McLaren entraîne Vandoorne dans sa chute
Super star voici deux ans, le Belge souffre face à Alonso.
- Publié le 25-05-2018 à 05h50
- Mis à jour le 25-05-2018 à 09h45
Super star voici deux ans, le Belge souffre face à Alonso. Le niveau très décevant de McLaren depuis 2014 et encore en ce début de saison, malgré son changement de motoriste, laisse perplexe.
Si l’on se réjouissait voici plus de quatre ans déjà quand notre compatriote a rejoint le programme Junior de Woking, aujourd’hui le doute s’est installé. Depuis les départs successifs de Lewis Hamilton puis de Ron Dennis, McLaren n’est plus que l’ombre de l’équipe qu’elle a été voici dix ou vingt ans. Et n’a plus de réellement grand que son nom.
Trois ans et demi sans le moindre podium, c’est inadmissible pour une écurie avec de tels moyens employant un ex-double champion du monde comme Fernando Alonso. Et si ce n’est pas un problème d’argent, cela ne peut être qu’une question de compétences. D’ailleurs, ils viennent de virer un des trois ingénieurs ayant conçu la MCL33. Voilà qui n’augure vraiment rien de bon pour la suite des événements. Et après Honda et Tim Goss, d’autres têtes devraient sauter s’il n’y a pas de réelle amélioration dans les mois à venir.
Mis sur un piédestal , souvent avantagé, clairement numéro 1 de l’écurie (Zack Brown ne s’en cache pas), Fernando Alonso rumine intérieurement mais s’en sort encore à bon compte. Et l’on ne parle pas qu’au niveau financier, où il est payé des millions pour se taire. On lui laisse également préparer l’avenir (Zak Brown est prêt à débarquer en LMP1 avec McLaren en 2020) et aller gagner dans d’autres disciplines puisque McLaren n’est pas capable de lui donner une monoplace pour jouer devant en F1.
Nano sait bien que sa carrière au plus haut niveau en GP est derrière lui. S’il gagne au Mans le mois prochain, il y a fort à parier qu’il s’engagera en Indy l’an prochain avec le but de gagner les 500 Miles. Devenu conseiller au sein du team McLaren, l’ex-propriétaire de team Indy et dirigeant de BAR-Honda, Gil de Ferran (le papa d’Anna, la nouvelle petite amie de Stoffel…), prépare peut-être le futur américain de l’équipe et de sa super star faisant actuellement trop d’ombre au jeune Vandoorne. Peu charismatique, trop bon élève, malmené par l’expérimenté Espagnol qu’il n’a réussi à devancer à la régulière qu’à une reprise en 24 GP, notre représentant a vu sa cote chuter dans le paddock en deux ans.
En 2016, lorsqu’il avait remplacé Alonso blessé à Bahreïn, notre champion de GP2 était considéré comme la nouvelle star, un futur champion du monde en puissance. Après Red Bull, Mercedes et Renault auraient bien voulu s’assurer ses services. Mais aujourd’hui, faute de matériel à la hauteur, plus en confiance, il s’est fait doubler sur la liste des teams de pointe par des Ocon, Bottas ou Leclerc. Même Pierre Gasly a réussi un coup d’éclat en terminant quatrième à Bahreïn avec sa modeste Toro Rosso. Un exploit qu’a été incapable de réaliser Stof à ce jour puisque son meilleur résultat en F1 reste une septième place. Et si les Belges, conscients du contexte difficile dans lequel il évolue, continuent à le défendre, les étrangers le calculent de moins en moins. Et le voient plutôt succéder à Heikki Kovalainen, Kevin Magnussen ou Sergio Pérez sur la liste des pilotes n’ayant fait qu’un bref passage à Woking. "C’est triste pour un garçon du niveau de Stoffel qu’il ne parvienne pas à exprimer son talent", nous a confié à Francorchamps l’ex-pilote de F1 et leader du championnat Formula E et LMP2, Jean-Éric Vergne. "Car je suis sûr que si vous le mettiez dans une Ferrari ou une Mercedes, il gagnerait des courses comme Hamilton ou Vettel."
