Salvatore Curaba, de Zèbre à top manager
Salvatore Curaba (ex-Charleroi et La Louvière) est le patron de la société Easi et est nominé au titre de Manager de l’Année. Rencontre.
- Publié le 10-12-2014 à 20h53
- Mis à jour le 11-12-2014 à 21h26
Salvatore Curaba (ex-Charleroi et La Louvière) est le patron de la société Easi et est nominé au titre de Manager de l’Année. Un ovni. Salvatore Curaba (51 ans) n’aime pas ce qualificatif qui lui colle pourtant à la peau. Ancien défenseur de Charleroi et de La Louvière, il a fondé Easi, une entreprise informatique basée à Nivelles. Il emploie désormais 130 personnes et pourrait devenir le Manager de l’Année 2014.
Mis à part Jean-Jacques Cloquet (ex- Zèbre devenu directeur de l’aéroport de Charleroi), Peter Ressel (ex-RSCA qui a fait fortune dans l’informatique), Louis Philips (ex-FC Liège devenu médecin) ou encore Jean-François de Sart (directeur de sa propre agence bancaire), peu nombreux sont les footballeurs ayant réussi une si grande reconversion après leur carrière sur les pelouses. Salvatore Curaba fait partie de ceux-là.
Après avoir foulé les pelouses de La Louvière alors qu’il finissait son graduat en informatique, le défenseur originaire de la région du Centre rejoint Charleroi. Tout roule dans l’antichambre de la D1. "Nous étions semi-pro. Je bossais donc comme informaticien la journée et je m’entraînais le soir. Mais après deux ans, nous sommes montés et j’ai dû arranger mon horaire. Je ne voulais pas être professionnel et le club a accepté que je ne lâche pas mon travail. La saison suivante, j’ai dû choisir entre le football et le boulot."
Conscient de ses qualités mais aussi de ses limites, il décide de ne pas passer pro. "Je n’aime pas la médiocrité. Je savais que je ne serais jamais un joueur du top. Je me suis dit "arrête" et je suis retourné à La Louvière avant de faire une dernière pige à Leuven pour y apprendre le néerlandais."
Il change alors de métier et devient vendeur. Ça lui réussit pas mal, à tel point qu’il décide de prendre cette voie malgré son diplôme d’entraîneur. Il grimpe les échelons rapidement et se retrouve à la tête de 100 personnes à 35 ans.
Il décide soudainement de quitter son job et lance Easi, la société dont il est à la tête à l’heure actuelle. "Je prenais un gros risque. Durant 5 ans, j’étais stressé en continu. J’étais à la fois patron, vendeur, secrétaire et bricoleur."
Dix ans plus tard, Easi compte 130 employés et travaille sur 3 grands axes : des solutions comptables pour entreprises, de la gestion d’email et des serveurs cloud au niveau belge. "Je veux être le numéro 1 partout et je sens qu’on peut le faire. Je marche au rêve, à l’ambition. Easi doit jouer le top en D1 belge."
Les métaphores footballistiques sont nombreuses dans les explications du manager et ses gars doivent mouiller le maillot. Son comportement a été marqué par son passé de joueur et il ne peut le nier. "Tout petit, j’étais déjà un leader. Un meneur d’hommes. Je l’étais moins dans le vestiaire, mais je pense que mon expérience dans le sport a influencé ma manière d’être en tant que directeur d’entreprise."
Être numéro 2 ne l’intéresse d’ailleurs pas. "Ça sert à quoi ? Ce n’est pas intéressant." Il confie d’ailleurs avoir été très excité au moment de sa nomination comme candidat pour le titre de Manager de l’Année décerné par le Trends Tendance . "Mais c’était oublié le lendemain. Le but est maintenant de l’emporter. Si je ne l’ai pas ? Je serai déçu mais pas démobilisé. Je sais que j’ai tout donné sur la pelouse. On ne fait pas la fête après une défaite, mais on ne peut pas se faire pourrir par le coach si on a pris du plaisir et qu’on a tout donné."
Il ne compte de toute façon pas s’arrêter là. "Le meilleur est encore à venir."
"Une association pour aider les footballeurs à se reconvertir"
Si Salvatore Curaba a réussi sa reconversion, ce n’est pas le cas de tous ses contemporains. "À l’époque, peu faisaient des études. La situation a positivement évolué même s’il est compliqué de se focaliser sur son diplôme et son statut de footballeur professionnel. Il faut donc être très talentueux même si je pense que les études peuvent rendre les footballeurs plus intelligents et donc augmenter leur valeur."
Pour lui, la sensibilisation est inutile en début de carrière car les jeunes qui percent vivent un véritable rêve. Par contre, il est important de gérer après 30 ans. "Le problème est que personne ne les aide vraiment. Il faudrait peut-être une association qui aiderait les joueurs à se trouver une occupation post-football."
Ce projet lancé au hasard de la conversation a bien plu à l’ancien Zèbre . Il voit d’ailleurs un fort potentiel dans ces joueurs. "Je suis certain qu’ils pourraient être d’excellents vendeurs. S’ils acceptent de le faire, leur nom et leur personnalité forte joueront en leur faveur. Moi, je les prends dans mon équipe."