Charles Leclerc : sur les traces de Jules...
Portrait de ce jeune prodige monégasque qui accomplit son destin en rejoignant la Scuderia Ferrari
- Publié le 12-09-2018 à 14h44
- Mis à jour le 12-09-2018 à 14h45
Portrait de ce jeune prodige monégasque qui accomplit son destin en rejoignant la Scuderia Ferrari
La compétition était dans les gênes de Charles Leclerc dès sa naissance. Son papa Hervé était lui-même pilote et courrait en Formule 3 dans les années 80. Il ne faut donc pas attendre longtemps pour voir ce Monégasque au visage de poupon au volant d’un kart. Et c’est sur la piste de Brignoles (Var), fief de la famille Bianchi, que le petit Charles va faire ses armes. « C’est effectivement mon père qui m’a refilé le virus », nous avait-il confié. « Ma famille connait également bien la famille Bianchi. On allait souvent rouler sur la piste de kart familiale. J’étais assez souvent là-bas et c’est comme cela que j’ai eu la passion, d’abord en suivant Jules. »
Ce Jules, c’est évidemment Jules Bianchi. Les deux garçons vont nouer une amitié très forte. De 8 ans son aîné, Jules deviendra aussi le parrain et le mentor de Charles. « Il était un exemple pour moi. », ajoute Leclerc. « Quand j’étais petit, je le regardais avec des grands yeux. J’essayais d’ailleurs de l’imiter sur la piste quand j’avais 5-6 ans. ». Avec son paternel et le futur pilote Marussia, Charles est à bonne école et aligne les trophées en karting. Entre 2005 et 2013, il aligne les titres de champion et vice-champion dans les compétitions régionales et nationales en France mais est surtout champion en WSK Euro Series, vice-champion du monde U18, vice-champion KZ1 et lauréat de la Winter Cup face à un certain Max Verstappen.
Mais à l’inverse d’un Lando Norris ou même d’un Verstappen, les finances ne sont pas au beau fixe pour la famille Leclerc. Là aussi, Charles devra son salut à son parrain Jules qui le conseillera à Nicolas Todt. Touché par les qualités humaines et le coup de volant de ce petit prodige, le très influent manager dans le milieu du sport auto est conquis. Quand il est temps pour Charles de passer à la monoplace, il débarque en Formule Renault 2.0 ALPS en 2014 et termine d’emblée vice-champion et meilleur rookie. De quoi lui ouvrir les portes de la Formule 3 européenne. Rebelote : une 4e place au classement général et le titre de meilleur novice, sans compter une prestigieuse médaille d'argent au Grand Prix de Macao.
Mais entre-temps, Jules n’est plus là pour le conseiller. Le pilote français lui fait néanmoins un dernier cadeau : il lui ouvre les portes de la Scuderia Ferrari. « Jules a souvent parlé de moi à Maranello. Fin 2015, Maurizio Arrivabene m’a convoqué à Fiorano. Nous avons discuté et au final, nous avons conclu un accord pour que je rejoigne la FDA. Autant dire que j’étais très heureux de cette opportunité d’avoir intégré la filière d’une marque aussi prestigieuse. ». Sous les couleurs du Cheval Cabré, il explose aux yeux de tous. Pilote le plus rapide des essais d’après-saison en GP3 à Abou Dhabi, il gagne le championnat en surclassement avec ART Grand Prix en 2016. 2017 sera une véritable OPA du Monégasque qui aligne les victoires comme les perles en Formule 2 avec Prema Racing.
Son arrivée en Formule 1 n’est plus qu’une question de temps. Après avoir multiplié les essais pour Ferrari, Haas et Sauber, il est enfin confirmé chez Sauber-Alfa Romeo cette année. On connaît la suite : il tiendra vite en respect son équipier Marcus Ericsson et entrera à plusieurs reprises dans les points en dépit d’un matériel médiocre. Il ne faut pas attendre longtemps pour voir son nom sur la short-list de Ferrari. De son vivant, Sergio Marchionne, le PDG de FCA, voulait le voir remplacer Räikkönen pour 2019. Des dents grincent, notamment dans le fief de Sebastian Vettel et Maurizio Arrivabene. Alors qu’on pouvait penser que le décès de Marchionne allait retarder l’échéance d’un an, Charles a finalement été titularisé en début de semaine.
Le Principautaire aura 21 ans quand il prendra le départ de son premier Grand Prix avec les Rouges. D’une certaine manière, il honore le baquet qui devait initialement être dévolu à son ami Bianchi. La tâche ne sera pas facile pour lui car défendre les couleurs de Maranello peut se révéler être un cadeau empoisonné. Mais s’il parvient à s’affirmer face à Vettel, la plus belle des carrières l’attendra en F1. De là où ils sont, son papa Hervé et son parrain Jules peuvent être fiers de lui.