Loic Sapart, footballeur américain au Canada : "Mon but a toujours été de vivre de mon sport"
Patrice Majondo-Mwamba (ex-Denver) va-t-il avoir un successeur belge dans la prestigieuse NFL ? Loic Sapart aimerait devenir celui-là
- Publié le 16-11-2018 à 16h30
- Mis à jour le 21-03-2019 à 13h54
Le Bruxellois de 21 ans est parti à l'Université de Laval, après une expérience mitigée aux USA. Il se donne tous les moyens pour arriver à ses fins.
Aux Etats-Unis, le football américain est évidemment l'un des sports les plus populaires, suivi par des millions de téléspectateurs. En Belgique, cela commence doucement mais sûrement à éclore.Il n'est toutefois pas simple de se faire une place au soleil dans ce monde, voire d'y faire carrière. Imaginez un peu que le chemin est parsemé d'embûches pour un basketteur, alors que le ballon orange est à la mode chez nous. Alors, pour celui qui rêve d'inscrire des touchdowns en NFL ou de plaquer les meilleurs quarterbacks (lisez meneurs de jeu) de la planète, cela relève pourtant du parcours du combattant.
C'est pourtant celui qu'emprunte Loic Sapart, jeune compatriote de 21 ans, qui évolue dans la ligne défensive. Il aurait pu sans doute tenter sa chance dans le soccer mais l'influence (positive) de son père est primordiale. "A 19 ans, mon père, qui a fait du hockey au Baudouin comme ma mère, a découvert le football américain aux Etats-Unis. Il a tout de suite accroché. Quand il est revenu en Belgique, il a cherché un club" , nous confie le Bruxellois depuis la Belle Province. "De mon côté, j'ai découvert le foot us à 15 ans. Je m’entrainais tout le temps."
Alors que certains parents pourraient freiner des quatre fers quand leur enfant leur dit qu'il veut devenir sportif, Loic Sapart aurait pu craindre le pire vu qu'il s'agissait de football américain, discipline qui ne rencontre pas le succès de sa consœur européenne. "J’ai toujours été soutenu par ma famille. Tout le monde était derrière moi. Je réalisais un peu ainsi le rêve de mon papa, qui aurait bien voulu percer dans ce sport. Il m'a d'ailleurs inscrit dans un camp spécial à Dallas. C’était les Etats-Unis contre le reste du monde. J’avais 17 ans à l’époque et aucune garantie que ma candidature soit acceptée. C’était ma première grosse expérience. Cela s’est bien passé pour moi. J’ai joué tout le match. J’ai alors reçu des offres des USA, pour entrer dans un Junior College."
Loic Sapart pose finalement ses valises en Californie, à West Hills, chez les Falcons. "L’expérience dans ce collège américain ne s’est pas spécialement bien passée pour moi. J’étais pourtant un élève assidu. J’avais de bons points et je n’étais jamais en retard aux entraînements. Mais le coach favorisait plus les Américains dans son équipe. J’étais toujours remplaçant et je devais me contenter de quelques séquences. Je n’avais alors pas envie de continuer l’aventure. Quand j’ai dit au coach que j’arrêtais les frais, il n’a même pas chercher à comprendre pourquoi. J’ai même pensé à arrêter le football américain."
"Je suis l’actualité des Waterloo Warriors. Ils sont descendus mais c’est peut-être une bonne chose pour eux. Ils doivent prendre confiance en eux."
C'est dans l'adversité que l'on grandit. Et plutôt que de remiser déjà ses rêves au vestiaire, à côté de son casque et de sa tenue, le Bruxellois, qui a joué pour les Waterloo Warriors dans nos contrées, a remis l'ouvrage sur le métier. "Je suis revenu en Europe et j’étais prêt à reprendre mes études. J’ai toutefois eu des contacts après une tournée des camps d’entraînement. J’ai notamment reçu une offre d’une grosse école à Miami, qui proposait de payer une année et de voir après ce qu’il arrivait. C’était un pari difficile. On ne fait pas spécialement confiance aux gars qui sont issus des Junior College, un cran en-dessous des Collèges mais où un Européen a plus de chances de se faire remarquer. Mon père avait eu alors la bonne idée de me filmer lors des camps d’entraînements et de réaliser une compilation de mes actions. Il a envoyé la vidéo à l’Université de Laval. L’affaire s’est alors réalisée. Je ne considère pas que cela soit un pas en arrière de tenter ma chance au Canada et de ne pas poursuivre aux USA. Les infrastructures comme les entraînements sont d’excellents niveaux. Je pense d’ailleurs que notre équipe peut rivaliser avec les collèges américains de D1. On ne peut pas aller plus haut dans ma discipline, hormis le fait de devenir pro. Mon but a toujours été de vivre de mon sport."
