Milanov s’affirme avant Rio
Vice-champion du monde, le Brugeois est devenu vice-champion d’Europe ce samedi avec 65,71m. Un timing idéal en vue des Jeux.
- Publié le 11-07-2016 à 11h42
Vice-champion du monde, le Brugeois est devenu vice-champion d’Europe ce samedi avec 65,71m. Un timing idéal en vue des Jeux. Comme l’an dernier, aux Championnats du Monde de Pékin, Philip Milanov a remporté une médaille d’argent, ce samedi soir, au stade olympique d’Amsterdam . Le Brugeois a lancé au troisième essai à 65,71m, la huitième performance de sa carrière, suffisante pour monter sur la deuxième marche du podium derrière le champion du monde polonais, Piotr Malachowski (67,06m). De quoi, également, laisser présager le meilleur pour les Jeux Olympiques. Voici pourquoi....
Il a pris de l’expérience
Avec une deuxième médaille internationale en l’espace de onze mois, Philip Milanov peut désormais être considéré comme une valeur sûre de la discipline. Ses concurrents le prennent désormais au sérieux, et plus comme un talent naissant.
"Piotr Malachowski m’a dit que j’étais capable de lancer à 70m" , explique notre compatriote.
Surtout, Milanov a emmagasiné une expérience très utile en Diamond League , où la nouvelle (et mauvaise !) règle ne permettant qu’au Top 4 après trois lancers de bénéficier de trois autres essais l’a obligé à s’appliquer d’emblée. À Amsterdam, tant en qualifications qu’en finale, il a lancé à 64m dès le premier essai.
"C’est particulièrement important pour les qualifications, où l’on peut tout perdre sur trois tentatives, et cela me procure, en tout cas, beaucoup de confiance" , dit Philip.
il est régulier
Âgé de 25 ans, l’athlète d’1,98m pour 110 kg a affiché une belle régularité en finale avec quatre lancers à plus de 64m (64,07 m, 64,46 m, 65,71 m, 64,79 m, X, 63,49 m). "Toute ma série était bonne, je n’ai fait qu’un mauvais lancer sur les six, le cinquième" , explique l’étudiant en arts graphiques. "Cette régularité, c’est un élément important que j’emporterai à Rio le mois prochain."
Il arrive à se lâcher
Tant lors de la présentation, en improvisant une petite danse avec la mascotte de l’évenement, que lors de la finale, en invitant le public à redoubler d’encouragements, Philip Milanov a montré qu’il sortait peu à peu de sa coquille et qu’il était capable de se lâcher.
"Aux côtés de ma mère, j’avais de nombreux supporters dans les tribunes et même les Néerlandais m’ont encouragé. J’en ai profité" , sourit le colosse belge, stimulé du regard et du geste par son papa entre les lancers. "C’est un soutien mental important, il me motive terriblement !"
Il est taillé pour les championnats
Avec cette nouvelle médaille d’argent, Philip Milanov se profile de plus en plus comme une bête de championnats.
"J’adore ce genre d’événement où il faut être compétitif tout en restant calme mais aussi cette ambiance qui vous survolte" , affirme-t-il. Aux JO, il sera servi ! Quant à la pression, il dit ne pas la ressentir...
Cette médaille le stimule
Sa 2e place européenne dans un concours de niveau mondial le place dans les meilleures conditions mentales avant l’échéance olympique.
"Mentalement, je suis plus fort qu’il y a un an. Je ne réfléchis plus trop et je me concentre de lancer le plus loin possible. Ce samedi, le tout gros lancer n’est pas sorti mais j’espère que ce sera pour lui" , conclut celui qui lance à l’entraînement bien plus loin que son record de Belgique (67,26m).
"Je n’ai rien vu de la finale"
On pourrait croire qu’Emil Milanov, le papa et entraîneur de Philip, a suivi d’un oeil attentif le concours de samedi. Il n’est rien ! "J’avais regardé les qualifications jeudi mais je n’ai vu aucun des lancers de mon fils au cours de cette finale. Du coup, j’étais assez tranquille" , explique-t-il.
Le résultat ne l’a, en tout cas, pas surpris. "Philip n’était pas du tout nerveux" , dit-il. "Plus il y a de public, plus il y a de l’enjeu, mieux il se sent. C’est toujours comme ça avec lui. À l’entraînement, il lance facilement à 67m mais le vent a tourné et cela lui a posé un peu problème. Lui-même s’attendait à lancer plus loin mais la médaille est au bout, donc on ne peut pas se plaindre. Malachowski était toutefois prenable: il a beaucoup d’expérience mais mentalement, il n’est pas aussi fort."
Cette deuxième place va gonfler le Brugeois à bloc avant les Jeux Olympiques. "C’est une médaille très importante avant Rio, cela va lui procurer beaucoup de confiance" , acquiesce Emil. "95 % des meilleurs lanceurs sont européens. Ici, on a vécu de petits Jeux Olympiques, c’était une bonne répétition générale. Seuls un Sud-Africain et un Jamaïcain, et bien sûr le champion olympique Robert Harting, s’ajouteront aux participants au Brésil."
Et si la pression va s’accroître sur les épaules de Philip Milanov, celui-ci a les épaules assez larges pour la supporter, assure son papa.
"Je n’ai pas peur qu’il attrape la grosse tête, Philip est quelqu’un de réaliste et très calme. De toute façon, je serai là pour qu’il garde les biens sur terre. Il ne faut rien changer et continuer à travailler jusqu’aux Jeux. On a tout ce qu’il faut à Bruges. Il va encore disputer deux compétitions, ce vendredi à Monaco, puis à Ostende le 22 juillet, et c’est tout."
Le tandem qu’il compose avec Philip a prouvé son efficacité. "En effet ! Je remarque que c’est une tendance en athlétisme. Beaucoup d’athlètes sont entraînés par leur père. Pour ma part, ayant été lanceur moi-même, j’ai assez d’expérience et puis je le connais parfaitement. Mais j’ai toujours dit qu’il était mon fils, mon athlète et mon ami. Nous sommes toujours ensemble ! Pour les gens de l’extérieur, cela peut sembler un peu bizarre mais c’est très bien ainsi."
Anna, sa maman: "Philip est un lanceur-né"
"C’est le plus beau jour de l’année !" Anna, la maman de Philip Milanov, assistait pour la première fois à une compétition internationale de son fils. "Je suis contente d’avoir vu ça" , ajoute-t-elle avec un accent savoureux. Employée à temps partiel dans une entreprise d’électronique à Oostkamp, elle se fait plus discrète que son mari mais elle n’est pas moins importante dans la vie de Philip.
"C’est vrai qu’il a une relation très forte avec son père, qui est aussi son coach, mais je reste quand même sa maman !", lance-t-elle. "Quand il a de petits problèmes, c’est toujours vers moi qu’il se tourne. Philip est quelqu’un de très sensible. En général, il m’écoute, oui ! C’est un très gentil garçon. Quand il était plus jeune et que j’étais plus sportive, il nous arrivait de faire un peu de sport ensemble, du tennis, de la course à pied. J’ai toujours su qu’il était destiné à faire du sport." Et Anna Milanov de préciser que "Philip, qui pesait 4 kg à la naissance, était costaud, il était même un peu musclé . Dès la première minute, j’ai su que c’était un lanceur-né ! Je savais qu’il suivrait les traces de son père, cela a toujours été son objectif !"