Cyril Abiteboul, patron de Renalt Team F1: "Renault doit être à la hauteur de Ricciardo"
Entretien avec Cyril Abiteboul, le patron de Renault Team F1
- Publié le 26-08-2018 à 14h23
Entretien avec Cyril Abiteboul, le patron de Renault Team F1 À la tête de Renault depuis son retour en F1 après avoir dirigé l’équipe Caterham, Cyril Abiteboul a toujours déclaré que la marque au losange avait pour objectif de reconquérir la couronne mondiale en 2020. L’échéance se rapproche et l’ascension se poursuit.
Quatrième du championnat constructeurs, Renault doit maintenant franchir un pas supplémentaire. Pour l’y aider, elle s’est offert un vainqueur de GP, l’Australien Daniel Ricciardo, lauréat de sept courses en F1.
Cyril Abiteboul, bravo pour le coup de l’été. Vous avez fait comment pour sortir Daniel Ricciardo de votre chapeau ?
"Merci. Nous sommes très fiers d’avoir réussi à attirer Daniel, qui est lié à Renault depuis ses débuts en Eurocup Formula Renault. Le plan a débuté quand nous avons cessé de motoriser Toro Rosso fin 2017. Nous savions qu’Honda allait nous remplacer. Et s’associer à terme avec Red Bull. Et dès ce moment, ma cible secrète était de récupérer Ricciardo."
Vous avez été fort discret jusqu’à l’annonce...
"C’était le secret de la réussite. Nous avons eu plusieurs discussions. On a joué au poker et on a emporté la mise. Red Bull s’est aligné sur tout : salaire, durée du contrat,... Mais il a préféré rester fidèle à Renault. Après les tests privés suivant le GP de Hongrie, Daniel m’a dit qu’il se donnait le temps de son vol vers Los Angeles pour se décider. Je me donnais 50 % de chances de réussite. Quand il a atterri, il m’a envoyé un SMS en pleine nuit pour moi pour me dire que c’était OK. J’étais fou de joie. Quand je l’ai annoncé à nos 700 employés, c’était dingue. Je n’avais jamais vu un tel enthousiasme. Daniel est un gars super charismatique mais aussi très honnête. Il fédère les gens autour de lui."
Qu’est ce qui a fait pencher la balance en votre faveur ?
"Je pense que Daniel imagine qu’on sera à nouveau champions du monde avant Honda. A nous de nous montrer dignes de sa confiance. On a désormais un pilote de très haut niveau. Il va pouvoir nous aider aussi. Cela surmotive tout le monde."
Cela n’a pas fait les affaires d’Esteban Ocon qui était prêt à signer avec vous ?
"Effectivement et j’en suis désolé. Nous avions une belle option avec Esteban même si cela faisait bizarre de devoir négocier avec un autre constructeur manageant sa carrière. Il a trop de talent pour qu’il ne trouve pas un autre volant pour 2019. Je ne suis pas inquiet pour lui."
Depuis son retour, chaque année, Renault se fixe des objectifs plus hauts. Et les atteint. Cette saison, c’est la 4e place du championnat constructeurs que vous occupez actuellement. Et l’an prochain ce sera la 3e, devant Red Bull ?
"Ce sera effectivement le but. Mais les derniers échelons sont les plus durs à gravir. Honda investit une somme colossale pour la F1 et leurs progrès sont vraiment spectaculaires, donc je me méfie. Ils ont actuellement plus un souci de fiabilité que de performance. Mais cela ne fait pas trop de vague quand ils sont 15es et sont renvoyés en fond de grille car ils changent un moteur. Ce sera différent quand ils joueront devant avec un Verstappen qui hurle dès qu’il y a un problème."
Comment Nico Hulkenberg a-t-il accueilli la nouvelle ?
"Très bien. Il a une confiance extraordinaire en lui et est convaincu qu’il peut battre Ricciardo. Il va enfin avoir une pointure pour s’étalonner. Il en marre d’être le gars qui a le plus de GP sans podium. Ce sera sa dernière année de contrat et il veut nous convaincre de le garder."
Vous viserez les podiums dès 2019 ?
"L’année prochaine ou celle d’après. On a encore un gros pas à faire. On doit progresser, plus en châssis qu’en moteur. Notre moteur a déjà gagné cette année avec Red Bull. Cela démontre bien que c’est du côté du châssis que l’on a encore le plus de progrès à faire. Il n’y a pas de recette miracle. On avance pas à pas. Ici encore on étrenne des évolutions. On va encore faire un test en soufflerie avec la voiture 2018 et puis on basculera sur 2019."
Que pensez-vous de l’évolution de votre client McLaren ?
"Pour l’instant, c’est difficile pour eux. C’est Fernando qui tient la baraque. Ils se sont racontés une histoire durant plusieurs années en mettant leur retrait sur le compte de leur motoriste. Mais ils vont revenir..."
Et Stoffel Vandoorne, vous le voyez revenir aussi ?
"Hum, je n’en suis pas sûr. Vous en pensez quoi, vous ? Ce n’est pas facile pour lui."
Est-ce vrai qu’Esteban Ocon avait déjà moulé son baquet chez Renault ?
"Non, vous vous trompez, c’est chez McLaren qu’il a moulé un siège."
Quelle est la durée du contrat de Daniel Ricciardo ?
"Deux ans. On ne peut pas s’engager au-delà de 2020 car on ne sait pas ce que deviendra la F1 en 2021. Tout risque de changer même si, côté moteur, le changement devrait être repoussé. Il n’est déjà plus possible d’être prêt à temps. On doit d’abord connaître le règlement avant de confirmer. Car si on roule avec des soucoupes volantes ou des V12, pas sûr qu’on sera toujours là."