Ogier : "Ott et Thierry ont donné plus de valeur à ce 6e titre"
- Publié le 18-11-2018 à 19h45
- Mis à jour le 19-11-2018 à 08h08
Le Français a pour ambition de garder son numéro 1 chez Citroën en 2019. Sacrés pour la sixième fois consécutive au terme d’une saison et d’un Rallye d’Australie exténuants, Sébastien Ogier et Julien Ingrassia ont clairement mérité de conserver leur titre de champions du monde. Alors qu’ils comptaient 27 unités de retard au soir du succès de Thierry Neuville en Sardaigne, ils n’ont jamais baissé les bras. Et ont fait preuve de plus de constance et de maturité sur les dernières manches pour décrocher une nouvelle fois la timbale. À bientôt 35 ans (il les fêtera le 17 décembre prochain), le Haut-Alpin peut être fier du travail accompli.
Sébastien, quel a été votre sentiment quand, après Thierry Neuville, vous avez appris que Ott Tanak avait abandonné (sortie) dans l’avant-dernière spéciale et donc que vous étiez sacré pour la 6e fois ?
"Honnêtement, j’étais super heureux. Ce fut un grand soulagement car les conditions de route ce dimanche étaient vraiment délicates et même en assurant comme ma grand-mère, je me faisais encore des frayeurs. Bien sûr, c’était un peu dommage d’apprendre cela par radio sur la liaison. Cela a un peu gâché le moment. Mais avec Julien on s’est dit : c’est bon, on l’a fait. On tenait absolument à offrir ce cadeau d’adieu à Malcolm Wilson et à emporter avec nous le n° 1 comme cadeau de bienvenue chez Citroën."
Au départ de la spéciale précédente, on vous a prévenu que Thierry venait d’abandonner. Quelle a été votre réaction ?
"Cela m’a enlevé une partie de la pression car je savais qu’il allait tout tenter et qu’il allait falloir y aller nous aussi pour rester devant. Du coup, j’ai levé le pied. Je n’avais plus qu’à rejoindre l’arrivée. Mais même en roulant à 80 %, cela glissait énormément sur cette terre argileuse."
Qu’est ce qui au final, selon vous, a fait la différence ?
"L’expérience peut-être. J’étais plus serein que mes rivaux et, contrairement à eux, je n’ai commis aucune erreur. J’ai aussi connu des hauts et des bas durant la saison. J’ai aussi fait des fautes. Mais pas au moment décisif. Je n’ai jamais baissé les bras. Ma victoire au Wales Rally GB m’a bien relancé aussi. C’était un moment clé du championnat pour moi. Il est toujours difficile de lire sur le visage de Ott. Je pense qu’il est fort mentalement, mais j’ai par exemple senti jeudi que Thierry était plus stressé que d’habitude. J’ai toujours dit qu’il ne fallait pas enterrer Ott. Je l’ai considéré comme mon plus dangereux rival. Et il a été le dernier à plier. Avoir déjà cinq titres en poche m’a aidé. Vous relativisez l’importance de l’enjeu. Quand vous luttez pour votre premier titre, vous ne savez jamais si la chance se représentera. Vous manquez un peu de confiance."
Que pouvez-vous dire de vos deux adversaires de la saison, Ott Tanak et Thierry Neuville ?
"Que ce sont deux redoutables adversaires. Je les remercie d’avoir donné autant de valeur à ce sixième titre. Je n’avais encore jamais connu une saison aussi disputée. J’ai dû me battre quasi jusqu’au bout face à deux leaders d’usines possédant de nettement plus gros moyens que nous chez M-Sport, une équipe privée."
Vous allez quitter M-Sport avec qui vous avez remporté vos deux derniers titres pour revenir chez Citroën…
"Effectivement. Je suis très heureux de pouvoir leur dire good bye de la plus belle des manières. M-Sport est le meilleur team que j’ai connu. Leur engagement est total. Honnêtement, c’est un déchirement de partir. C’est comme quitter une femme que vous aimez. D’un autre côté, je sais aussi que je vais vivre une nouvelle aventure excitante avec Citroën. Et je me réjouis de retrouver de la nourriture française même si j’ai toujours apprécié les bonnes bouteilles de Malcolm !"
On se sent comment quand on est six fois champion du monde ?
"Là ? Épuisé ! Cela a été une saison très intense. Je suis vraiment impatient de partir en vacances."
En 2019, l’objectif sera clairement de ramener le titre chez Citroën ?
"C’est le but, oui. Il va falloir retrouver la performance le plus vite possible, adapter la C3 à mon style. J’ai pu me rendre compte lors de mon galop d’essai de ses points forts mais aussi de certaines choses à améliorer."
Vous avez signé pour deux ans avec Citroën. Il risque de vous manquer une saison pour égaler le record de neuf titres de Sébastien Loeb ?
"À mes yeux, ce record n’est pas important. J’ai un plan dans ma tête qui est de courir encore deux ans en rallye. J’ai plein d’autres choses que je souhaite faire après."
Mais si vous êtes à huit fin 2020, vous ne serez pas tenté de repartir pour un an ?
"Essayons d’abord d’avoir le septième. L’an prochain, je vais me retrouver face à Neuville et Hyundai qui sont solides partout et Ott Tanak qui connaît maintenant bien la maison Toyota. Ce ne sera pas évident pour nous. Mais bon, c’est vrai que je pense tout de même que j’ai une option de mon côté pour une troisième saison dans mon contrat Citroën. Mais uniquement si j’en éprouve l’envie…"