. Sans lui, je ne serais pas ici."
Rejoint par Christophe De Keyser, également affilié au club tournaisien et dans le même cas financier que lui, Erwin Vanderplancke a tout mis en œuvre pour être prêt, d’autant qu’après Lausanne, il a confirmé en se classant sixième, le 2 septembre, à Karlovy, une autre manche de Coupe du Monde, ce qui lui vaut de pointer au 46e rang olympique ! "L’épreuve à peine terminée, le dimanche en fin d’après-midi, j’ai repris l’avion pour rentrer en Belgique et repartir le lendemain matin. Et je suis arrivé en Australie le mardi soir. Pendant deux ou trois jours, j’ai éprouvé le besoin de récupérer. Logique ! Puis, j’ai repris l’entraînement, pendant le week-end, histoire de re-stimuler le corps. Et me voilà prêt ! Mais attention : je ne me mets aucune pression. Je vise un Top 12 et toute place gagnée sera du bonus."
Les Jeux en ligne de mire
Derrière Marten Van Riel et Jelle Geens, les n° 1 et 2 du triathlon belge, Erwin essaie de se frayer un chemin pour assouvir son rêve : les Jeux olympiques ! Et il semble avoir franchi un cap, cette saison, après ses stages à l’étranger. "L’hiver dernier, j’ai suivi Christophe De Keyser avec qui je me suis joint à un groupe d’entraînement à Lisbonne. Mais je me suis rendu compte que cette option ne me convenait pas. Alors, avec mon entraîneur, Cédric Brennenraedts, nous avons décidé de changer. Nous sommes partis en altitude, à la Sierra Nevada, et je pense en récolter les fruits aujourd’hui. Pour s’occuper de moi depuis quatre ou cinq ans, Cédric me connaît bien. Il me fixe des objectifs et je suis dans les temps ! Mais je ne suis pas obsédé par Tokyo 2020. Je n’ai que 23 ans et je peux raisonnablement espérer être à maturité en 2024, à Paris, ou en 2028, à Los Angeles."
De deux ans son aîné, Christophe De Keyser rêve aussi des Jeux. "Avec le temps passé ensemble, souvent à l’étranger, Chris est devenu mon meilleur ami. Nous ne sommes pas rivaux. Au contraire, il est heureux quand ça marche pour moi et je le suis lorsque ça roule pour lui. Tous deux, nous voulons figurer dans le Top 60 au ranking olympique pour pouvoir participer aux Jeux. Mais c’est limité à deux triathlètes par pays et, pour le moment, Marten et Jelle occupent ces deux places…"
On le voit : la route est encore longue, mais Erwin Vanderplancke est persévérant…
“Le sport d’équipe ne me convenait pas”
Né le 6 avril 1995, à Liège, Erwin Vanderplancke a commencé le triathlon sur le tard, à l’âge de 13 ans. Et pour cause… Auparavant, il jouait au football !
“J’ai suivi toute ma formation au FC Liège. J’ai passé et réussi mes tests au Standard, mais je ne m’y suis pas attardé. J’étais souvent sur le banc ! À 12 ans, je suis revenu dans mon club formateur, mais le sport d’équipe ne me convenait pas. Je n’arrivais pas à endosser la responsabilité des autres lors d’une défaite. À l’école, j’aimais courir. Je participais à toutes les courses interscolaires. Le week-end, à des joggings. Puis j’ai rencontré Hervé Maurissen qui m’a transmis sa passion du triathlon. Je me suis affilié au club d’Ouppeye. C’était il y a dix ans mais, pour moi, c’était comme hier… Je me souviens de mes premiers championnats de Belgique jeunes. J’ai terminé deuxième, derrière Paul Bara. Ensuite, tout s’est enchaîné très vite parce que je me suis entraîné sérieusement. J’ai été envoyé sur des Coupes d’Europe juniors dès l’âge de 14 ans et je me suis épanoui dans la discipline. J’étais, enfin, le seul responsable de mes victoires, mais aussi de mes défaites. Je me suis construit. Avec des hauts et des bas. Et j’ai toujours bénéficié du soutien de ma famille. Je n’en serais pas là sans eux.”
“Je ne suis pas encore pro”
Le jeune Fouronnais espère décrocher un contrat à l’Adeps ou à l’armée Après avoir travaillé pendant un an et demi dans un magasin de sport, Erwin Vanderplancke est aujourd’hui au chômage. Une situation pas évidente à vivre au quotidien pour lui qui rêve de vivre de sa passion, de son sport. “L’argent est, bien entendu, le nerf de la guerre. Depuis sept ou huit ans, l’Adeps est derrière moi au travers de bourses allouées annuellement. Mais je ne suis pas, à proprement parler, professionnel comme Marten Van Riel, à l’armée, ou Jelle Geens, au Bloso. Ma saison 2017 a été gâchée par une chute à vélo suite à un problème mécanique. Résultat : fracture du coude et six semaines de revalidation. Surtout, je n’ai pu m’aligner à l’Euro-23 ans… Moralement, ce fut dur à accepter, d’autant que la suite fut tout aussi délicate avec une 36e place au Mondial. Je n’ai pas atteint mes objectifs cette année-là. Et ça pèse lourd quand on doit discuter de subsides et de sponsors.”
Mais 2018 répond aux attentes…
“J’espère que mes récents résultats, à Lausanne et à Karlovy, et, croisons les doigts, à Gold Coast, m’ouvriront des portes, que ce soit via un contrat à l’Adeps ou à l’armée, histoire de planifier sereinement mon futur avec, pour objectif, les Jeux. Tokyo 2020 tombe peut-être encore un peu tôt pour moi. En tout cas, individuellement. Mais il y a également une place à prendre en relais mixte, même comme réserviste, parce que toute expérience vaut la peine d’être vécue pour convaincre les décideurs de croire en moi.”
Surtout, pour qu’Erwin ne doive penser qu’au sportif et pas, en plus, à la réservation de ses avions et de ses hôtels, ce qui sera encore le cas d’ici la fin de cette année avec quatre manches de Coupe du Monde attribuant des points en vue de la qualification olympique !