Thibaut Detal sait soigner les blessures
L'ancien joueur du Sporting de Charleroi est devenu kinésithérapeute
- Publié le 29-08-2018 à 19h26
- Mis à jour le 30-08-2018 à 10h31
L'ancien joueur du Sporting de Charleroi est devenu kinésithérapeute
Un "Allô tu fais quoi ?" peut en cacher un autre. Il y a quelques mois, le médecin du sport boulimique, Carl Willem, évoquait le parcours de Thibaut Detal, l’ancien joueur du Sporting de Charleroi. Grâce au sympathique docteur, la rédaction a retrouvé la trace de l’ancien milieu défensif. Un entretien en toute décontraction.
Thibaut Detal, que devenez-vous ?
« Je suis kiné à Nice. Je travaille à nouveau avec Carl Willem, depuis quelques mois. C’est notre deuxième collaboration. J’en suis ravi. Il avait besoin de quelqu’un, j’ai sauté sur l’occasion. »
Il y a plus moche comme endroit…
« C’est magnifique comme cadre de vie. Mais c’est surtout une belle opportunité. Il y a de nombreux sportifs à traiter, ici. C’est également intéressant. »
Il y a cinq ans, vous mettiez un terme à votre carrière pour poursuivre vos études ?
« Je jouais à Ciney, à l’époque. J’évoluais entre la promotion et la D3. A 28-29 ans, j’avais envie d’avoir un diplôme. Comme j’avais mon CESS, j’ai décidé de suivre un cursus de kiné. J’ai hésité avec éducation physique. »
Malgré le foot, vous avez tenu à avoir votre diplôme de secondaire ?
« C’était important. Je ne le regrette pas. A l’époque, je frappais à la porte de l’équipe première au Sporting. Il me restait six mois pour avoir mon diplôme. Je ne pouvais pas passer à côté. »
Votre carrière a été marquée par les blessures. Sans faire de psychanalyse, c’est ce qui vous a poussé à devenir kiné ?
« Il y a sans doute eu un peu de ça. Il est certain que je connais bien le métier. Je peux également me mettre à la place des joueurs. C’est important. Je peux comprendre leur frustration. Le message passe parfois mieux. »
C’est en tant que joueur que vous avez rencontré Carl Willem ?
« Comme j’ai été blessé à quelques reprises, on a noué des liens car il était le médecin de l'équipe. J’ai continué à le suivre sur les réseaux sociaux. En 2015, il m’a proposé une première expérience dans le sud de la France. »
Ce n’était pas trop difficile de faire une croix sur le sport de haut niveau ?
« Ce fut compliqué à 23 ans, quand l’aventure du Sporting de Charleroi s’est achevée. Au départ, je ne voulais plus aller voir un match de football. Mais, au fil du temps, j’ai rejoué dans d’autres clubs, à un autre niveau. »
Aucun regret ?
« Jamais. Ce n’est pas dans ma mentalité. Je suis content du chemin réalisé. J’ai toujours assumé mes choix. Je pense que c’est une force, dans la vie. J’ai également eu la chance d’avoir le soutien inconditionnel de mes parents. »
Thibaut Detal revient sur ses années de footballeur
Après avoir fait ses classes dans des petits clubs de Beauraing, Thibaut Detal rejoint Winenne. « A l’époque, j’ai la chance d’évoluer avec la sélection provinciale », explique l’homme de 33 ans. « Cela me permet d’affronter les autres provinces, mais également des formations de D1. Lors d’une rencontre, alors que je suis rarement bon dans ce type de match, je sors une grosse prestation. On affrontait alors le Sporting de Charleroi. Quelques jours plus tard, je reçois une lettre à la maison, pour un test de deux jours. Je m’y rends et cela fonctionne. »
Il est intégré au groupe des U13. « Je me souviens de mon entraîneur. C’était Didier Beugnies. Il a énormément compté dans ma formation. Je venais d’un petit club. Il a fait de moi un joueur de football. Je pense même que l’on a été champion. »
Au fil du temps, l’homme gravit les échelons. « Il y a eu Mario Notaro qui fait partie des meubles. A l’époque, il y avait une sorte de coupe d’Europe, contre des équipes d’Allemagne et de France. Je me souviens l’avoir remportée avec le groupe. »
Etienne Delangre commence à s’intéresser à lui. « J’accompagne un peu le groupe, à 16 ans. Mais c’est Dante Brogno qui m’a donné ma chance. Il a eu les couilles de me lancer dans le bain. J’avais déjà effectué une première montée au jeu, lors d’une défaite face au GBA. Mais ce soir-là, en décembre, on avait absolument besoin de points. L’entraîneur estimait que les cadres ne se bougeaient pas. Il décidait alors de lancer Christopher Fernandez, Stéphane Ghislain et moi. »
En quatre saisons parmi l’élite, Thibaut Detal comptabilisera 85 matches pour quatre buts. « Malheureusement, en deux ans, j’ai dû subir trois opérations. Cela m’a freiné dans ma progression. »
S’il a continué à Visé et Ciney, il a mis un terme à sa carrière, en 2014. « Je continue à suivre le Sporting de Charleroi. J’aime ce que Mazzu a apporté au club. Quand je sonne à Mehdi Bayat, il me donne encore des places. C’est sympa. Je souhaite au Sporting de sortir rapidement de sa spirale négative. »
Marathon Man
Non Thibaut Detal n’est pas poursuivi par un criminel de guerre, comme dans l’œuvre de William Goldman. Mais, depuis la fin de sa carrière, il a trouvé une nouvelle passion. « J’adore la course à pied », lance l’intéressé. « C’est surtout dans le sud de la France que cela m’a attiré. Il y a des paysages incroyables. A l’heure où vous m’appelez, j’ai finalisé mon inscription au semi-marathon de Nice. »
Marathon, semi-marathon et trail lui permettent de s’entretenir. « Je cours souvent. D’ailleurs, je me rends compte que le football, malgré les entraînements professionnels, c’était plutôt facile. Si on veut performer dans la course à pied, il faut vraiment aller au bout de soi-même. J’ai un bon niveau. Mais ce que j’aime vraiment, c’est me fixer des objectifs. Sinon, je n’en vois pas l’intérêt. »