D'Ambrosio entame sa cinquième saison en Formula E: "La principale alternative à la F1"
La Formula E entame, ce week-end en Arabie saoudite, sa cinquième saison.
- Publié le 14-12-2018 à 07h27
- Mis à jour le 14-12-2018 à 07h28
La Formula E entame, ce week-end en Arabie saoudite, sa cinquième saison. Notre compatriote Jérôme D’Ambrosio fait partie des pionniers n’ayant raté aucune édition de la Formule E, au même titre que le Brésilien Lucas Di Grassi ou que le Britannique Sam Bird. Pour ce nouveau départ, le pilote originaire de Grez-Doiceau a changé de team. À bientôt 33 ans (il les fêtera le 27 décembre), Jéjé rejoint les Indiens de Mahindra. Avec de nouvelles ambitions.
Jérôme, pourquoi avoir décidé de quitter l’écurie américaine Dragon Racing ?
"Après quatre années, disons que j’avais fait le tour. J’avais besoin de changer un peu d’air. Il faut avouer que sur les deux dernières saisons, on n’a pas eu les résultats espérés. Dragon est un des deux seuls teams privés. En 2016-2017, cela a été difficile. Et l’an dernier la situation ne s’est pas améliorée. J’avais déjà eu des contacts avec Mahindra par le passé. C’est une nettement plus grosse structure, avec un constructeur derrière. C’est un peu comme si je passais de Sauber à Red Bull en F1."
Quel est votre objectif pour cette saison 2018-2019 ?
"Les cartes sont complètement redistribuées avec l’arrivée de la nouvelle voiture Gen2. Mahindra s’est classé 4e du championnat écurie l’an dernier après avoir mené le championnat pilotes avec Félix Rosenqvist. C’est un très bon team. J’espère pouvoir à nouveau gagner des courses (NdlR : il compte jusqu’ici deux victoires) et me battre pour le titre."
Quels sont les nouveaux circuits du championnat ?
"On va commencer par Riyad ce week-end. Ensuite on découvrira une nouvelle piste à Santiago, à Bern et en Chine. On revient aussi à Monaco deux semaines avant la F1."
L’arrivée de la nouvelle voiture va changer pas mal la physionomie des courses ?
"Oui, tout va changer. D’abord, on va pouvoir disputer un e-Prix sans devoir changer de voiture à mi-course comme lors des quatre premières saisons. Il n’y aura donc plus de pitstops. Les e-Prix feront 45 minutes plus un tour, ce qui sera compliqué à gérer au niveau de l’autonomie car, si le leader passe la ligne à 44’59 ou à 45’01, cela nous obligera à boucler un tour de plus ou de moins. Et l’on risque de voir certains concurrents ayant mal calculé tomber en panne d’énergie dans le dernier tour. Enfin, il y aura aussi la nouvelle règle autorisant tout le monde à recoller au leader lors d’un Full Course Yellow comme aux États-Unis. Les courses resteront ainsi plus disputées jusqu’au bout."
La Gen2 est aussi plus puissante que l’auto de l’an dernier ?
"Oui, elle fait 250 KW, soit plus ou moins 80 chevaux de plus que celle de l’an dernier, ce qui va représenter un gain de l’ordre de deux à trois secondes au tour selon les tracés, d’autant qu’on disposera de pneus un peu plus performants aussi. Cela devient fort chaud sur certains circuits en ville. En prime, on disposera tous d’un hyperboost, une version améliorée du Fan Boost. Entre nous, on surnomme cela le système Mario Kart. En prenant une autre trajectoire et en passant sur une ligne, on disposera durant trois ou quatre minutes de 35 chevaux supplémentaires, ce qui favorisera les dépassements. Et cela deux fois par course. Enfin, je trouve qu’avec son look futuriste cette monoplace est devenue vraiment belle."
Vous ne regrettez visiblement pas votre choix de vous être lancé dans la formule électrique après votre passage en F1 ?
"Pas du tout. Je suis très heureux là où je suis. La Formula E est le seul championnat qui grandit encore, avec des nouveautés et qui surtout a du sens pour les constructeurs, par rapport à la réalité économique, au marché de l’automobile. Il y a quatre ans, les jeunes qui ne pouvaient pas aller en F1 ou en étaient évincés visaient en priorité le DTM, l’Indy, le Japon, voire le WEC. Aujourd’hui, la Formula E est déjà devenue le choix alternatif prioritaire. Le championnat n° 2. L’arrivée de Stoffel, de mon équipier Pascal Wehrlein, d’Oliver Rowland en est la preuve."
"Vandoorne sera compétitif"
L’entente est bonne entre nos deux compatriotes.
Avec l’Allemand de Nivelles André Lotterer, Jérôme D’Ambrosio et l’arrivée de Stoffel Vandoorne, la Formula E comptera deux Belges et demi pour sa saison 2018-2019.
"Presque trois, vous pouvez même écrire, car André est très belge", sourit Jérôme côtoyant depuis déjà quelques années Stoffel à Monaco où ils résident tous les deux. "On fait parfois du vélo et d’autres sports ensemble. Sur les dernières semaines, on s’est retrouvé deux fois pour dîner. Je m’entends super bien avec lui et je suis content qu’il vienne rouler avec nous. Bien sûr, lui aurait sans doute espéré rester en F1. Personne ne s’attendait à ce que sa carrière au plus haut niveau soit aussi courte. Il n’a pas eu de réussite, voilà tout. Il est tombé au mauvais moment chez McLaren. C’est dommage pour lui et la Belgique. Maintenant son engagement en Formula E, comme celui de Felipe Massa, va donner encore plus d’intérêt général et de valeur à notre championnat. C’est une très bonne chose de voir débarquer des jeunes pilotes."
Et Jérôme ne doute pas une seconde que son compatriote y sera vite compétitif : "André Lotterer n’a mis qu’un e-Prix pour s’adapter et jouer devant. Stoffel vient de la F1 avec un tout bon team. C’est un des meilleurs pilotes du monde. Je suis persuadé qu’il s’habituera très rapidement."
Comme Stoffel, Jérôme a passé quatre jours dans le simulateur Mahindra pour préparer le premier rendez-vous de la saison. "Ce circuit est intéressant. Il y a un enchaînement très technique de 6 ou 7 virages faisant un peu penser aux Esses de Suzuka ou de Becketts à Silverstone, mais en moins rapide. Si vous ratez le premier, vous serez mal dans les suivants. Il ne faudra pas commettre d’erreurs. Mais ce tracé offre aussi pas mal d’opportunités de dépassements."
À la veille du premier rendez-vous, difficile de désigner de véritables favoris. "Les différences entre les teams sont moins importantes qu’en F1. Sur un tour qualif, c’est plus le pilote et les réglages qui font la différence. Sur la durée d’une course, le rendement, la consommation d’énergie constituent un facteur prépondérant. Et là, certains possèdent un avantage technologique. Je pense à Audi, très fort dans ce domaine, mais aussi à Nissan, DS Techeetah, BMW et nous", conclut le Belge qui étrennera à partir de Marrakech un casque au nouveau design. "C’est la première fois depuis dix ans que je change les couleurs de mon casque. On a organisé un concours remporté par un designer belge s’appelant Alessandro Melone. Et j’aime beaucoup sa création."