André Lotterer revient sur les 6h de Spa: "L’Hybrid est trop avantagé"
- Publié le 07-05-2018 à 13h58
Les teams privés ne peuvent pas rivaliser réglementairement avec les Toyota d’usine. Qualifiées de répétition des 24h du Mans, les 6h de Spa en ont apporté la preuve : un peu moins de deux secondes au tour en qualifications, deux tours d’écart à l’arrivée, il n’y a actuellement pas match entre les Toyota Hybrid d’usine et les teams LMP1 privés emmenés par Rebéllion. Comme annoncé, l’équivalence des technologies est un leurre. Les Toy ont tous les avantages et toutes les cartes en main pour remporter, enfin, le double tour d’horloge sarthois.
Retour avec notre Belge de cœur, André Lotterer, sur les principaux enseignements à l’issue de la première course de la Super Saison remportée samedi par le trio Alonso-Nakajima-Buemi bien aidé par les consignes d’équipe. Car à la régulière, la n°7 de Kobayashi-Conway-Lopez était bien la plus rapide ce week-end en Ardenne.
André, tout d’abord, revenons sur votre malheureuse disqualification, tard samedi soir suite à une broutille.
"Oui, cela fait mal d’être déclassé pour une planche sous le fond plat dont l’épaisseur était 1,2mm trop fine. OK, c’est le règlement, mais il n’est pas adapté à l’endurance. On ne fait pas de la F1. On a roulé six heures, sans doute que le fond plat a été un peu trop raboté suite aux passages successifs dans le Raidillon ou sur un vibreur. Remonter notre hauteur de caisse d’un millimètre et demi ne nous aurait pas fait perdre une seconde au tour. On a certes commis une erreur. On méritait d’être pénalisé, mais la sanction est fort lourde. C’est triste pour l’équipe qui a fait du super boulot. Heureusement, l’autre voiture hérite de notre podium. Et puis, de toute manière, on ne va pas jouer le championnat. Toyota va tout gagner."
Quels sont les enseignements que vous tirez de cette première course de l’année ?
"Ce n’était que notre troisième roulage et le résultat est super positif. Notre projet n’a que six mois. Nous sommes très fiables, ce qui est crucial en endurance. Notre seul souci a été un problème avec l’antenne que nous impose la FIA. On n’y pouvait rien."
On a remarqué que vous suiviez plus facilement les Toyota en début qu’en fin de course.
"L’explication est très simple. Quand la piste est dégagée, on ne leur rend qu’une à une seconde et demi au tour. Mais dès qu’il y a du trafic, ils font une plus grosse différence grâce à leurs quatre roues motrices et leurs 1.000 chevaux."
L’équivalence entre les technologies n’existe donc pas vraiment ?
"On en est loin. En fait, réglementairement, on n’a pas le droit d’être à moins de cinq dixièmes qu’eux sur la moyenne de 20 % des tours les plus rapides. C’est la première fois de ma carrière en sport automobile que je vois cela. Une interdiction d’aller trop vite. L’Hybrid est clairement toujours trop avantagé. Il n’y a pas match. Sur le papier, à la régulière, on n’a aucune chance."
Le rapport de force pourrait-il être plus équilibré pour les 24h du Mans ?
"Je ne pense pas que ce soit la volonté de la FIA."
Rebéllion va encore évoluer de son côté ?
"Oui, on va continuer à progresser. Là, on roulait sur une lame de rasoir. Notre proto était très délicat à piloter. On passait sans cesse du sous au survirage. On doit aussi travailler sur l’électronique, les changements de pilote."
Quel est votre principal point fort ?
"On a un proto relativement simple et robuste. La fiabilité. On doit essayer d’être plus régulier. D’aller plus vite qu’eux sur 80 % de leurs tours les moins rapides."
Vous gardez donc un petit espoir de briguer un 4e succès au Mans ?
"Au Mans, tout est possible. Il y aura plus de lignes droites, plus de risques d’accrochages, de casses mécaniques. Et puis on espère que les équipages des deux Toyota vont s’entretuer. Aucun de leurs deux pilotes n’a déjà remporté Le Mans. Ils veulent tous gagner. Je peux déjà vous confier que cela a saoulé Kamui Kobayashi et Mike Conway de recevoir des consignes et de devoir rester derrière la Toyota d’Alonso en fin de course. Au Mans, sur 24h, le caractère des pilotes n’est pas gérable. On espère qu’ils se tirent la bourre et que l’on puisse en profiter."