Ott Tanak se confie avant le Rallye du Portugal: "Je peux être champion avec Toyota"
À 30 ans, l’Estonien Ott Tanak sort enfin de l’ombre. Entretien exclusif.
- Publié le 18-05-2018 à 07h56
- Mis à jour le 18-05-2018 à 07h57
À 30 ans, l’Estonien Ott Tanak sort enfin de l’ombre. Entretien exclusif.
Né à Kärla, sur l’île estonienne de Saaremaa, Ott Tanak est un garçon timide, discret, sauf derrière le volant d’une WRC où il devient très spectaculaire.À 30 ans, il compte déjà 84 participations mondiales dont 14 podiums, 104 scratches, mais seulement trois victoires. La première c'était il y a moins d’un an en Sardaigne avec Ford. Et la dernière il y a trois semaines pour Toyota en Argentine. Une véritable démonstration.
Peu médiatisé jusqu’à hier où il était le plus sollicité et entouré avant le départ du Rallye du Portugal à Porto, Ott était plus connu jusqu’à aujourd’hui pour ses malheurs. On se souvient de son plongeon dans un lac au Mexique en 2015 et de son humour quand le lendemain il se présentait au parc d’assistance avec un masque et un tuba.
On se rappelle surtout de ses larmes en Pologne en 2016 quand, alors qu’il avait course gagnée, une crevaison lui coûtait sa première victoire mondiale. On revoit cet Iceman craquer et pleurer dans les bras de Sébastien Ogier, venu le consoler.
L’an dernier, ces deux-là s'étaient retrouvés équipiers chez Ford M-Sport avec deux succès chacun et des ambitions similaires...
Ott, pourquoi avoir quitté Malcolm Wilson et l’équipe qui vous a permis d’éclore au niveau mondial ?
"C’est dur à dire, mais clairement il y avait dans l'équipe un numéro 1, un pilote sur lequel se concentrait toute l’attention et c’était Sébastien. À un moment, il était mieux placé que moi et j’ai dû l’aider. Cette situation était sans doute encore acceptable l’an dernier mais plus pour le futur. Je ne voulais pas rester n°2. Toyota m’a fait une bonne offre et je n’ai pas hésité."
La Yaris WRC est-elle fort différente de la Fiesta ? Avez-vous dû changer votre style?
"D’un côté, elle est fort différente, oui. Mais je n'ai pas dû changer beaucoup mon pilotage. J'ai plutôt adapté les réglages de la voiture pour qu’elle me convienne plus. Avant l’Argentine, on a franchi un gros pas et maintenant le feeling est meilleur."
Vous attendiez-vous à être aussi vite compétitif avec la Toyota ?
"Je ne doutais pas de la voiture. L’an dernier, ils ont déjà gagné des courses et montré de très belles choses pour leur première saison. J'étais plus dans l'expectative en ce qui me concerne. Je n’avais jamais changé de team. C’était un gros challenge pour moi, face à deux coriaces équipiers déjà installés dans l’équipe. Mais le team, Tommi Makinen, tout le monde m'a apporté un soutien extraordinaire. J’ai été très bien accueilli. J’ai tout ce qu'il me faut. Et je commence à performer. Cela a été une sorte de soulagement pour moi de leur offrir la victoire en Argentine."
La Toyota est rapide sur tous les terrains, vous aussi puisqu’on vous a vu l’emporter en 2017 sur l’asphalte en Allemagne. Désormais, vous avez l’arme et l’expérience pour lutter pour le titre?
"Ce n’était pas le plan dès cette année au départ. Mais OK, maintenant je vais essayer de saisir ma chance. Le but est de reprendre des points aux deux pilotes devant moi. Je vais faire de mon mieux."
La Toyota est-elle aujourd'hui la meilleure WRC?
"Peut-être que je devrai répondre oui, mais à ce moment on n’est pas encore au top. On a encore du travail de développement et des évolutions qui arrivent."
Dans quelle direction progresser encore?
"La direction la plus rapide."
Qui considérez-vous comme principal rival ? Ogier ou Neuville ?
"Les deux seront difficiles à battre."
Pensez-vous pouvoir répéter votre succès d’Argentine ici au Portugal?
"Je vais essayer mais il y aura plus de balayage ce vendredi et l'on risque de perdre plus de temps sur les pilotes s’élançant plus loin."
Dernière chose Ott, on vous voit rarement sourire. Vous êtes heureux quand même?
"Oui bien sûr, j’aime ce que je fais, j'ai une chouette famille. Mais c’est ma nature, mon caractère, je suis comme cela. Je ne suis pas très expressif et je ne vais pas changer."