Vedran Runje: "La France sait qu’on se battra, même sur une jambe"
Vedran Runje mesure l’importance historique de la qualification de la Croatie pour la finale de la Coupe du Monde
- Publié le 15-07-2018 à 11h39
Vedran Runje mesure l’importance historique de la qualification de la Croatie pour la finale de la Coupe du Monde Vedran Runje est un personnage emblématique de notre football. Le Croate a porté les couleurs du Standard (entre 1998 et 2001, puis de 2004 à 2006) et il est maintenant entraîneur des gardiens à l’Antwerp. Il est surtout, comme tous les Croates, fier de sa sélection qui vient pour la première fois de se qualifier pour la finale de la Coupe du Monde.
Vedran Runje, comment vivez-vous cet événement ?
"C’est tout simplement exceptionnel. C’est une aventure extraordinaire pour nous. Nous savions que nous avions une belle équipe, mais jouer la finale… Même dans mes rêves les plus fous, je n’y pensais pas. C’est le plus beau résultat de l’histoire du sport croate. Vous vous rendez compte ? Nous sommes un pays de 4 millions d’habitants. Il y a des dizaines de pays plus grands que nous qui ne sont jamais allés en finale."
Pourtant, la finale est bien réelle maintenant.
"Nous ne sommes plus dans le rêve en effet. Maintenant que nous y sommes, il faut jouer le coup à fond. Mais en face, la France se dit la même chose."
Pourtant, avec les trois prolongations, la Croatie a finalement joué un match de plus que la France. Cela pourrait faire la différence ?
"Oui et non. Oui car nous risquons d’avoir un peu plus de mal physiquement, mais non car notre équipe se battra, même sur une jambe. Ils savent qu’ils ont souffert pour en arriver jusque-là. Une finale doit jouer en se battant jusqu’au bout, les Français doivent le savoir."
Ces mêmes Français qui vous avaient éliminés en 1998.
"Je m’en souviens encore. Je regardais le match à Liège, je venais de signer au Standard. On mène, puis Thuram marque, puis après encore pire, il marque du pied gauche. Je pense qu’il n’avait jamais marqué du gauche ni à l’entraînement ni même dans son jardin. On méritait mieux; nous avions une superbe génération. Il est temps pour nous de prendre notre revanche, car si Thuram avait fait la différence, j’espère que cette fois ce sera un Croate qui la fera."
Subasic par exemple ?
"C’est le meilleur. Quand on passe deux fois aux tirs au but, cela veut dire qu’on a un bon gardien. Il y a de très bons gardiens en Croatie, et ils viennent tous de la même école : celle de l’Hajduk Split. Je suis passé par là, Subasic aussi, c’est aussi le cas pour Kalinic qui joue à Gand mais aussi pour Karlo Letica qui vient de signer à Bruges. C’est la nouvelle génération, qui sera encore plus forte."
Comment expliquer que la Croatie est en finale alors que son championnat est à la peine ?
"Du talent, il y en a dans le pays. Nous savons très bien former des joueurs, mais après ils s’en vont à l’étranger, même parfois très jeunes. Nos meilleurs joueurs jouent dans les plus grands clubs du monde : Real, FC Barcelone, Juventus. Nous avons le même problème que la Belgique : les meilleurs s’en vont et c’est normal."
Vous auriez préféré affronter la Belgique en final, même si ça aurait été bizarre pour vous ?
"Bizarre non, je suis Croate (rires). Mais cela aurait été spécial. J’ai regardé le match contre la France. Ils ont été plus malins que les Belges, ils ont su gérer la rencontre. Contre l’Angleterre nous n’avons pas fait notre meilleur match loin de là, mais nous avons gagné et nous sommes en finale, il n’y a que ça qui compte."
Vous savez que du coup, toute la Belgique sera supportrice de la Croatie ?
"C’est bien pour nous, mais nous allons nous aussi être derrière notre pays. Je vous le dis : si nous gagnons ce ne sera pas 10 jours de fête mais toute une année complète. Plus personne ne voudra arrêter de boire."