Débriefing du Rallye de Monte-Carlo: les notes d'Olivier de Wilde
- Publié le 28-01-2018 à 16h49
- Mis à jour le 19-02-2018 à 12h41
Notre journaliste attribue les bonnes et mauvaise notes de la première manche d'un Mondial plus indécis que jamais.
Pour rappel, c'est le vainqueur sortant et champion du monde en titre Sébastien Ogier qui s'est imposé. Vice-champion du monde, Thierry Neuville s'est pour sa part classé cinquième au terme d'une remontée.
9/10 : Sébastien Ogier n'est pas quintuple champion du monde ni – maintenant – sextuple vainqueur du rallye Monte-Carlo pour rien. Le Gapençais a construit sa victoire dès la toute première spéciale nocturne de jeudi. Là où de nombreux de ses concurrents sont partis à la faute et ont perdu pas mal de temps, il s'en est tiré avec un demi tête-à-queue. Sa force ? La gestion. Il sait rouler 5 km/h moins vite quand il le faut pour ne pas risquer de sortir. Il sait doser son effort, gérer une avance, attaquer quand le terrain le permet et assurer quand il faut éviter les pièges. Le pilote Ford a tout de même signé quatre meilleurs temps sur ce rallye. Il a frappé quand il le fallait pour montrer qui était le patron et finir avec près d'une minute d'avance. Lui aussi a commis une petite erreur, à la réaccélération à la sortie d'une épingle. Mais lui s'en est sorti avec une perte de trente secondes à peine. Parce qu'il est Français et que les spectateurs locaux ont fait plus d'efforts pour le sortir du trou que pour Thierry Neuville par exemple ? Pas du tout. Car il est sorti de jour à un endroit où il y avait beaucoup de public. Et parce que la chance, c'est bien connu, sourit aux champions...
8,5/10 : Avec quatre meilleurs temps et une deuxième place, Ott Tanak a réussi avec mention très bien son baptême du feu chez Toyota. Tommi Makinen est enchanté de sa nouvelle recrue. Durant quatre jours, l'Estonien a démontré qu'il faudrait plus que jamais compter avec lui pour le titre cette année. Lui aussi a su rouler avec sa tête. Il n'a pas tenté le diable et n'a perdu du temps que lorsque les conditions étaient vraiment trop délicates ce qui est assez compréhensible quand vous êtes le seul du plateau (avec Bryan Bouffier) à découvrir une nouvelle monture.
7,5/10 : Impossible de mettre plus à Thierry Neuville après sa faute de jeudi. D'autant que son équipier Nicolas Gilsoul avait tiré deux fois la sonnette d'alarme. Il était trop excité. On avait prédit cette erreur sur un terrain il est vrai délicat. Il est un peu stupide de sortir à 30 km/h mais c'est normal si cela ne passait qu'à 25 km. Encore une leçon à retenir pour Neuville à qui le Monte-Carlo ne veut décidément pas sourire. Mais à côté de cela, notre compatriote a montré sur cette épreuve de très belles choses : il a tout d'abord confirmé sa vitesse de pointe en signant cinq meilleurs temps ce qui fait à nouveau de lui le meilleur performer du rallye (4 pour Ogier et Tanak, deux pour Evans, un pour Mikkelsen et un pour Meeke). Il n'a jamais baissé les bras et s'est battu jusqu'au bout pour arracher la 5ème place, son objectif après avoir chuté au 17ème rang. Thierry a gratifié le public de passages dont il se souviendra encore longtemps. Mais avec une telle pointe de vitesse, il peut ne pas prendre de risques inutiles et doit apprendre à lever le pied quand les conditions sont piégeuses. Au final il a bien limité les dégâts et s'en sort beaucoup mieux que l'an dernier puisqu'il ne compte que 12 unités de retard sur Seb Ogier grâce notamment aux quatre points marqués dans la Power Stage. Espérons qu'il ait déjà utilisé son joker car il n'aura pas droit à d'autres bourdes s'il veut être sacré cette année.
