Pascal Vasselon (Toyota) avant les 24H du Mans: "Ce n'est pas notre faute si nos concurrents sont partis"
Le directeur sportif de Toyota nous explique comment ils ont simulé les pannes en vue des 24H du Mans.
- Publié le 13-06-2018 à 14h42
- Mis à jour le 13-06-2018 à 14h43
Le directeur sportif de Toyota nous explique comment ils ont simulé les pannes en vue des 24H du Mans.
Pour la majorité, faute de concurrence digne de ce nom et d'un autre constructeur à sa hauteur, Toyota a déjà gagné les 24 Heures du Mans avant même le départ. Mais ce n'est évidemment pas aussi simple. Le patron Pascal Vasselon a appris à aborder ce double tour d'horloge avec beaucoup d'humilité. Il faut dire que Toyota y est maudit depuis plus de vingt ans sans le moindre succès.
Mr Vasselon, à la veille du plus grand rendez-vous de l'année, on se dit que Toyota ne peut que gagner. Ou ne peut que perdre encore une fois, c'est selon...
« Effectivement, si on gagne dimanche, tout le monde dira que c'est normal. Par contre, si l'on perd une fois encore, vous aurez une histoire à raconter. On est condamnés en quelque sorte à l'emporter ce qui nous met pas mal de pression et n'est pas la position la plus confortable en fait. Cette année, on n'a vraiment pas droit à l'erreur. Mais vous savez, ce n'est pas de la faute de Toyota si on se retrouve seul, si nos concurrents Audi et Porsche et se sont retirés de l'endurance pour les raisons que l'on connaît. »
Pensez-vous que vous allez réellement dominer cette édition ?
«C'est difficile à dire. Je ne sais pas si on a déjà vu la réelle vitesse de tout nos rivaux. On roule dans deux catégories différentes, hybride et non hybride, avec des règles différentes. La FIA a tout de même tenté d'équilibrer le tout afin qu'il y ait match. Il pourrait donc avoir une bataille notamment avec les Rebellion très bien préparée. »
'Nos prototypes ne sont pas conçus pour rouler deux secondes moins vite. Sinon vous déréglez le système"
Que vous apporte cette année la présence en « guest star » de Fernando Alonso ?
« Beaucoup. Et pas seulement en termes de retombées publicitaires. Il faut noter d'abord que Fernando ne dispute pas que Le Mans. Il fait tout le championnat du monde avec nous. Il en est d'ailleurs le leader après la victoire à Spa en compagnie de Sébastien Buemi et Kazuki Nakajima. C'est un vrai compétiteur. Il veut seulement gagner. Il a un bon team spirit. Il motive encore plus tout le monde. Il n'est pas double champion du monde de F1 pour rien. Et puis on a pu voir lors du Test Day où il découvrait la piste qu'il est bigrement rapide. »
Si la #8 gagne dimanche, ce sera d'abord la victoire d'Alonso puis celle de Toyota, non ?
« Peut-être, mais cela ne nous pose pas de problème. Au Japon, ce sera la victoire de Toyota puis de Nakajima. Ce serait la première fois qu'un pilote japonais gagne Le Mans sur une voiture japonaise. »
Qu'avez-vous modifié principalement à votre proto par rapport à l'an dernier ?
« On a surtout augmenté le système de refroidissement. »
Le système hybride est fiable ?
« Très oui. »
Comment avez-vous préparé spécifiquement Le Mans ?
« On a changé complètement notre fusil d'épaule. Par le passé, on multipliait les simulations. On essayait de faire 24, 30h sans le moindre souci. Cela fonctionnait. Et quand on arrivait au Mans, on rencontrait toujours un souci ou l'autre. Ce circuit routier, avec de très grandes lignes droites, est atypique. Il n'est pas possible de simuler Le Mans. Cette année, on a effectué 35.000 km d'essais mais en causant des problèmes, en simulant des pannes, en cassant exprès une transmission. On a voulu entraîner nos mécaniciens à réparer encore plus vite, mais aussi nos pilotes à trouver une solution pour ramener dans tous les cas la voiture au stand. Car on a vu lors des dernières éditions qu'on a perdu plusieurs voitures arrêtées en bord de piste. Et qui auraient pu repartir si elles avaient pu rentrer au stand. »
On se dit que sans Porsche ni Audi pour mettre la pression, vous allez pouvoir adopter un rythme de sénateur, vous promener durant 24 heures...
« Ce ne sera pas le cas. Tout d'abord, on ne sous-estime pas nos concurrents. On reste méfiants. Ensuite, il faut bien comprendre que nos protos ne sont pas conçus pour rouler deux secondes moins vite. Ce sont des voitures de course faites pour aller très vite. Si vous levez le pied, vous n'allez pas récupérer suffisamment d'énergie et vous risquez de déséquilibrer totalement le système. «