Mémorial Van Damme: "Il faut surtout profiter" pour les Borlée
Leurs émotions européennes à peine digérées, Kevin et Dylan Borlée se préparent pour un tour de piste inoubliable
- Publié le 28-08-2018 à 20h33
- Mis à jour le 03-09-2018 à 12h54
Leurs émotions européennes à peine digérées, Kevin et Dylan Borlée se préparent pour un tour de piste inoubliable.
Après les championnats d’Europe, la décompression a fait son oeuvre. Elle coûtera à Jonathan Borlée, médaillé d’or avec le relais 4x400m et médaillé de bronze sur 400m, sa participation au 42e Mémorial Van Damme ce vendredi soir. Les spectateurs du stade Roi Baudouin ont toutefois rendez-vous avec ses deux frères, Kevin et Dylan, qui eux sont opérationnels.
"Il faut comprendre que la saison a été forte en émotions", souligne le premier. "On a connu un certain nombre de pépins physiques et une course contre la montre s’est engagée avant même le début des championnats d’Europe. Même si on a fait de super championnats, avec un titre en relais et une médaille en individuel pour Jo et moi, on a besoin de relâcher un peu la pression aussi."
À Berlin , c’est, dit-on dans son entourage, pour Jonathan Borlée que l’enjeu d’une médaille était le plus important. L’intéressé le confirme à demi-mot : "C’est sûr qu’en début de préparation, je me suis dit que c’était peut-être mes derniers championnats d’Europe et j’avais envie de bien faire. Mais après ma fracture du coude, j’ai eu l’impression que le sort s’acharnait un peu. Mais j’ai réussi à mettre ces pensées négatives de côté grâce au staff et on a continué à bosser pour retrouver mon meilleur niveau au bon moment. À Berlin, il y a eu quatre courses et une pression énorme, qui n’a pas été simple à gérer. C’était donc une grande satisfaction de décrocher cette première médaille individuelle."
Un résultat dont Jonathan Borlée entend bien profiter. "J’ai parfois tendance, comme mes frères, à ne pas profiter du moment présent - une attitude qui peut être bénéfique pour évacuer certaines déceptions - mais ici, je me rends bien compte qu’à Berlin on a vécu des moments magiques", dit-il. "Avant l’ouverture de la compétition, j’aurais signé à deux mains pour être en finale, vu les difficultés rencontrées tout au long de la saison. Monter sur le podium m’a, dès lors, procuré un vrai sentiment de fierté. D’ailleurs, j’ai toujours le sourire ! Dans l’immédiat, je n’ai pas l’impression que cette médaillé va changer quoi que ce soit pour ma carrière, ce ne sont pas les médailles qui influent sur ma motivation, mais celle-ci amène en tout cas un petit supplément positif bienvenu pour la suite."
À l’opposé de son frère jumeau, Kevin Borlée a continué à s’entraîner. Sa saison ne s’achèvera d’ailleurs pas à Bruxelles puisqu’il s’alignera encore pour l’Europe lors de la Coupe continentale, une compétition qui se déroule à Ostrava les 8 et 9 septembre prochains.
"Je connais bien cette sensation d’après-championnats : la fatigue s’est installée mais paradoxalement, on sait aussi que la forme est là", explique le vice-champion d’Europe du 400m. "Il est difficile de dire si je peux encore sortir un gros chrono mais je suis convaincu, en tout cas, que je peux aller plus vite que mes 45.07. Au Mémorial, c’est surtout important de profiter mais, bien entendu, je vais me donner à fond et on verra bien ce qu’il y a encore moyen d’aller chercher..."
"À 80 %, cela n’a pas d’intérêt..."