7/10 : Même si le Monte-Carlo n'est pas son rallye non plus, même s'il était là avant tout pour faire oublier sa bêtise d'Australie et s'il a terminé sur le podium, Jari-Mati Latvala a quelque peu déçu. Pas un seul « scratch », le Finlandais a eu du mal à soutenir la comparaison avec son nouvel équipier Tanak et ne doit qu'à 12 ans d'expérience d'avoir devancé le jeune Lappi. JML risque d'avoir du mal à s'imposer comme N°1 et doit vite rectifier le tir en Suède. Si ce n'est pas le cas, il pourrait gamberger et retomber vite dans ses travers.
Au final, nous donnerons une note similaire à son jeune équipier Lappi disputant son premier Monte-Carlo en WRC. Esapekka s'apprêtait à décrocher une brillante 4ème place lorsqu'il s'est fait surprendre à quelques kilomètres de l'arrivée. Une petite erreur lui coûtant une quarantaine de secondes et trois places : « Il n'y a pas de mot pour décrire ma déception, » a-t-il lâché à l'arrivée. Une crevaison consécutive à une petite sortie de route lui avait déjà coûté trois minutes samedi. C'est le métier qui rentre. Mais le dernier vainqueur du Rallye de Finlande est vraiment prometteur. Il ne jouera pas le titre cette année mais bien dans le futur.
Une bonne course aussi pour Elfyn Evans même s'il n'a pu résister, pour une seconde, au rush final de Thierry Neuville. « Je suis déçu, » a-t-il confié. Il ne doit pas l'être. Le deuxième pilote Ford a signé deux meilleurs temps et s'est montré régulièrement rapide et digne de son nouveau statut de numéro 2. Sans une crevaison dans Sisteron, il aurait pu terminer plus haut. Il se battra aussi pour la victoire sur certaines épreuves lui convenant mieux.
6,5/10 : Kris Meeke ne s'est réveillé que dans l'ultime spéciale où il a surpris tout le monde en signant le scratch. Le seul d'une Citroën sur ce rallye. La C3 WRC n'aime apparemment pas les conditions changeantes. Et Kris Meeke n'est jamais très bon quand il décide d'assurer et veut absolument être à l'arrivée. Ce qui a été le cas. Au final, l'Irlandais est bien payé avec une 4ème place. Grâce aux cinq points bonus, il est troisième du Mondial ex-aequo avec Latvala, à une unité de Tanak et 9 seulement d'Ogier. En voilà un qui peut s'estimer heureux. On espère le voir sur un rythme un peu plus élevé en Suède. Tout en restant sur la route...
6/10 : Déception pour Bryan Bouffier dont on attendait plus. Mais les circonstances n'étaient pas avec le Français, découvrant la Fiesta WRC2017 sur un parcours aussi délicat et privé de son copilote suite à un accident de la circulation la veille du départ. Dans ce contexte, on peut tout de même le féliciter d'être à l'arrivée en 8ème position. Mais on doute qu'il puisse jouer le podium en Corse...
6/10 : Grosse déception aussi pour Hyundai dont les pilotes et les voitures manquaient de fiabilité en 2017. Rien n'a changé en ce début d'année avec deux erreurs de pilotage et un abandon (Mikkelsen) sur bris d'alternateur. Du coup, Hyundai occupe la quatrième et dernière place du classement constructeurs.
3/10 : Après une bonne première soirée, Dani Sordo s'est fourvoyé le vendredi avant de sortir de la route le samedi matin dans un piège que son équipier lui a annoncé à deux reprises. « Piège, piège » Peut-être qu'il ne comprend pas le Français... Et dire que l'Espagnol est la valeur sûre de l'équipe coréenne.
Il est difficile de juger Andreas Mikkelsen et Craig Breen tous deux repartis en SuperRally après avoir connu un souci mécanique. Leur position sur la route était soit trop handicapante soit trop avantageuse pour pouvoir connaître leur réel niveau. Le Norvégien a par exemple sauver ses pneus lors des trois premières spéciales de ce dimanche avant d'attaquer dans la Power Stage pour tout de même gratter les trois points de la 3ème place.