Fernando Alonso peut-il encore viser la triple couronne ?
Après Indianapolis l'an dernier, Fernando Alonso a officialisé sa participation aux prochaines 24 Heures du Mans, deux jours à peine après une première expérience enthousiasmante aux 24 heures de Daytona. L'Espagnol participera à la super saison 2018-2019 du WEC avec l'usine Toyota.
- Publié le 30-01-2018 à 16h01
Après Indianapolis l'an dernier, Fernando Alonso a officialisé sa participation aux prochaines 24 Heures du Mans, deux jours à peine après une première expérience enthousiasmante aux 24 heures de Daytona. L'Espagnol participera à la super saison 2018-2019 du WEC avec l'usine Toyota.
Quelles sont les réelles motivations de Fernando alors qu'il entame un dernier sacré challenge en F1 avec McLaren et Renault ?
« Il existe trois principales raisons. La première et sans doute principale est que Fernando est un véritable « racer », un passionné de sport automobile au sens général. Après dix-sept saisons passées en F1 (et ce n'est pas fini), il ressent le besoin et l'envie de goûter à autre chose. De se lancer de nouveaux défis, de trouver d'autres sensations, des disciplines où il pourrait se reconvertir dans le futur car, à 36 ans, sa carrière touche clairement à sa fin en F1 où l'on ne voit guère rester encore plus de deux ans. Et cela tombe bien puisque McLaren envisage aussi dans le futur de revenir en endurance et au Mans, une course que la marque de Woking a déjà remportée. Fernando Alonso y va donc en quelque sorte en éclaireur et pourra bénéficier de toute l'expérience de Toyota. La deuxième est que l'Espagnol sait très bien aujourd'hui qu'il ne pourra jamais atteindre ni battre le record de sept titres en F1 de Michael Schumacher. Un troisième avec McLaren est déjà peu probable et serait exceptionnel. Le « Matador » s'est donc fixé de nouveaux objectifs. Devenir le seul champion du monde de F1 à gagner les 24H du Mans en est un. Seuls quatre autres champions (Mike Hawthorn, Graham et Phil Hill et Jochen Rindt) ont réussi cet exploit dans l'histoire du sport auto. Mais plus fort encore il vise la triple couronne, à savoir remporter les trois plus grandes courses du monde, le GP de Monaco de F1 (c'est déjà fait), les 24H du Mans et les 500 Miles d'Indianapolis, une sorte de record que seul Graham Hill, sacré à deux reprises en F1 en 1962 et 1968 a réussi à établir en remportant non moins de cinq fois le GP monégasque mais en remportant aussi les 500 Miles (1966) et les 24H du Mans (1972). Troisièmement enfin, n'oublions pas l'aspect financier. Suite au retrait d'Honda, McLaren devant payer désormais ses moteurs Renault, Alonso a dû accepter une légère diminution de salaire qu'il devrait compenser allègrement grâce au chèque qu'il recevra chez Toyota. Son niveau de vie ne devrait pas diminuer...»
Fernando Alonso a-t-il des chances de décrocher cette triple couronne ?
« Elles sont plus grandes en tout cas que celles d'être couronné à nouveau en F1 même si l'on attend beaucoup mieux que moteur Renault. Mais cette année, ce sera encore trop juste. En 2019 peut-être. Ses chances de gagner le Mans cette année ou la suivante (il a signé pour deux ans pour autant qu'il n'y ait pas de clash avec la F1 l'an prochain) sont quasi d'une sur deux en l'absence de tout autre grand constructeur dans la catégorie de pointe pour l'instant. Il resterait alors les 500 Miles d'Indianapolis déjà menée l'an dernier dès sa première participation. Une course que Juan-Pablo Montoya a remportée à 39 ans en 2015 (le Colombien a aussi remporté le GP de Monaco en 2003 mais n'envisage pas de participer au Mans) et que d'autres comme Nigel Mansell ont pu gagner après leur carrière F1. Rien n'est donc impossible, surtout pour un champion de la trempe d'Alonso encore considéré comme l'un des meilleurs en F1. Et qui n'a toujours aujourd'hui que 36 ans ce qui reste jeune pour Indy et l'endurance...»
Quelles sont les chances réelles de Fernando Alonso de remporter les 24H du Mans 2018 ?
« Elles sont réelles et quasi d'une sur deux. Toyota est certes maudite dans la Sarthe où elle ne s'est encore jamais imposée avec deux gros coups de malchance lors des deux dernières éditions. Même en roulant seules, elles ne seraient pas encore certaines de franchir la ligne après 24h. Mais cette année, sans Audi ni Porsche pour leur mettre la pression, on imagine difficilement comment la victoire pourrait encore échapper au constructeur japonais. Fernando a déjà testé la Toyota à Bahrein et était directement dans les chronos des meilleurs. Il partagera le volant avec Sebastien Buemi et Kazuki Nakajima sur la N°7. Il faudra donc juste battre à priori la N°8 de Conway-Kobayashi-Lopez. Et si ce n'est pas cette année, ce sera la suivante. « J'ai toujours voulu participer au Mans, une course qui m'intéresse et que je suis depuis de nombreuses années. J'étais d'ailleurs présent en 2015 quand Nico Hulkenberg s'est imposé, » a déclaré le pilote McLaren.« La F1 reste ma priorité pour l'instant, mais si je peux gagner en WEC et au Mans, ce serait génial. »
Fernando va participer d'ici à la mi-juin à pas mal de séances de tests et disputera également les 6H de Spa en guise de préparation. Il a terminé les 24H de Daytona, sa première épreuve d'endurance, sans accroc.Le Mans est devenu un véritable sprint et il ne faut plus vraiment beaucoup d'expérience en endurance pour y briller. Le pilote Renault F1 Nico Hulkenberg l'a démontré en s'imposant dès sa première participation en 2015 avec Porsche. »
Quel effet pour Stoffel Vandoorne, son équipier en F1 ?
« Se disperser, courir dans plusieurs disciplines n'est pas spécialement un avantage car une F1 et un proto WEC se comportent différemment, notamment au niveau du freinage avec les différents systèmes de récupération d'énergie. Disputer deux championnats en parallèle va coûter pas mal de temps et d'énergie à Fernando Alonso. Son jeune équipier belge aura donc certainement plus de travail à l'usine de Woking, il va passer plus de temps dans le simulateur, avec les mécaniciens, avec l'équipe ce qui est toujours positif. Même si Alonso sera toujours performant et présent sur les 21 GP, son absence à certaines réunions, débriefing pourrait tourner à l'avantage de notre compatriote. Même si on n'a pas dit du coup que Stoffel allait facilement battre le double champion , un dur à cuire ! »