Et Loic de reprendre donc son bâton de pèlerin. S'il rejoint cette fois une contrée francophone où il fait bon vivre, de petites difficultés s'ajoutent à son menu. "Les règles au Canada sont différentes, le positionnement l’est aussi. La balle est plus au sol aux USA. Mon adaptation est toujours en cours. La pré-saison était impressionnante. J’ai cherché à améliorer ma condition physique et ma musculature. Nous sommes notamment partis huit jours en Floride pour un camp d’entraînement."
Le Bruxellois doit donc s'adapter à un autre style de jeu et est parti pour une année d'apprentissage. "C’est difficile de me faire une place dans l’équipe de base. J’occupe la même position que Mathieu Betts, un quatrième année, suivi par plusieurs équipes de NFL. Je me donne tout de même à fond aux entraînements ; j’essaie d’apprendre. Et je veux être prêt au moment où on me donnera ma chance. C’est un peu râlant de ne pas être sur le terrain tout le temps, c’est vrai, car en tant que joueur, on veut logiquement toujours jouer. Mais je comprends la décision de l’entraîneur principal."
198 cm et 113 kg : la carrure de Loic Sapart a de quoi impressionner. "Quand je suis rentré en Belgique, je ne suis pas resté sans rien faire. Je me suis entraîné, j’ai été à la salle de sport. J’ai pris un entraîneur personnel. Cela a porté ses fruits : j’ai pris des muscles. Les joueurs l’ont remarqué quand je suis rentré."
S'il évolue dans un collège canadien, Loic Sapart voit tout de même du monde dans les tribunes. "Je suis seul au Canada. Aux USA, c’était un village de 2.000 âmes, mais ici, il y au moins 40.000 habitants. L’Europe me manque, certes, mais il faut faire sa vie. Contre Sherbrooke, il y avait 6.000 spectateurs. Notre stade peut accueillir jusqu’à 20.000 spectateurs. C’est grisant de jouer devant autant de monde. Oui, on me reconnaît dans la rue, surtout quand je porte les attributs du Rouge et Or. Je porte le numéro 96 ; rien à voir avec ma date de naissance ou autre chose. On m’a juste attribué ce numéro quand je suis arrivé. Cela me convient."
Loic Sapart n'a pas la grosse tête. Il sait qu'il doit améliorer certains points s'il veut gommer les défauts qu'il a. "Pour mes points forts, le coach me dit toujours que je dois tirer avantage de ma taille. J’ai les bras longs, ce qui me permet de toucher mon adversaire avant qu’il n’en fasse de même. Je dois plus en tirer profit. Je dois aussi progresser au niveau du mental. Je me mets trop vite en colère, par rapport à moi. Je vise l’excellence et cela m’embête au plus haut point quand je n’y parviens pas."
Le Bruxellois aimerait un jour rejoindre la prestigieuse NFL. Mais si cela devait arriver, ce ne sera pas pour tout de suite. "Mon équipe préférée ? Les Miami Dolphins (NdlR : vainqueurs du Super Bowl, la Coupe du Monde du foot us, en 1972 et 1973). C'est en fait la seule équipe que j’ai vue en vrai même si je n’ai pas encore assisté à un seul match de la Grande Ligue. Je n’ai pas beaucoup le temps pour faire du tourisme, avec les entraînements et les réunions d’équipe. Mon joueur préféré, c’est JJ Watt, le n°99 des Houston Texans. C’est tout simplement le meilleur à sa position. Je regarde beaucoup ses matches, j’analyse ses actions et je copie certains de ses mouvements."
Un esprit sain dans un corps sain : Loic Sapart ne muscle donc pas seulement son corps mais aussi sa tête. "Actuellement, c’est comme si je faisais une septième année de secondaire. Après, je songe à faire de la criminologie. Il faut prévoir un plan B au cas où cela ne marche pas pour moi dans le football américain."
Loic Sapart a disputé trois matches cette saison, ce qui est peu mais fréquent pour un joueur qui vient d'arriver. Mais le Rouge et Or se retrouve ce dimanche en demi-finale de la Coupe Uteck, le championnat universitaire du Canada, avec en vue la finale de samedi prochain. Ce serait une belle occasion de briller...