Sébastien Ogier, indigne d'un grand champion (COMMENTAIRE)
En taclant Neuville face à la caméra de la RTBF, Ogier, mauvais perdant, démontre surtout qu'il craint notre compatriote
- Publié le 30-04-2018 à 12h26
- Mis à jour le 30-04-2018 à 12h34
En taclant Neuville face à la caméra de la RTBF, Ogier, mauvais perdant, démontre surtout qu'il craint notre compatriote
Les deux hommes ne sont pas les meilleurs amis du monde, tout le monde le sait. Et Thierry Neuville ne l'a sans doute pas toujours épargné, souvent à raison. Mais la façon mesquine dont Sébastien Ogier a voulu se venger, dimanche soir en Argentine, après une magnifique bataille dans l'ultime Power Stage, témoigne d'un profond manque de respect indigne d'un quintuple champion du monde.
Sur la terre Argentine, sans compter la première journée où le Français avait le désavantage d'ouvrir la route, Thierry Neuville (2e) a battu Seb Ogier (4e) à la régulière. D'abord lors de la super spéciale d'ouverture où il a signé le scratch. Ensuite en signant trois autres meilleurs temps dont deux le dernier jour. Il n'a donc pas roulé au ralenti dans les deux premières spéciales dominicales pour économiser ses gommes comme son rival qui a perdu le contact dans le brouillard samedi. Et dans cette ultime « Power Stage », spécialité du Gapençais, alors qu'il devait pourtant assurer une 2e place hyper importante pour lui mais aussi pour Hyundai, « TN » a tout donné. Un vrai duel. On a suivi cela en direct à la télévision et la manière dont les deux hommes ont attaqué sans relâche, sans commettre la moindre faute, pour signer le dernier scratch et aller chercher les cinq points était vraiment impressionnante. Du grand art, des virtuoses. Une bagarre remportée pour une demie seconde seulement par le Belge qui aurait valu une belle poignée de mains et des félicitations de la part du Français.
Au lieu de cela, Seb Ogier, amer et visiblement mauvais perdant, a préféré se moquer du Belge en déclarant à tous ses supporters face à la caméra de la RTBF et son reporter Olivier Gaspard qu'il connaît bien : « Au moins ce résultat va éviter que Thierry pleure encore car il n'a pas la meilleure auto même s'il pleurera encore car la Toyota est devant. » Et notre collègue, courageux, de lui répondre du tac au tac : « Cela fait beaucoup de gens qui pleurent en WRC. » Réponse de Seb Ogier : « C'est toi qui le dis... »
Le Français a décidément la mémoire courte et une bien haute opinion de lui-même. S'il est indéniablement un des meilleurs rallymen du monde, il est loin de faire l'unanimité côté personnalité et beaucoup de Français même préfèrent le caractère de Neuville.
Depuis des années, on l'entend se plaindre et pleurnicher (pas toujours à tort certes) contre le règlement obligeant le leader d'ouvrir la route lors de la première étape. Dès que cela ne va pas comme il veut, « Calimérogier » menace de quitter le WRC.
A l'époque où il était l'équipier de Loeb chez Citroën, il râlait sans cesse. Et au Mexique, il a refusé de parler au plus grand journaliste du quotidien l'Equipe car il estimait que ce dernier en faisait trop sur le retour de Seb Loeb ! Alors côté « pleurnichard » Monsieur Sébastien Ogier n'a de conseils à donner à personne.
Ces propos déplacés entre deux adversaires venant de se livrer une magnifique bataille traduisent à nos yeux trois choses : d'abord de la frustration d'avoir été battu. Ensuite la crainte du Belge qui, lorsqu'il peut se battre à armes égales, n'a pas grand chose à lui envier. Enfin il insinue que Thierry aurait une meilleure voiture que lui ce qui ne nous paraît aujourd'hui (c'était différent certes l'an dernier) plus être le cas. Certains trouveront peut-être que c'est de bonne (gué)guerre. Ce n'est pas notre cas.
Pendant des années, Ogier a accumulé les victoires et les titres avec la meilleure auto (la Polo) c'est indéniable. A l'époque, il a battu ses équipiers Latvala et Mikkelsen à la régulière. En Corse, Thierry avait 100% raison de se plaindre du manque de compétitivité de sa Hyundai. Sur la terre, le niveau de performances entre la Ford et la Hyundai est sans doute comparable. Et il est vrai que le binôme Toyota-Tanak était un ton au-dessus ce week-end. Etait-ce le pilote ou la voiture ? Difficile à dire car Lappi découvrait l'Argentine et Latvala a abandonné trop vite. Mais Ott Tanak, c'est sûr, méritait les applaudissements nourris et les félicitations sportives de ses rivaux. Thierry Neuville et Nicolas Gilsoul n'ont pas manqué de le faire.
Seb Ogier de son côté doit se poser la question de savoir pourquoi, malgré cinq titres mondiaux faisant de lui le deuxième plus grand rallyman de tous les temps, il n'est pas et ne sera jamais aussi populaire et apprécié que la star Loeb. Peut-être juste parce jamais le nonuple champion du monde n'aurait taclé de cette manière un adversaire qui venait de le battre. Il lui aurait plutôt dit bravo. Car Loeb c'est un grand champion mais aussi un grand monsieur...