Athlétisme : le casse-tête Semenya
- Publié le 27-04-2018 à 12h10
- Mis à jour le 27-04-2018 à 13h40
Plutôt que de cultiver la différence, celle du développement sexuel en l'occurrence, l'IAAF, se retranchant derrière sa mission d'assurer l'équité des compétitions, a donc choisi d'imposer un traitement hormonal… ou une réorientation de carrière aux athlètes hyperandrogènes, coupables à ses yeux de produire trop de testostérone !
Une manière assez peu subtile de créer de nouvelles normes d'éligibilité et de catégoriser toujours plus, quitte à créer une troisième case pour le genre sexuel, un projet sur lequel les experts qu'elle a mandatés (et qui oeuvrent aussi pour le CIO) planchent d'ailleurs très sérieusement.
En ciblant les épreuves du 400m au Mile, la Fédération internationale ne joue-t-elle pas aussi très clairement l'homme (ici, la femme) dès lors que tous le regards se tournent naturellement vers Caster Semenya ? Depuis son premier sacre mondial sur 800m, à l'été 2009, alors qu'elle n'était âgée que de 18 ans, la Sud-Africaine a toujours constitué un fameux clou dans la chaussure de la Fédération internationale d'athlétisme.
Avec ses larges épaules, son apparence masculine et ses chronos de pointe, le casse-tête Semenya n'a cessé de prendre de l'ampleur pour les dirigeants de l'IAAF, confrontés à la fois à l'incrédulité du grand public et au courroux de certaines athlètes quasiment impuissantes face à la domination de cette nouvelle venue.
De la concurrence déloyale au sein du premier sport olympique ? Ce n'est, en tout cas, pas ce que disent les carnets de naissance de celles qui, à l'instar de Semenya, Niyonsaba et Wambui, les trois médaillées des Jeux Olympiques de Rio en 2016, présentent ce profil atypique.
De quel droit, dès lors, l'IAAF s'autorise-t-elle à remettre en cause le genre de certaines de ces sportives et de prendre aussi le risque de susciter chez elles une ménopause précoce par le biais des traitements médicaux qu'elle suggère ?
C'est le débat, éthique pour ne pas dire quasiment philosophique, qui agite le milieu depuis plusieurs années et auquel le Tribunal arbitral du Sport sera rapidement amené à apporter sa contribution. En attendant, Caster Semenya a, elle, choisi de répondre par le silence aux attaques répétées et de moins en moins voilées sur la légitimité de sa présence dans des compétitions féminines…