Marche arrière : Le non respect des limites de la piste beaucoup moins sanctionné aux 24H de Spa Francorchamps !
Voilà qui ne va pas inciter les pilotes à moins rouler comme des cow-boys. Dommage...
- Publié le 25-07-2018 à 13h52
- Mis à jour le 25-07-2018 à 13h53
Voilà qui ne va pas inciter les pilotes à moins rouler comme des cow-boys. Dommage...
On l'a déjà dit et répété : le non respect des limites de la piste sur certains circuits où les aires de dégagements ont des allures de parking de supermarché est devenu un véritable fléau. « C'est le cancer du sport automobile moderne, » nous a confié Vincent Vosse, patron du team Audi WRT. Et c'est particulièrement vrai à Francorchamps où les pilotes non respectueux coupent à peu près partout : à la sortie de la Source, au Raidillon (en bas et en haut), aux Combes, à Bruxelles, à la sortie du speaker corner, au double gauche, à la sortie du pif paf, au virage Paul Frère, avant et après Blanchimont et à la Chicane. Bref, voilà ce qui arrive quand on respecte le cahier de charge de la F1 et qu'on ne met pas en oeuvre les moyens nécessaires pour faire respecter la règle disant qu'une voiture doit toujours avoir au moins deux roues entre les lignes blanches délimitant la piste. Le circuit de Magny-Cours par exemple est équipé d'un système envoyant directement une photo à la direction de course des voitures coupant des quatre roues.
A l'heure où l'on s'apprête à se payer des vacances sur la lune, des satellites, GPS et de l'électronique à l'extrême, n'allez pas nous faire croire qu'il n'est pas possible d'équiper les circuits et les voitures d'un système fiable pour détecter, de manière automatique, les fraudeurs. Cela fait vingt ans que cela existe à Wimbledon. Le VAR a été l'une des attractions de la Coupe du Monde de football. Il faut se moderniser, investir pour ne pas dénaturer et faire perdre à Francorchamps sa bonne réputation. C'est plus important et urgent que des casques connectés ou du wifi sur tout le site ! Pour les cent ans du circuit, il nous paraît primordial de faire honneur à sa réputation de grand juge, de circuit où jadis les meilleurs faisaient la différence, de montrer l'exemple. Cela doit être le chantier numéro 1 !
Bien sûr, ce n'est pas simple. Pierre Delettre a essayé de jouer au shérif et de faire la loi lors des 25H VW Fun Cup en punissant systématiquement les pilotes ne respectant pas les « tracks limits ». Durant la première heure de course, plus de 200 pénalités sont tombées. Résultat, après une heure trente, il a d'abord changé la règle puis décider de tout laisser tomber. « Ce n'est pas gérable avec autant de voitures et des pilotes ne respectant rien, » nous a confié le directeur de course de la Fun qui depuis a rendu son tablier car il n'était pas souverain. « Les bandes détectant les off tracks en haut du Raidillon et à la sortie de Blanchimont avaient en outre été mal placées. En 17 tours, Maxime Martin avaient 20 hors piste et le pilote qu'il suivait zéro. C'est n'importe quoi. Le système n'était pas fiable. On a donc laissé tomber. J'avais une liste noire et sur 550 pilotes, seuls 26 n'ont pas été sanctionnés au moins une fois. »
Mais on parle ici de courses pour amateurs. Les 24 Heures de Spa, c'est la plus grande course au monde pour GT. Et si certes les amateurs sont admis au départ, une centaine de professionnels fait la course en tête.
L'an dernier, la direction de course était assez stricte et les «drive through » tombaient assez régulièrement pour punir les pilotes incapables de passer le Raidillon ou Blanchimont à fond sans couper des quatre roues hors de la piste. Et ils sont nombreux ! Mais cette année, comme le système est toujours assez aléatoire, tient de la bonne volonté et de l'oeil avisé ou pas des commissaires de piste, le non respect des limites et des règles sera moins pénalisant.
« Il a été décidé de ne plus mettre systématiquement un ‘drive through’ à la voiture fautive, » a déclaré le directeur de course Alain Adam lors d'une interview accordée au site Endurance Info. « Il y aura deux avertissements, un drapeau avertissement lors de la 3e infraction puis un dernier avertissement et enfin une pénalité, comme c’était le cas dans le passé. Maintenant, la pénalité sera un arrêt de 5s avant d’effectuer le ravitaillement. La fois suivante, ce sera 10s et ensuite un stop & go. Au bout de six heures, on remet les compteurs à zéro. Auparavant, un drive through coûtait environ 50 secondes. »
En résumé, après cinq « coupes », vous perdrez cinq secondes, soit le temps gagné sur la piste en ne respectant pas les limites. Après dix, ce sera dix secondes. Et après quinze seulement, un « stop and go ». Et au bout de six heures, on remet les compteurs à zéro.
En gros, le non respect des limites de la piste sera dans un premier temps puni dix fois moins que l'an dernier au niveau de la perte de temps. Voilà qui n'est pas très dissuasif. Et ne va certainement pas inciter les pilotes à plus respecter les « tracks limits ». Donc il y en aura plus, il y aura plus de travail et le risque est que l'an prochain se soit encore pire. C'est un cercle vicieux.
On ne parlait pas de tout cela à l'époque des bacs à graviers. A cette époque, les pilotes restaient la plupart du temps sur la piste ou étaient fortement pénalisés. Et les meilleurs faisaient toujours la différence...