WRC Allemagne:''Aujourd'hui, j'accepte le statut de gentleman driver", reconnait Jourdan Serderidis
Le champion du WRC Trophy 2017 de retour en Allemagne sur une 4e Fiesta 'usine' : "Un truc de fou".
- Publié le 14-08-2018 à 10h24
- Mis à jour le 14-08-2018 à 10h26
Le champion du WRC Trophy 2017 de retour en Allemagne sur une 4e Fiesta«usine » : « Un truc de fou »
Né en Belgique, habitant chez nous même s'il travaille au Luxembourg, Jourdan Serderidis est, comme son nom l'indique, Grec.
Et il s'est découvert, sur le tard, une passion pour le rallye. « Quand j'étais jeune, je ne rêvais même pas de WRC car je n'avais pas un rond et jamais je n'aurais imaginé que je puisse pratiquer ce sport très coûteux un jour. »
Débutant en provincial aux commandes d'une Honda Civic, il a très vite gravi les échelons. « J'ai commencé à rouler en course à 48 ans. J'ai disputé mon premier rallye mondial au Pays de Galles en 2013 aux commandes d'une Fiesta R5. Et depuis, j'ai fait vingt mondiaux. »
Avec le titre de champion du monde du WRC Trophy à la clé l'an dernier. «J'estimais dès lors avoir fait le tour de la question. J'ai obtenu pas mal de satisfactions en rallye, même plus que ce que j'attendais. Je suis un homme d'affaires. J'ai réussi en créant mon entreprise que je dois gérer. Je n'ai donc plus beaucoup de temps aujourd'hui à consacrer à ma passion. Dès lors, j'ai un programme plus léger. Cette année, j'ai terminé 7e de l'Acropole en IRC avec une Skoda R5 puis j'ai gagné la semaine dernière les Boucles Chevrotines pour me remettre dans le bain avec ma DS3 WRC. J'ai 54 ans et pour la fin de ma carrière, j'ai décidé de m'offrir un dernier petit plaisir. Je disposerai ainsi en Allemagne et en Australie d'une 4e Fiesta WRC alignée par M-Sport. Je compte terminer par le Mexique et j'espère un super résultat en Grèce en 2019 avant de me consacrer plus à mon team J-Motorsport et à mon poulain Kevin Demaerschalk qui disputera les trois dernières manches du championnat de Belgique sur une C3 R5. Le but est qu'il dispute tout le championnat l'an prochain. Avec Lara Vanneste, ils seront mes ouvreurs ici au Deutschland. »
Jourdan a découvert lundi sa « bête » lors d'une séance de tests au milieu des vignes. « C'est vraiment un truc de fou. La différence avec la DS3 ancienne génération est extraordinaire. Cela pousse plus fort mais surtout cela fait tout ce que tu veux. Elle est nettement plus facile à piloter. Je me suis beaucoup amusé. »
Pas question bien sûr de se mettre la moindre pression... «Non, je roule avant tout pour me faire plaisir. Mais je ne veux pas traîner non plus. Je vais donner le max de mes possibilités. Cette auto demande un pilotage viril, agressif. Avec Fred Miclotte, je dispose d'un équipier expérimenté. Cela me fait déjà gagner certainement une seconde au kil ' »
Pas assez bien sûr pour rivaliser avec les professionnels.
« C'est impossible bien sûr de faire les chronos des jeunes qui roulent toutes les semaines et disputent tout le championnat quand vous avez 54 piges et que vous roulez quatre ou cinq fois par an. Même les meilleurs pilotes de WRC2 aujourd'hui sont tous des pros. Moi je suis un amateur. Au début, je n'aimais pas que l'on me traite de gentleman driver. Mais je me suis rendu compte que c'était une réalité qu'aujourd'hui j'accepte. Alors je me fixe des objectifs réalisables. Ici, avec 13 top WRC au départ, je vise un Top 15, soit juste derrière les meilleures WRC2. »
Avec un peu de chance, il ouvrira la route samedi avec le règlement des WRC1 inversé lors de la 2e étape. « Ce devrait être le cas aussi jeudi soir lors de la spéciale show. J'ai déjà eu cet honneur en Angleterre l'an dernier. Cela ne m'impressionne plus. Je bénéficierai d'une route plus propre. »
Et si d'aventure, par un quelconque concours de circonstances, il se retrouvait dans une position où Malcolm Wilson pouvait lui demander de ralentir ou pointer en retard pour offrir une meilleure place à Sébastien Ogier ? « C'est mon équipier ce week-end et je jouerai le jeu de l'équipe. Je n'ai pas le choix, » sourit-il. Heureusement pour Thierry Neuville et la conscience de Jourdan Serderidis, ce cas de figure est hautement improbable... Car comme tout fan de rallye belge, l'amateur grec souhaite bien sûr voir notre compatriote champion du monde pour la première fois cette saison.