Le sélectionneur paye au prix fort sa décision d’entraîner le Real Madrid Avec le licenciement de Julen Lopetegui, c’est un véritable tremblement de terre qui secoue l’équipe d’Espagne, l’une des grandes favorites de ce Mondial. Nul ne s’attendait, de fait, à un tel scénario complètement inédit et surréaliste. Mais les événements se sont précipités depuis deux jours et, mercredi midi, Luis Rubiales, le président de la Fédération, a été contraint d’officialiser le C4 de son sélectionneur.
C’est évidemment l’annonce, mardi soir, du passage de Lopetegui au Real Madrid après le Mondial qui a déclenché tout ce capharnaüm. "Nous avons été mis devant le fait accompli, cinq minutes avant le communiqué. Nous ne pouvions pas accepter cette situation. Lopetegui a été un entraîneur fantastique mais la Fédération a des valeurs et des règles éthiques à respecter. C’est une situation très pénible mais la sélection appartient à tous les Espagnols", a expliqué Luis Rubiales qui s’est visiblement senti trahi et qui veut préserver sa légitimité.
Pour la Roja, c’est évidemment un coup terrible et, peut-être, la fin des illusions d’accrocher, en Russie, une deuxième étoile à son maillot. Depuis son entrée en fonction voici deux ans, Lopetegui avait réussi à recréer l’union sacrée entre les joueurs du Real et du Barça et avait, surtout, redonné un style conquérant à une sélection invaincue depuis son arrivée. L’Espagne a éliminé l’Italie en phase éliminatoire et a signé récemment quelques matches amicaux exceptionnels face à l’Argentine et l’Allemagne. Il est évident que son départ précipité va laisser un grand vide tant au niveau sportif qu’émotionnel.
Lorsque Zinedine Zidane a présenté sa démission du Real Madrid après la victoire en Ligue de Champions, plusieurs noms ont été cités pour le remplacer : Pocchetino, Klopp, Conte, Allegri. Faute d’accord, le club madrilène a alors pris discrètement contact avec Lopetegui via son manager Jorge Mendes (qui est aussi celui de Cristiano Ronaldo).
Un accord a été trouvé pour qu’il prenne en main les Merengues après le Mondial. Idéalement, l’information aurait pu rester intra-muros. Mais il était visiblement impossible de garder si longtemps un tel secret tant il aurait paru bizarre que le Real n’ait pas d’entraîneur pour la reprise de ses entraînements ! La Maison blanche a donc préféré officialiser l’information avec les conséquences collatérales qu’on connaît.
Sportivement, le timing est évidemment le plus mauvais possible. La Roja affronte le Portugal ce vendredi soir. Il semble que les joueurs - et notamment les capitaines Sergio Ramos et Andres Iniesta - ont tout fait, en coulisse, pour que Lopetegui conserve son poste durant la campagne de Russie. Mais Rubiales, qui vient d’accéder au fauteuil présidentiel, a tranché dans le vif. En âme et conscience.
Maître tacticien, perfectionniste jusqu’au bout des ongles, l’ex-sélectionneur avait préparé cette Coupe du Monde dans les moindres détails. Voilà les joueurs privés à la fois de leur guide et de leur mentor. Jamais sans doute, dans toute son histoire, l’équipe nationale espagnole n’avait été confrontée à une crise aussi grande.