Une situation frustrante pour un pilote ayant gagné dans toutes les disciplines lors de son ascension vers la F1. Mais désormais entraîné dans la chute apparemment de plus en plus inexorable d’un team ne faisant plus rêver…
"Stoffel doit s’enfuir au plus vite"
Eric Van de Poele compare McLaren à Brabham.
Ne nous voilons pas la face. Si l’on croit toujours évidemment dans le talent de Stoffel Vandoorne, il est clair qu’il a aujourd’hui du mal à s’exprimer. Avec une des moins bonnes monoplaces du plateau, il souffre face aux dix-sept ans de métier de Fernando Alonso. Certes, notre compatriote n’est pas parfait. Il doit notamment mieux réussir ses départs et se faire un peu plus remarquer, se montrer parfois plus agressif sans tomber dans les excès de Max Verstappen par exemple.
Car sinon, il pourrait vite être menacé. Même s’il a toujours prétendu représenter le futur de McLaren et posséder un contrat à long terme avec l’équipe britannique, le jeune Lando Norris, champion de F3 en titre, leader actuel de la F2, jeune, britannique, fortuné, déjà sous contrat Junior McLaren depuis plus d’un an et dernier protégé de Zack Brown (alors que Stoffel était plutôt un poulain de Ron Dennis) représente une sérieuse alternative. Pour remplacer Fernando Alonso si ce dernier prend sa retraite ou quitte le team ? Pas sûr... Une paire Alonso-Norris (ils ont déjà roulé ensemble à Daytona) n’est pas à exclure non plus même si, bien sûr (on est en F1), on vous jurera le contraire. Mais, on nous l’a confirmé off : la place de Stoffel n’est pas aussi bétonnée qu’il ne le prétend.
"Pour moi, Stoffel doit s’enfuir au plus vite, estime notre ex-pilote de GP Eric Van de Poele. McLaren me fait de plus en plus penser à Brabham lors des dernières années..."
L’écurie serait en difficulté suite à la perte de centaines de millions consécutive au divorce avec Honda. On a appris cette semaine que Michael Latifi, un milliardaire canadien, est devenu le 3e plus gros actionnaire du McLaren Group (derrière la famille souveraine de Bahreïn à 56 % et Mansour Ojjeh à 14 %) en rachetant 10 % des parts pour un montant total de 233 millions d’euros. Une bonne nouvelle s’il n’était pas le papa de Nicholas, un pilote de F2 actuellement réserviste chez Force India... Encore un peu de pression en plus sur la tête de Stoffel.
S’enfuir, c’est bien, si contractuellement il le peut, mais pour aller où ? Sans résultat ni budget, cela paraît compliqué. Frédéric Vasseur, son ex-patron en GP2, a toujours été un fervent supporter de notre compatriote. Mais aujourd’hui il a besoin de pilotes payants ou de deals pour faire tourner la boutique Alfa Romeo Sauber.
Renault, en cas de retour de Carlos Sainz chez Red Bull, pour remplacer Daniel Ricciardo ? C’est la seule option crédible même s’il pourrait aussi y avoir un baquet non payant chez Haas pour y remplacer Romain Grosjean. Mais d’autres pilotes sont certainement sur la liste : Valtteri Bottas (au cas où son contrat Mercedes ne serait pas renouvelé), Esteban Ocon (si une place ne se libère pas chez Mercedes) qui a l’avantage d’être Français voire, ne rigolez pas, Fernando Alonso !
Comme vous le voyez, ce n’est pas simple. Et la meilleure solution encore serait qu’un miracle se produise. Que la McLaren-Renault devienne soudainement compétitive et que notre ambassadeur en F1 épate la galerie ce week-end dans les rues de Monaco, là où la vitesse de pointe n’est pas primordiale et où le pilote fait plus la différence. On croise les doigts pour notre meilleur pilote de F1 depuis, au moins, notre triple vainqueur de GP, Thierry Boutsen.