Michel Nandan, directeur sportif de Hyundai, dresse le bilan: "A la place des Coréens, je m’impatienterais !"
Bilan avec Michel Nandan (directeur sportif) d’une saison au final décevant pour Hyundai.
- Publié le 19-11-2018 à 06h52
- Mis à jour le 19-11-2018 à 08h08
Bilan avec Michel Nandan (directeur sportif) d’une saison au final décevant pour Hyundai. Ils étaient encore en lice en Australie pour les deux titres et au final, ils n’en ont pas encore décroché un seul. Et ont dû se contenter de la 2e place d’Hayden Paddon pour se consoler. Après cinq ans et avec de gros moyens, l’attente commence doucement à être longue. Et la défaite est encore plus dure à avaler quand, en face, Toyota empoche la mise dès la deuxième année de son retour avec la Yaris WRC. Interview sans détour avec Michel Nandan, le directeur sportif de l’équipe coréenne.
Michel Nandan, quel est le sentiment général de l’équipe à l’issue de ce Rallye d’Australie ?
"Bah forcément, on est tous déçus. On a mené les deux championnats durant une bonne partie de l’année et là on est battus dans la dernière ligne droite. Bon on savait en débarquant ici que pour le titre des marques cela allait être fort compliqué. Mais on était confiant sur les chances de Thierry d’être couronné. Il l’aurait mérité."
Il l’a été virtuellement avant que tout ne bascule dans cette 6e spéciale avec cette mauvaise réception et un pneu qui déjante...
"Oui, un fait de course tombé à un mauvais endroit, à mi-spéciale et le premier jour, ce qui a influé sur l’ordre de départ samedi. Vraiment pas de chance. Comme la crevaison sur une pierre en Espagne. Ce n’est vraiment pas la faute de Thierry."
Contrairement à sa sortie...
"OK, mais on en avait parlé à l’assistance juste avant. On a décidé tous ensemble qu’il devait essayer, prendre un maximum de risques. On savait qu’avec la pluie et la boue, il pouvait y avoir de gros écarts. Il avait la possibilité de mettre la pression sur Ogier. On a joué, on a perdu. De toute façon, s’il ne tentait rien il aurait de toute manière été deuxième."
Où avez vous perdu réellement le championnat ?
"En Turquie. On était très confiant avant le départ. On savait qu’on avait une voiture solide, assez fiable pour gagner. On avait dit à nos pilotes qu’ils pouvaient y aller. Et ils ont cassé. D’abord Andreas puis Thierry qui a vu un amortisseur passer à travers son capot."
Une erreur d’un fournisseur ?
"Disons qu’une pièce s’est décollée, ce qui ne doit théoriquement pas arriver."
Il y a aussi eu des rallyes ou vous n’étiez pas du tout performants, comme par exemple la Finlande. Pourquoi ?
"Notre i20 WRC manque de motricité sur la terre dure. On doit essayer de remédier à cela. Il y a du développement en cours. Idem pour notre compétitivité sur l’asphalte qui doit être améliorée."
Malgré la défaite, vous êtes content de la saison de Thierry Neuville ?
"Bien sûr! Il a désormais une vision plus globale des courses et du championnat. Il s’est fortement amélioré dans sa gestion des courses et commet moins d’erreurs."
Mais il avait pourtant débuté par une faute dès la première spéciale du Monte-Carlo...
"Oui, sur de la glace à du 30 km/h de nuit dans Sisteron. Mais tout le monde ou presque est sorti dans cette spéciale. Même Ogier. Il a juste eu la malchance qu’il y avait peu de monde pour le remettre sur la route à cet endroit. Du coup, il a perdu quatre minutes. Mais il s’est bien rattrapé par la suite. Au Monte-Carlo en remontant cinquième, puis en gagnant la Suède."
Que faudra-t-il faire pour battre Toyota l’an prochain ?
"Je n’en sais rien... Mais on fera tout pour."
Pourquoi la Yaris WRC est-elle la référence du moment ?
"Car elle est plus compacte, plus réactive. Ils ne manquent pas de moyens financiers et TMG leur donne un gros boost au niveau de la motorisation."
Vous ne craignez pas que ce soit encore plus dur d’aller chercher les titres en 2019 ?
"Non. On va optimaliser notre package. Il y a des évolutions en cours. On n’a pas pu bien mesurer le gain de l’évolution moteur dont disposait Thierry ici car il n’a jamais bénéficié d’une bonne position sur la route nous permettant de le comparer aux Toyota par exemple. On va utiliser un joker pour de nouvelles suspensions et un autre pour le châssis dès le Monte-Carlo. Il y a aussi une évolution aérodynamique qui devrait arriver un peu plus tard."
Les patrons coréens ne vous mettent-ils pas trop de pression ?
"Honnêtement, non. Il s’agit d’un engagement sur du long terme. Mais à leur place, je serais impatient. Il nous faut des résultats. On doit décrocher un ou deux titres dans le futur proche."
Qui pilotera la 3e Hyundai l’an prochain ?
"Honnêtement, ce n’est pas encore décidé. Mais on n’a pas trop de choix. Dani Sordo a déjà accepté de repartir pour une demi saison. Et le plus probable est qu’Hayden rempile aussi avec nous."