Claire Orcel ne veut pas se mettre la pression à l'Euro: "Ne me comparez pas à Tia Hellebaut" (VIDEO)
- Publié le 11-05-2018 à 13h34
Assise dans la tribune d’un stade Bertelson encore désert, en ce mercredi après-midi, avant l’arrivée d’une multitude d’athlètes en herbe, Claire Orcel s’amuse de l’intérêt que les médias lui portent depuis sa qualification pour les championnats d’Europe de Berlin, ce 6 mai, avec une barre à 1,90m franchie à la hauteur. "Je n’ai pas trop l’habitude", s’excuse presque, entre deux photos, l’athlète du Cercle sportif la Forestoise.
À 20 ans, celle-ci va fêter sa première sélection chez les seniors au mois d’août prochain.
"Chez les jeunes, c’était gentil. Ici, à Berlin, je vais concourir avec les athlètes que je regarde à la télé, les Lasitskene et autres. Ça va être impressionnant mais on va essayer de ne pas se démonter et de rester là. (rires) Passer en finale serait incroyable. Si ce n’est pas le cas, je veux, en tout cas, pouvoir me dire que j’ai fait un bon concours en qualifs, en ayant tout donné et, si possible, en ayant battu mon record."
Ce schéma de compétition, Claire Orcel aimerait pouvoir le répéter un mois plus tôt lors des championnats de France. "Si la Ligue m’autorise à y participer car les championnats nationaux sont organisés aux mêmes dates", fait remarquer l’étudiante en marketing (2e année) de l’Ephec, qui possède la double nationalité et s’est affiliée à Bordeaux Athlé. "Maintenant que je suis qualifiée, je suis détente ! Je vais pouvoir me réentraîner gentiment, faire un petit mois de préparation, étant donné que je ne vais pas devoir enchaîner les compétitions. Je vais surtout m’attacher à préparer mes examens. Je tiens, en effet, à mener études et carrière simultanément."
Après une parenthèse enrichissante d’un an à l’Université d’Alabama, Claire Orcel poursuit sa carrière avec bonheur en Belgique. Médaillée d’argent aux derniers Jeux de la Francophonie, elle aspire, évidemment, à bien mieux. "Comme tout sportif, je rêve des Jeux Olympiques et d’y faire la meilleure place possible. Je pense que Tokyo est jouable mais si c’est Paris ou Los Angeles, c’est bien aussi ! À terme, j’aimerais franchir 2 m, mais je ne me mets aucune pression."
Quand on lui demande si elle est la nouvelle Tia Hellebaut, elle répond d’ailleurs : "Oh ! Je n’aime pas qu’on me dise ça. Ça me met de la pression, je n’aime pas du tout. Chaque athlète a son propre parcours, une manière de progresser différente. Je n’aime pas ces comparaisons. Je suis cataloguée espoir depuis que j’ai fait un gros boum, en scolaires, en améliorant mon record de 21 cm, jusqu’à 1,82 m. Tout ce que je peux dire, c’est que je fais tout ce que je peux pour que ça fonctionne, que j’essaie d’être la plus concentrée et la plus rigoureuse possible, et en théorie les performances doivent suivre…"
"Mon modèle ? Blanka Vlasic !"
Claire Orcel, alors âgée de 10 ans, se souvient avoir suivi avec passion la finale du saut en hauteur féminin lors des Jeux Olympiques 2008. "La victoire de Tia Hellebaut, au bout d’une performance incroyable, c’était un moment vraiment magique, lance-t-elle dans un grand sourire. Mais je dois vous avouer que mon modèle, dans la discipline, c’est plutôt Blanka Vlasic ! D’abord, parce que la Croate est aussi grande que moi. On ne saute, c’est vrai, pas de la même manière : elle a une plus grande foulée et elle a un arqué beaucoup plus prononcé. Mais elle a vraiment fait une très grande carrière, même si la fin se révèle aujourd’hui un peu plus compliquée. J’étais complètement fan !"
"Thierry, mon coach, m’a vite repérée"
Quelque temps après avoir délaissé la gymnastique ("une discipline que je pratiquais en grosse touriste, une fois par semaine, le mercredi"), Claire Orcel s’est laissée tenter par l’athlétisme sur les conseils de sa prof d’éducation physique. "Comme je déteste courir (encore maintenant d’ailleurs !) et que je n’ai aucune endurance, j’étais vraiment très sceptique mais je suis quand même allée voir. La première fois que je suis allée sur cette piste, Thierry Briquemont, mon coach actuel, m’a vite repérée et m’a dit : ‘Toi, tu viens avec moi, on va faire de la hauteur !’ et je n’ai plus lâché. Il faut dire que j’étais déjà grande, je mesurais quasi 1,80 m à 12 ans, raconte la bruxelloise de 20 ans. La taille ne fait pas de toi une bonne sauteuse mais c’est quand même un petit avantage." Avec cet entraîneur, qui fut celui de Sabrina De Leeuw (Spike d’Or en 1993, elle avait un record à 1,93 m) dont elle vient d’égaler le record du club, Claire Orcel semble entre de bonnes mains…
"Je rends des comptes à mes chevilles"
La sauteuse en hauteur bruxelloise le sait mieux que quiconque : elle est très fragile. Elle en a d’ailleurs été quitte pour quelques mois d’inactivité depuis ses débuts. "J’ai déjà fait des entorses, un début de fracture de stress, j’ai souffert du dos et je me suis cassé le pied l’an dernier. Mais autant il m’arrive de me blesser, autant je guéris très bien aussi. Au moins, j’ai ça !" s’amuse-t-elle. Et c’est précisément parce que Claire Orcel possède "des chevilles en coton", comme elle le dit, qu’elle effectue beaucoup de prévention et de renforcement à l’entraînement. "Je sais que je suis, en quelque sorte, une bête de compétition . J’entends par là que je donne tout lors d’un concours et que l’adrénaline prend généralement le dessus sur les petites douleurs. Mais je dois régulièrement rendre des comptes à mes chevilles après les compétitions, c’est un peu ça le problème." Problème qu’elle met tout en œuvre à garder sous contrôle…
"Rien ne me fera changer de club"
Résidente uccloise ("J’habite à cinq minutes du stade Bertelson…"), Claire Orcel est un pur produit du Cercle Sportif la Forestoise. Un club certes moins tape à l’œil que d’autres mais qui lui convient parfaitement. "Ce n’est évidemment pas une grosse machine comme l’Excelsior ou comme le CABW, mais c’est un club très familial où je connais tout le monde. Les gens qui y travaillent font ce qu’ils peuvent avec les moyens dont ils disposent. On nous a offert cette année un tout nouveau sautoir en hauteur, un nouveau mousse, c’est super ! Je ne bougerai jamais, rien ne me fera changer de club", assure la jeune femme. Ce samedi, c’est à Bertrix (D2 francophone) qu’elle défendra les couleurs du CSF lors des Interclubs. "Outre la hauteur, je disputerai la longueur, une discipline que j’ai longtemps pratiquée avec un bon petit niveau LBFA, ainsi que le relais 4x100 m. Mais il ne faudra pas attendre de grande performance !"