La saison 2018 de Jonathan Borlée est d’ores et déjà terminée. C’est ce qu’a annoncé, ce mardi, le détenteur du record de Belgique du 400 m à l’occasion de la traditionnelle conférence de presse d’avant-meeting. Le 18 août dernier, le Bruxellois s’était aligné à Birmingham où il avait signé un chrono de 46.27. Une course qui aura donc été sa 15e et dernière de l’année, relais compris. "À Birmingham, je savais que ce n’était pas ma meilleure course mais je me sentais encore relativement bien, d’autant que j’avais évolué au couloir 1 et que les chronos étaient plutôt lents dans l’ensemble", explique l’intéressé. "Malheureusement, je ne courrai pas ce vendredi parce que j’ai beaucoup de tensions musculaires au niveau des ischio-jambiers et que je n’arrive plus à m’entraîner au maximum de mes possibilités. J’ai pris une semaine complète pour essayer de récupérer du mieux possible mais cela ne va pas beaucoup mieux. Étant donné que je ne pourrai pas être à 100 %, j’ai donc préféré mettre un terme à ma saison dès maintenant."
Une décision difficile à prendre mais qui coule de source. "C’est, bien sûr, la mort dans l’âme que je renonce parce qu’on essaie toujours d’être présent à Bruxelles malgré la fatigue ou les difficultés qu’on peut rencontrer. Après ces très beaux championnats d’Europe, ce meeting s’annonce comme une belle fête et j’avais envie de terminer sur une bonne note. Mais, en étant à 70 ou 80 %, en manque d’énergie, cela n’avait pas beaucoup d’intérêt."
"Leur rage est admirable"
Jacques Borlée loue les qualités mentales de ses enfants
Au plus haut niveau de l’athlétisme mondial depuis dix ans dans une discipline terriblement exigeante, Kevin et Jonathan Borlée forcent l’admiration de leur papa. Jacques Borlée nous explique les raisons de leur maintien sur le devant de la scène internationale.
"C’est vrai que je les pousse très fort, je mets en place des structures les plus professionnelles possible mais j’ai par ailleurs un retour esceptionnel et quotidien de leur part : ils se donnent à fond tout le temps à l’entraînement !", souligne-t-il. "Cela leur arrive, bien sûr, d’avoir de mauvaises séances, de râler, de taper leurs spikes au sol, mais tous les jours ils se répétent : ‘Ça va passer, ça va passer.’ Leur intensité, leur rage est admirable. Et puis il y a la fierté d’appartenir, avec le relais 4 x 400 m, à un projet incroyable, qui agit aussi comme un moteur et qui s’inscrit dans un contexte d’harmonisation et de technicité. On crée du calme, de la tranquilité autour d’eux. Et puis on chercher en permanence à aller dans des endroits qui font rêver. On prépare ainsi un stage à l’Everest en 2019 pour renforcer un peu plus la cohésion de l’équipe."
En tant qu’entraîneur, un rôle qui s’ajoute à celui de papa, Jacques Borlée mesure parfois difficilement la portée de tout ce qui arrive à sa famille.
"Ce n’est parfois qu’en lisant certains messages que je me rends compte à quel point ce qu’on vit est exceptionnel. Ce sont mes enfants, vous comprenez, tout cela me semble naturel", dit-il. "Je passe de très grands moments avec eux. Parfois très durs également, mais voir ses gosses s’éclater comme ce fut le cas à Berlin et les voir atteindre le podium ensemble à deux reprises, c’est fantastique. Et puis, j’aime ça à l’extrême ! Je suis amoureux fou de l’athlé."
Quid, enfin, de l’avenir des jumeaux ? "Ce n’est pas un sujet de discussion actuellement. On parle simplement d’aller au moins jusqu’à Tokyo 2020. Après cette échéance-là, je les laisserai choisir", conclut Jacques Borlée. "Ils ne doivent pas courir pour moi, ils doivent courir pour eux-même. Par ailleurs, comme le lien avec leur frère Dylan est très fort, est-ce qu’ils auront encore envie de continuer un an ou deux après ? Honnêtement, je l’ignore. La seule certitude, c’est qu’on va au moins jusqu’aux Jeux olympiques de Tokyo."